Le personne qui passionne Martin Scorsese n'est pas son héroïne, c'est Big Bill Shelley, joué par David Carradine,
le syndicaliste. Lui est totalement scorsesien : il lutte sans cesse contre lui-même pour la bonne cause, doit combattre ses démons, ceux de la facilité, tout cela afin d'accéder à une rédemption. C'est un homme d'idée, se battant pour celles-ci au point de pouvoir sacrifier ses relations amicales et amoureuses pour elle. Pas question pour lui d'arrêter, se ranger et vivre en paix. Le combat doit continuer. Même quand il vire dans le banditisme qui finalement va à l'encontre de la pureté de son combat, il tente l'impossible, à savoir faire survivre cette part de lumière idéologique dans un monde de noirceur, de violence. En tant que tel, dans cette dualité, il est une figure christique. Mais attention, la figure christique centrale à l'oeuvre de Martin Scorsese
est un être bicéphale. A la fois divin dans ses aspirations, dans ses moments les plus lumineux, dans se meilleurs moments. Et humain, trop humain dans ses pires moments : lâche, égoïste, jouissif.
Le film raconte cette errance qui devient bientôt une quête via une très belle histoire d'amour, très influencée il faut le dire par le récent Bonnie & Clyde.
Scorsese comme souvent ose "révéler ouvertement" le christique de son propos. Il explose la métaphore pour révéler la vrai référence. Ici, cela passe par une véritable crucifixion d'une réelle violence du personnage de Bill, devant bien sûr le regard impuissant de Bertha!
Martin ScorseseTout étant plus réservé que Dumbledore, j'ai suivi ce film sans m'ennuyer une seconde, grâce notamment à la toute jeune Barbara Hershey qui fait vraiment merveille dans ce rôle d'ingénue criminalisée. On voit bien sûr pointer le futur grand metteur en scène – dès les premières images de tragédie aérienne jusque dans l'impressionnante scène finale – mais le film porte aussi la signature des productions Roger Corman,
qui chassent ici sans complexe sur les terres de Bonnie and Clyde,
avec des moyens financiers plus limités et leur petit côté racoleur habituel (Mlle Hershey toute nue). La bande sonore me semble assez nettement calquée sur celle du célèbre modèle. Malgré l'habileté évidente de Martin Scorsese,
les scènes de violence ne passent pas toutes la rampe – question, surtout, de budget et de trucages. Ça craint un peu quand le film louche du côté de Peckinpah.
Mais ces bémols ne sauraient arrêter le spectateur curieux. C'est un très beau film sur la Grande Dépression des années 20 et ces personnages qui se retrouvent déclassés, à la dérive en raison de la dureté des temps. L'utilisation occasionnelle d'images d'archives est fort bienvenue et permet aussi de "scander" le tempo du film, mené sans temps mort sur un scénario fluide. Le personnage de David Carradine, qui continue à se voir en honnête homme alors même qu'il vient de cambrioler la compagnie des chemins de fer, est une belle réussite. Malgré le manque de moyens évoqué plus haut, la "mise en contexte" historique est convaincante, on s'y croirait.
Et au risque de me répéter, Barbara Hershey règne sur ce film avec une aisance peu ordinaire.
C'est vrai, elle était bien belle Barbara Hershey dans ce film. Ainsi que dans L'emprise,
La dernière tentation du Christ
ou Hannah and her sisters.
Ensuite le botox et le collagène sont apparus… Mais ceci est une autre histoire.
Et à ma connaissance, la seule actrice qui ait gagné deux années de suite le Grand prix d'interprétation féminine du festival de Cannes (pour Shy people et A World Apart).
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