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Sujet : Le peuple de Bonaparte..


De Tamatoa, le 28 février 2013 à 18:37
Note du film : 3/6

Une comédie assez consternante, entre drôlerie et nausée. La description d'un monde douteux oû se côtoient miroir aux alouettes, drogue, fric, et goût immodéré des gens pour la vie louche des vedettes en tous genres. Malgré tout le bon vouloir de Timsit, plutôt abonné à la galéjade bien que magnifique dans le dramatique, on n'arrive pas à franchement sourire tant le monde décrit est assez nauséabond et répugnant. Cette descente dans les entrailles les plus interlopes du show business est désespérante. De ce fait, ce film qui se voudrait comédie légère se retrouve dans une étrange posture. Même si le rythme est celui d'un divertissement très enlevé, on ne peut que se dolenter devant la crasse décrite. Les Paparazzi, pilleurs d'épaves, d'âmes et de tombes, nous apparaissent aussi maculés que les gens pour qui ils œuvrent. Car derrière des patrons sans foi ni loi, il y a l'océan de ces anonymes qui se délectent de l'abjection, de la trivialité d'un monde qui les fait rêver. On ne les voit pas. On ne les entend pas. Mais ils sont là, en substance, derrière chaque plan du film. Il est bien connu que le peuple à besoin de légendes. Beaucoup plus que de pain et d'eau. C'est un certain Napoléon Bonaparte qui le disait..

Alain Berberian nous a concocté une fausse farce oû, en fin de compte, chaque acte de la vie est comme un petit drame, comme aurait dit Guitry. Catherine Frot et Nathalie Baye le font ressortir de façon assez désespérante. On ne sait plus vraiment ce que l'on regarde. C'est un film gai bouffé par le cancer. Et même si les malices à répétitions de ces Paparazzi peuvent faire naitre un demi-sourire, c'est la cause de tout cela qui l'emporte et on ne rit plus. Plus du tout. Pourtant et pour une fois, Vincent Lindon se démène pour que l'on ne voit que le côté farce de la chose. Ça n'est pas suffisant… Nous baignons dans un marigot assez nauséabond où des hommes travaillent sans états d'âmes pour assouvir le côté méprisable du bon peuple des voyeurs de tous poils. Il leur faut leur ration de coucheries, de divorces, de morts, de mœurs, de rêves et de cauchemars sur papier glacé. les Paparazzi ne sont que les V.R.P d'un monde vulgaire, dont la bassesse se cache derrière un sérieux de façade.

Pour autant, le film n'est pas mauvais. Loin d'être mal agencé, il est réalisé avec agilité et cadence soutenue. De jolies femmes traversent le décor de cette entreprise et quelques vedettes, Hallyday, Bruel, Claire Chazal, ou Isabelle Adjani jouent leur propre rôle avec amusement. Mais ne sont-ils pas la nature profonde, le saint Graal de cette tragi-comédie ? Sans eux, le film n'aurait aucune raison d'être. Les Paparazzi non plus. Mais ce serait nettement moins grave..


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De Impétueux, le 28 février 2013 à 19:26
Note du film : 2/6

Il me semble avoir vu ça, à la télévision et n'avoir que modérément apprécié. Non pour de vertueuses raisons (vous en ferai-je le reproche, Tamatoa ?) mais parce que, précisément, Berberian tourne cela en farce, alors que tous les ingrédients auraient pu se trouver réunis pour dresser un portrait bien acide de la dégueulasserie universelle, celle des stars people, tour à tour complices et indignés de leurs chasseurs photographiques, celle des paparazzis, prêts à tout pour tous, celle des patrons de presse qui savent bien que toutes les condamnations pour atteinte à la vie privée passeront sur eux comme l'eau sur les plumes du canard, celle des lecteurs de cette presse-torchon, c'est-à-dire tout le monde, ou presque, des acheteuses frénétiques de Voici et de Gala aux messieurs qui prétendent avoir lu ça par hasard chez le coiffeur ou dans la salle d'attente du dentiste.

Je suis sûr qu'un Italien de la bonne époque aurait pu nous tourner une comédie noire, finalement glaçante, misanthrope et presque gênante.

Mais ayant écrit cela, je m'aperçois que vous n'avez pas écrit le contraire. Et comme il y a fort peu de chances que je revoie le film, compte tenu de mon programme de re-vision (et de découvertes) chargé, je nous laisse le bénéfice du mépris.


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De Arca1943, le 28 février 2013 à 19:44

« Je suis sûr qu'un Italien de la bonne époque aurait pu nous tourner une comédie noire, finalement glaçante, misanthrope et presque gênante. »

J'étais sur le point de répondre à Tamatoa… exactement ça ! (sauf "misanthrope" : nous avons là une petite querelle d'interprétation sur l'umanismo all'italiana, un humanisme à la qui aime bien châtie bien).

J'ai déjà vu ce film : il ne m'a pas laissé de souvenir, au point que je ne pourrais le chroniquer même vaguement, ni le noter. Peut-être que quelque chose ne fonctionnait pas !


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De Impétueux, le 30 janvier 2016 à 16:14
Note du film : 2/6

Et contrairement à ce que j'écrivais il y a quelque temps, je me suis laissé avoir à regarder à nouveau ce film qui se veut trop de divertissement pour être honnête, puisqu'il joue sur des sentiments assez fétides et sur la singularité du monde réel. Un monde où les pauvres gens sont fascinés et adulent des idoles qui, plus que de les mépriser, ne s'aperçoivent pas même de leur existence. (À la réflexion, je me dis qu'il a dû toujours en être ainsi).

Paparazzi est monté sur une idée assez courte mais efficace : la découverte fortuite et d'ailleurs un peu forcée du monde in par un cloporte du monde out et par la lente accession de ce cloporte aux coulisses du fric et de la renommée. J'écris bien aux coulisses parce que, précisément, ce drôle de métier qui consiste à guetter des heures entières des gens connus pour les montrer dans ce qu'ils peuvent avoir de moins intéressant – c'est-à-dire leur vie privée – fait partie de cette frange qui est à proximité du monde privilégié de la beauté, du talent ou de l'argent, sans en être vraiment. Le système, d'ailleurs, tourne souvent sur lui-même, la presse people créant elle-même pour remplir ses pages, des vedettariats aussi vite éteints qu'allumés : il n'est que de voir le succès des magazines qui proposent à la curiosité du chaland les micro-stars de la télé-réalité, prénoms éphémères qui ne survivent qu'une saison.

La première demi-heure du film qui pourrait presque rester documentaire est plutôt réussie. D'une certaine façon elle m'a fait songer à d'autres enseignements vicelards d'un métier atypique : au début de Baisers volés, le jeune Antoine Doinel (Jean-Pierre Léaud) reçoit d'un vieux routier (Harry-Max) quelques conseils élémentaires et primordiaux pour devenir détective privé. De la même façon Michel Verdier (Vincent Lindon) expose à Franck Bordoni (Patrick Timsit) quelques uns des trucs des paparazzis, souvent fondés sur les biftons, le culot et la manipulation.

Mais le film ne tient pas la route parce que le sujet brut est trop mince. Le réalisateur Alain Berberian et sa scénariste Danièle Thompson y ajoutent des bribes de n'importe quoi, en développent de façon un peu poussive quelques aspects et finissent par livrer un produit presque honorable.

Un produit formaté précisément par des gens in pour faire semblant de montrer aux spectateurs – qui sont, pour la plupart du monde du out – combien c'est laid, tout ça et combien il faut s'en indigner : de la même façon que les vedettes du spectacle vivent cela en schizophrénie assumée, vendant facilement leur image, mécontents lorsqu'on ne parle pas assez d'eux, mécontents plus encore lorsqu'on en parle trop ou lorsqu'on la ternit.


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