Le fils est sacrément handicapé, d'une sorte de sclérose musculaire, mais il est doux, intelligent et il va peut-être bien parvenir à intégrer un IUT de qualité. La femme subit cette saleté du destin avec vaillance et le couple paraît bien arrimé, bien solide devant cette vacherie qui lui est arrivée, de ce gamin qui ne sera jamais comme les autres. Il y a eu un peu d'aisance dans le ménage, un peu davantage, presque de la prospérité : un appartement et même un mobil-home planté dans un camping maritime. L'ascenseur social a fonctionné. Petite classe moyenne, lower middle class qui s'en sortirait à peu près si…
Si Thierry (Vincent Lindon)Il sent maintenant que son monde s’effrite, qu’il est de plus en plus obligé de creuser dans sa petite épargne pour la vie de tous les jours. Et il va falloir payer pour que le fils puisse continuer ses études. La banque voudrait bien qu’il vende l’appartement, mais ce n’est pas concevable, parce que ça remettrait en cause tout ce que sa femme et lui ont patiemment et avec effort, acquis dans la vie. Alors il y a le mobil-home, où on a passé tant de bons moments, mais on doit bien se résoudre à s'en séparer. Mais Thierry ne le bradera pas, parce qu’il veut conserver sa dignité, qu’il ne fait pas la manche, comme il le dit au couple qui essaye de l'acheter en dessous de sa valeur.
Le film de Stéphane BrizéLa loi du marché est un film d'une certaine sécheresse, volontaire, froide, avec des plans serrés, techniques et documentaires : les nombreux entretiens que Thierry a avec son conseiller Pôle emploi, sa banquière, le proviseur du lycée de son fils. Il n'y a pas de musique, hors les deux séquences où, avec sa femme, il s'exerce à danser, à oublier, à mettre un peu de soleil dans l'eau froide. C'est très répétitif, mais efficace.
Au milieu de comédiens amateurs qui, tous, jouent extrêmement juste, Vincent Lindon est toujours dans le cadre et sa présence continue écrase le film de la même façon que son personnage est écrasé par l'engrenage de sa vie qui se délite. C'est glaciaire.
Et ça ne doit pourtant pas faire oublier que le public du festival de Cannes qui a applaudi debout ce nouveau constat de l'horreur économique est allé, dès le palmarès proclamé, finir les dernières caisses de Dom Pérignon de la décade.
Un très bon film français récent !
Le début m'a fait un peur : suite de scènes sociales sans lien apparent. Mais une fois que le personnage trouve son emploi de vigile, le film est prenant jusqu'au générique final. Alors qu'on s'attend à ce qui va se passer, ce qui est d'autant plus bluffant. Sans doute parce qu'il appuie avec justesse là où ça fait mal.
Le choix d'une réalisation caméra à l'épaule est judicieux.
Lindon est impeccable, mais pas plus que d'habitude me semble t-il. Il est très bien entouré.
En tous cas, Stéphane Brizé ne manque pas de talent comme le montrait déjà l'excellent Je ne suis pas là pour être aimé.
Page générée en 0.0033 s. - 5 requêtes effectuées
Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter