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Le premier chef d'oeuvre de Ozu


De vincentp, le 26 avril 2014 à 22:27
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Revu aujourd'hui sur grand écran : voici mon sentiment. Banshun (sorti en salles au Japon le 13 septembre 1949), scénarisé par Ozu et Kogo Noda, interprété par Chishu Ryu et Setsuko Hara, est le film qui fait basculer Ozu du statut de très bon cinéaste à celui de très grand cinéaste. La dimension artistique atteinte auparavant par le cinéaste via ses oeuvres des années 1930 et 1940 est ici largement dépassée. De mon point de vue toujours, c'est le premier chef d'oeuvre de Ozu et le premier chef d'oeuvre du cinéma japonais (chronologiquement parlant), Chien enragé de Kurosawa étant sorti en salles au Japon un mois plus tard.


Banshun emploie les figures horizontales (couloirs, voies de chemins de fers) et verticales (poteaux électriques, temples, escaliers) qui font toute la singularité du cinéma de Ozu depuis un certain temps déjà (dès les années 1930, voire même avant…). Cadre englobant de ce récit : le cosmos, et les éléments naturels de notre planète en mouvement réguliers et paisibles (les feuilles des arbres balancées par le vent, les vagues de l'océan déferlant sur le rivage). Au sein de ce premier cercle, s'inscrit un autre cercle, celui de la société humaine. Les constructions religieuses comme le temple, ou les activités artistiques mystérieuses comme le théâtre opèrent une liaison entre ces deux cercles. Dans le cercle de la société humaine, marquée par une activité sociale intense, le quotidien est rythmé par le temps qui passe, et les déplacements d'un point à l'autre (par la marche à pieds ou le train). Chishu Ryu, épluchant sa pomme à 360° degrés permet -dans un final sublime- de repasser tout en douceur du cercle de l'activité humaine à celui du cosmos.

La psychologie des personnages est creusée avec pudeur, mais sans esquiver les points douloureux, sur toute la durée de l'oeuvre. Le visage souriant de Setsuko Hara cède progressivement la place à un visage inquiet car la jeune femme doit abandonner une situation stable mais artificielle -une place de fille docile aux côtés de son père- pour acquérir celle d'une future mère de famille, et assurer sa contribution à la perpétuation du cercle de la société humaine. L'écriture cinématographique déployée tout au long de ce film est superbe, sublime même (même si certains films ultérieurs de Ozu vont plus loin sur le plan de la sophistication de cette écriture), l'interprétation de Chishu Ryu et Setsuko Hara de très haut niveau. Comme la photographie, le scénario, les plans, la musique, exceptionnellement bien employés pour construire la progression dramatique de ce récit, tout en gérant les perceptions mentales du spectateur, ses émotions et sentiments, et l'impliquer d'un bout à l'autre au coeur de ce récit.


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De vincentp, le 3 février 2014 à 22:02
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Retrospective Ozu à la cinémathèque française du 23 avril au 26 mai 2014

A voir impérativement : au moins dix de ses douze derniers films, plus Gosses de Tokyo.


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