Un chassé-croisé amoureux se développe autour de Utamaro, peintre d'estampes (qui a réellement existé), dans le Japon du XVIII° siècle. La construction du récit est sophistiquée, plusieurs personnages différents occupant à tour de rôle le premier plan du récit (comme pour de nombreux films actuels tel 21 grammes, Magnolia). Cinq femmes autour d'Utamaro montre à ce sujet combien Mizoguchi (avec l'appui de ses scénaristes) fut précurseur en matière d'écriture cinématographique, certaines de ses recettes étant réemployées (et développées) près d'un demi-siècle après.

Mais le fil conducteur de Cinq femmes autour d'Utamaro est aussi une réflexion bien menée concernant le processus universel de création artistique, qui prend place dans la douleur, les affres du quotidien, et de brefs et fulgurants moments d'inspiration.

Ces sujets, leurs développements, s'imbriquent parfaitement, et se nourissent mutuellement, sans une seconde de trop, avec comme le fait remarquer le critique Jean Douchet dans le bonus du dvd, une occupation de l'espace dictée par des considérations d'ordre picturale (Mizoguchi fut lui-même un peintre). Chaque personnage occupe ainsi une place bien précise dans le cadre, sans pour autant apparaître figé à l'écran (les comédiens sont tout le temps en mouvement, lequel mouvement participe à la progression de l'intrigue).

Si ce film est très intéressant, et agréable à regarder, un spectateur novice ou connaissant peu l'oeuvre de Mizoguchi, aura néanmoins peut-être plus intérêt à s'intéresser d'abord aux films ultérieurs de ce cinéaste, en particulier ceux des années cinquante, plus accessibles (et encore plus réussis car Mizoguchi, artiste de génie, a toujours cherché à perfectionner son art et à évoluer).