Dans la série "Les goûts et les couleurs"… Bien sûr qu'il y avait tout pour faire un film haletant d'un bout à l'autre. Mais je viens au bureau des plaintes et je demande un réalisateur sérieux, un dialoguiste qui ne soit pas celui de Ouin-Ouin et surtout un décorateur à l'imagination débordante. Le scénario béton était là, il n'y avait plus qu'à faire. Mais hélas ! L'interprétation reste noyée sous une pluie incessante avec une
Nicole Garcia qui s'ennuie et pense visiblement à autre chose, un
Jean-Pierre Bacri un peu jeune, sans maturité, qui ne fait pas encore la gueule qui deviendra sa marque de fabrique, dès l'année suivante avec le très réussi
L'été en pente douce et une
Dominique Lavanant qui joue le cachet avec, quand même, une certaine conviction. Je ne la savais pas capable d'inspirer, sinon la peur, du moins une méfiance certaine. Seul
Jean-Pierre Bisson,
comédien majuscule, réussit à nous faire croire qu'il va se passer quelque chose. Hélas, son rôle d'homme que la vie et un architecte raté a décapité est beaucoup trop court. Il est pourtant le "pourquoi" de la chose tellement humide mais on le bâillonne trop vite. Tout ce petit monde évoluant dans une maison d'une mocheté impensable ! Une maison nue, sans âme aucune. Elle rappelle la maison de
Mon oncle de
Jacques Tati.
Il n'y manque que l'affreux poisson qui vomit de l'eau quand on sonne à la porte. Car c'est l'unique décor, ou peu s'en faut, de ce film indigent. Une maison témoin que
Bacri a signée. C'est son œuvre, dit-il. Sa signature. Maison témoin… d'un film bâclé, ennuyeux, pesant non pas de suspens mais d'ennui. C'est long… et il ne cesse de pleuvoir ! On va le savoir que le type est
Mort un dimanche de pluie.
On dit que la vengeance est un plat qui se mange froid. Ici, elle sort du congélateur et n'en finit pas de décongeler ! On s'ennuie ferme et ce ne sont pas les quelques rebonds téléphonés qui nous font tressaillir. Alors oui, bien sûr,
les monstres sont clairement montrés du doigt. Main broyée remplacée par un crochet, claudication surjouée, le monstre mâle et sa femelle au regard cruel vont s'installer comme des araignées, flanqués de leur cher trésor à eux, et tisser une toile autour du responsable de leurs déboires. On veut nous la jouer fantastique, par instants. La pluie battante constante et soutenue aidant bien en cela et
Vladimir Cosma fait ce qu'il peut pour emboîter le pas à l'ensemble. Mais il n'y a pas de réalisateur assez manichéen aux manettes. Et, pardon pour la facilité, ça tombe à l'eau… La froideur de la photographie, le ton bien trop monocorde des dialogues bien plats pourront en rebuter certains très exigeants sur la mise en exergue du suspense et ils auront raison de râler. Je l'ai fait une heure trente durant ! Le film en fait trop, cultive l’invraisemblable et si mal ! J'en veux encore pour preuve cette fin grand guignol qui nous est proposée : à la limite de l'hilarité ! Non : Ce n'est pas bon tout ça ! Et pourtant, je le redis, il y avait matière à faire du bon
Clouzot (pléonasme) ! Nous avons eu du
Joël Santoni. Une autre école, un tout autre style…