A partir d'une idée de départ volontiers morbide Techiné a réalisé un film fonctionnant sur sa grande intensité, dans un style et une ambiance naturaliste. Le scenario assez comparable à celui d'un Macadam cow-boy met en avant comme ça a toujours été le cas, chez son réalisateur un jeune héros inadapté au monde des adultes. Autant Sandrine Bonnaire dans Les Innocents que Juliette Binoche dans Rendez-vous que plus récemment Johan Libéreau dans Les Témoins.

A chaque fois le commencement est le même. Un jeune provincial, découvrant une grande ville et s'y retrouvant presque aussi perdu que le Fernandel du Voyage du père. A chaque fois le héros représente la même chose, l'enfance ; l'enfance égaré dans un monde perverti ou les dangers sont multiples.
Mais dans J'embrasse pas le héros (Pierre) en prends plus dans la gueule, que les précédents personnages du cinéma de Techiné. Le personnage y est aussi clairement plus "con" que d'habitude. Dés qu'on voit le petit Pierre quitter son village, pour Paris en croyant qu'il y deviendra un grand acteur, on sait à l'avance qu'un telle ambition cache en réalité une vraie connerie dans une société ou tout le monde est à deux doigts de crever la faim.
Violé dans tous les sens du terme, victime de l'indifférence, de l'égoïsme, le seul à lui apporter un peu de chaleur sera un vieil homosexuel humaniste ou Philippe Noiret avec sa grâce habituelle s'avère magnifique.
Vers la fin, le passage le plus bouleversant, lorsqu'un jeune marginal qui a perdu toutes ses illusions raconte avec pudeur à Pierre la manière dont il regrette son enfance avec ses parents sous le sapin de Noël, met à coup sûr mal à l'aise.

On identifiera aussi l'aspect allégorique du film. Lé héros qui dans les dernières images se baigne dans la mer, juste avant de commencer une autre vie. Comme s'il voulait se laver de la crasse dont il a été l'objet…

Pas malsain, ni voyeuriste ; juste réaliste…