Offert à Bette Davis en lot de consolation, pour n'avoir pas joué Scarlett dans Gone with the wind,
ce film n'en a certes pas l'ampleur et l'ambition, et se contente d'un scénario de mélo, tournant autour d'une garce sudiste égoïste et capricieuse. S'il est un film qui se devaît d'être tourné en TechniColor, c'est bien celui-là : la robe rouge du premier tiers du film a un rôle prépondérant, et l'effet qu'elle aurait dû produire au bal, où toutes les autres robes sont blanches, est ici totalement annihilé par un noir & blanc certes joli, mais inadéquat.
Bette Davis est parfaitement à l'aise, dans ce personnage tête à claques et insupportable, mais elle n'arrive pas à transcender la banalité du matériau. A ses côtés, Henry Fonda
est bien falot, en banquier psychorigide et susceptible, et traverse le film comme un fantôme. Bien malin celui qui aurait pu déceler ici, l'immense acteur qu'il deviendra.
Jezebel est bien fait, comme la plupart des films de la Warner de l'époque, mais manque d'âme et d'enjeu, d'autant que le personnage de Julie n'a même pas la dimension "bigger than life" des rôles habituels de l'actrice. La fin en queue de poisson, laisse encore plus perplexe, même si elle est symboliquement filmée comme une traversée du Styx.
Les acteurs sont excellents (Bette Davis au jeu si moderne, la magnifique Margaret Lindsay,
…). La mise en scène de Willam Wyler (faisant se succéder avec brio plans d'ensemble, plans moyens et plans rapprochés) est superbe : voir par hasard la séquence du bal… Les déplacements des personnages sont filmés avec beaucoup de talent. Relevons encore le déplacement de Bette Davis dans sa chambre entre sa robe et Henry Fonda.
J'ai apprécié (énormément) ce film mais j'aime beaucoup les films de William Wyler,
flirtant parfois avec un certain académisme de son époque, mais aussi ambitieux et de mon point de vue modernes et brillants. C'est un film (à mon sens) à voir en y glissant son propre imaginaire, pour le transposer à notre époque.
http://www.cinematheque.fr/fr/dans-salle(..)
Jezebel passe en salle à Paris ce vendredi 23 mai.
"William Wyler est l'homme qui, à la fin des années trente, créa un style nouveau. Ce style que les contemporains virent poindre et qui fit de lui le metteur en scène le plus personnel et le plus neuf de Hollywood, marqua toute une époque. Pendant plus d'une décennie, le style de Wyler fut celui du cinéma américain."
Effectivement !
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