Une rareté. Le tout premier scénario et les premières armes de dialoguiste de Audiard pour le cinéma. Il est alors journaliste à Cinémonde et André Hunebelle lui demande de remplacer au pied levé son dialoguiste malade. Bien sur, "le petit homme à la casquette" n'a pas encore la verve qui le fera connaitre dans les années soixante, mais quelques répliques bien senties donnent déjà ce ton qui n'aura pas son pareil auprès de Gabin, Blier ou Ventura.
Mission à Tanger, c'est Mademoiselle docteur en beaucoup plus léger. Salonique, Tanger, même combat. Tanger "la superbe", était en ces temps de guerre déclarée zone internationale. Et bien malin qui savait qui était qui et qui faisait quoi… André Hunebelle qui était lui aussi en début de carrière, nous plante le décor de façon très abrupte. Pas moins que le générique sur fond de sous-marin mouillant au large dans la baie de "la perle du détroit". Un coup de périscope : "-Nous sommes à Tanger !"- Pan !
Et c'est donc dans cette ville africaine, ou grouille une population cosmopolite, que je fais connaissance avec un acteur dont le nom était quelques fois parvenu à mes oreilles : Raymond Rouleau. Un acteur….sympathique. Sympathique, pas plus. Et qui possède la particularité d'avoir exactement la même voix et à peu près le même jeu que Jean-Pierre Aumont. C'est très drôle. Alors les plus anciens parmi nous nous diront peut être ce qu'a fait cet homme avant cette mission là. Moi je ne connaissais pas. Jovial, enjoué, et dramatique quand le faut, il va porter le film d'un bout à l'autre, de sourires enjôleurs en colères imprévisibles.. De quoi s'agit il ?
Un homme volage, fêtard, refuse de rentrer dans le jeu de la Résistance. Il acceptera de reprendre la mission de son ami, après la mort de celui-ci. Mais derrière son aspect détaché de la guerre, n'est-il pas, en fin de compte, le chef suprême de la Résistance ?… Mystère.
Ce film se laisse voir sans déplaisir. D'autant plus que la guerre et la Résistance nous y sont montrées à travers une bande de joyeux drilles chantant et dansant dans le Tabarin du coin. Nous sommes en guerre et résistants, oui, mais pas question d'ambiance à la La ligne de démarcation et encore moins à celle de L'armée des ombres. Beaucoup de choses se font et se défont sur un pas de danse ou entre deux chansons. Lili Marlène, Je suis seule ce soir, Insensiblement et d'autres…
Les musiciens blacks nous offrent des numéros de claquettes étourdissants. Les femmes y ont un rôle prépondérant dans cette résistance. Mila Parely et Gaby Sylvia sont lumineuses et la résistance à ses limites quand il s'agit de plaire à ce coq de Rouleau. C'est vraiment très plaisant. Léger, très léger derrière une vérité très guerrière. On navigue tranquille entre les roucoulades et les guet-apens, les mélopées et les coups de feu mortels avec un metteur en scène qui promettait déjà . Léger même quand Hitler (par le truchement d'un document) hurle devant le héros qui se réveille.Le film se veut drôle malgré le sujet abordé. Et ne croyez pas René Chateau le gougnafier quand il vous explique que vous allez mourir de rire avec De Funès. Lequel se contente d'apparaitre déguisé en colonel (Ça ou le berger des Landes !) pas plus de trente à quarante secondes… Cependant, nous notons que nous sommes en 1949, et que, déjà, il cachetonnait. Il n'a pas volé, un jour, son statut de Star.Jean Richard, lui aussi fait une apparition, mais comme il est censé être ivre, cela nous évite la torture dont il nous abreuve régulièrement : Son épouvantable accent de Nous autres à Champignol. Par contre, voir Pierre Destailles jeune, très jeune est une surprise. Je ne savais pas qu'il l'avait été un jour. Et d'autres têtes connues et sympathiques défilent dans cette aventure exotique.
Il est juste dommage que le dernier quart d'heure, que j'appellerai "Pan-pan final", soit filmé de façon aussi simpliste. Ça crache un peu avec l'ensemble. Mais c'est un bon film. Surprenant par son côté désinvolte, chantant, dansant, "Champagne" et pourtant au cœur d'une action des plus périlleuses. Je mets 3/6 à cette œuvre. Vous en ferez ce que vous voudrez sachant que les notes et moi…ca fait deux !
mais Raymond Rouleau, n'était-ce pas l'acteur principal de Falbalas (1944), avec Micheline Presle ?
Bien sûr ! Raymond Rouleau est une des têtes-à-claques les plus exaspérantes du cinéma des années Quarante ; et il est aussi mauvais dans l'excellent Falbalas de Jacques Becker que dans le (un petit peu moins) excellent Assassinat du Père Noël de Christian-Jaque. Miracle, d'ailleurs !: Comment des films peuvent-ils être aussi bons avec des premiers rôles aussi mauvais ?
Pour le grand bien du cinéma,, Rouleau s'est ensuite reconverti dans la mise en scène de théâtre, où sa nocivité intrinsèque a été moins visible, bien qu'il ait eu un certain succès (mais avec les clubs du troisième âge et les provinciaux en goguette, on sait bien qu'un succès au théâtre, ça ne veut rien dire, ou rarement…
Oui, un petit côté "tête à claques", ce Rouleau…C'est pour ça que j'ai précisé : Sympathique, pas plus.
Bon, c'est pas tout ça : ki ki m'a corrigé mon "guet-apens" pour y sustituer un "guet-append" que renie le Larousse lui-même ?
En corrigeant quelques lapsus calami, j'ai dû avoir un coup de clic malheureux. mille excuses !
J'ai rétabli !
"lapsus calami"….et pourquoi pas des fautes d'orthographe tant que vous y êtes !! Vous auriez parlé comme ça au Général ?
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