Il faut avoir dix ou douze ans, je pense pour être immergé dans l'étrangeté de ce film, pour en être sidéré, fasciné et, au sens fort, enchanté. Dix ans, douze ans, ce sont les âges où les phobies et les terreurs de l'enfance sont proches mais où on commence à en prendre distance et à ressentir du plaisir devant ses propres angoisses.
Car La cité des enfants perdus est à la mesure de son titre : une des peurs primordiales les plus fortes est, précisément, celle d'être coupé de la chaleur des siens, d'être perdu par (le petit Poucet)
ou arraché à (Mystic river)
ses parents. Cette sorte d'organisation maléfique qui traque les petits, dans l'entrelacs d'une cité oppressante pour les exploiter et les vendre est naturellement l'incarnation de cette crainte affreuse qui plane sur les plus jeunes années. Le film est une représentation moderne des récits horrifiques qui, de Perrault
à Grimm
ont encauchamardé nos nuits anciennes.
Avec les horreurs, on trouve aussi ce qui plaît à l'enfance qui finit, à l'adolescence qui commence : les petits trucs géniaux et farfelus (la souris qui porte à sa queue un aimant, ce qui lui permet de rapporter la clef de l'appartement qu'on cambriole, la puce munie d'un ardillon vénéneux), petits trucs aussi réussis que ceux d'Amélie Poulain, ce qui fait la marque de Jean-Pierre Jeunet
…
L'image est jaune sale et vert glauque, les décors, qui évoquent les architectures compliquées des volumes de Jules Verne des éditions Hetzel sont anxiogènes ; malheureusement le scénario est faussement habile et le récit traîne un peu en longueur, au point où on commence à bâiller alors qu'il reste encore un quart d'heure de film… Le fameux dernier quart d'heure de trop qui plombe la plupart des films…
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