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« Dans les temps qui précédèrent l'ère chrétienne, fort peu de gens croyaient en un seul dieu. Il n'y avait guère que les adeptes de Jéhovah qui crussent en un dieu unique tandis que le reste de l'humanité vénérait quelques 65.000 divinités aussi étranges que variées, parmi lesquelles se trouvaient Baal et Astarté, le principe mâle et le principe femelle, dieux de la chair et non point de l'âme. Notre histoire a pour cadre cette époque. Elle est basée sur la parabole du fils prodigue… »
Un jeune Hébreu de bonne famille, Micah alias Edmund Purdom, demande à son père sa part d'héritage et part à l'aventure dans le vaste monde, délaissant sa chaste fiancée. Le voici à Damas, aux portes du fabuleux temple de Baal et Astarté et de ses célèbres jardins du plaisir, où une roue de la fortune permet de choisir la beauté frivole qui s'offrira dans les bosquets sacrés en échange d'une offrande appropriée pour le temple.
Sur ce monde païen règne la grande prêtresse Samara, incarnation terrestre d'Astarté, déesse sumérienne de l'Amour, alias Lana Turner, déshabillée comme jamais, telle une Salomé
de Gustave Moreau.
Corps de rêve mais nerfs d'acier : « Une grande prêtresse ne pleure qu'une seule fois dans sa vie, lorsqu'elle vient au monde ! »
Et le voici embarqué dans un tourbillon des sens au bras de cette courtisane sacrée, dans ce grand spectacle méconnu en Cinémascope de Richard Thorpe. Lana Turner,
au summum de sa grandeur, grande prêtresse de sa propre légende, tourne ce film qui lui est dédié entre Diane de Poitiers
et La Mousson.
Il faut la voir, à moitié vêtue de perles, torches en main, mener dans le temple les processions des sacrifices humains où des bellâtres illuminés s'offrent au dieu Baal en sautant dans des puits de flamme… Il faut la voir tenant tête à la foule en délire du haut de son trône de marbre, dernière représentante de traditions ancestrales condamnées à disparaître…
Un film méconnu et surprenant dédié à cette figure féminine, sorti en dvd zone 1. A quand une zone 2 ?
plongée dans la mythologie égyptienne et la religion juive avec ce péplum peu connu. Le film fait allusion aux "dix commandements" et à "Salomon et la reine de saba" qui seront l'objet des grands péplum à venir. Certes , il devait déjà y avoir des fils prodigues en l'an 70 avant JC, mais la référence à la parabole du fils prodigue de l'évangile selon Saint-Luc semble anachronique…L'action se situe donc en 70 avant JC, mais aucune scène du film ne semble faire allusion aux évènements marquants de cette année. Le culte de la déesse Astarté s'étale sur une très longue période…La révolution , la dilapidation de la déesse dans le film, correspondent-ils à des évènements historiques ? Le film n'évoque pas les Verrines de Cicéron contre Verres en l'an -70…Verres ou Verrès est le nom d'un romain dont d'étymologie vient de porc en latin et non de verre évidemment. Cependant le verre était connu depuis l'antiquité en Égypte, et on voit un récipient vert translucide dans le film, peut-être en cristal naturel. On verra une scène analogue avec un flacon de parfum lors du bain de la reine de Saba dans le péplum "Salomon et la reine de Saba".
Le fils prodigue, vainement attendu en dvd en France, malgré une annonce sans suite d'un coffret Richard Thorpe
dont il aurait fait partie, est disponible à la commande chez Warner Bross de l'autre côté de l'Atlantique, avec sous-titres français. Il semble que les éditeurs français ont renoncé à sortir tous ces films anciens et se contentent de ressortir en blue-ray des œuvres déjà connues, laissant les amateurs commander ce qui les intéressent à l'étranger… bref !
Comme le remarque Frydman Charles, il ne faut pas y chercher une reconstitution exacte de l'an 70 avant JC, mais plutôt une évocation de l'orient préchrétien et de deux spiritualités opposées, celle monothéiste et dogmatique du « peuple élu », et celle polythéiste et bigarrée des autres, en l'occurrence dans ce film le peuple de Damas.
Au-delà du kitsch spectaculaire hollywoodien qui fait la joie de certains cinéphiles et provoque la condescendance des autres, le film est intéressant en ce qu'il invite à réfléchir sur le rapport de l'homme à la religion et aux religieux qui le manipulent, sujet intemporel s'il en est, et sur l'image de la femme ou de la Déesse dans le sacré. Il est aussi – à mon avis – intéressant par le double langage qu'il développe.
Je m'explique : officiellement, voici un grand spectacle fidèle au mot d'ordre hollywoodien officiel de l'époque : la glorification de la vertueuse spiritualité judéo-chrétienne, et son corolaire la dénonciation d'un paganisme licencieux et cruel. Officieusement, il semble bien que les scénaristes hollywoodiens se soient fait plaisir en glorifiant à leur manière cela même qu'ils étaient censés combattre, et ce n'est pas le moindre intérêt de ce film que de nous faire démêler ces deux fils antagonistes mais complémentaires enroulés l'un à l'autre comme les deux serpents sur le caducée d'Hermès…
Au premier regard, à travers cette histoire d'un jeune hébreu quittant les siens pour suivre jusque dans la païenne Damas la grande prêtresse d'Astarté (la Vénus / Aphrodite phénicienne) Samara alias Lana Turner (splendide comme jamais, légèrement vêtue de quelques voiles et breloques telle une Salomé
de Gustave Moreau), on reçoit le message manichéen attendu : les hébreux sont bons et vertueux, les polythéistes cruels et dépravés (on est certes loin des approches nettement plus nuancées d'Agora
ou des Mists of Avalon
/ Les Brumes d'Avalon).
Pourtant, force est de constater que si la vie familiale des hébreux respire la vertu et la bonté, elle n'en est pas moins extrêmement convenue et encadrée par des dogmes rigides qui ne conviennent pas forcément à tout le monde… En revanche, les rites du temple de Baal et Astarté, dans leurs kitchissimes fastes barbares, donnent le sourire (il est rigolo le dieu Baal avec sa tête de taureau qui lui donne des allures de grand-père de Goldorak, et sa virilité tenue à pleine main sous la forme d'un serpent !), et on irait bien faire un tour dans les « jardins du plaisir » de la déesse de l'amour où d'accortes prêtresses s'offrent aux fidèles…
D'autant que sur le fond, le machiavélisme du grand prêtre païen (Louis Calhern, ex Jules César)
n'a rien à envier à celui des papes Borgia,
ni les sacrifices humains qu'il préside aux tortures et bûchers de l'inquisitio
n… ou aux fous de Dieu qui vont se faire exploser au milieu de la foule afin d'accéder à un paradis promis par leurs prêtres, triste réalité de notre monde moderne n'ayant pas l'excuse d'un paganisme primitif et relevant des dangers d'un monothéisme trop intolérant dans son intégrisme… toujours d'actualité.
Quant à la question de l'esclavage, Hollywood nous ressert le message erroné que celui-ci était l'apanage du polythéisme, alors que la Bible autorisait bel et bien les hébreux à posséder des esclaves, pourvu qu'ils soient d'un autre peuple que le leur… et il suffit de revoir Autant en emporte le vent
pour se souvenir que la traite des esclaves a subsisté dans le monde chrétien jusqu'au XIXème siècle après JC !
Au final, le héros Micah (Edmund Purdom) ne paraît pas très sympathique avec son hypocrisie et ses revirements, trahissant d'abord son peuple, sa famille et sa foi au nom de sa libido, puis une fois celle-ci assouvie, trahissant la belle Samara pour se racheter une conduite et rentrer chez Papa la queue entre les jambes épouser la sainte-nitouche qui lui était destinée !
A l'opposé, comment ne pas ressentir de l'admiration et de l'empathie pour la grande prêtresse d'Astarté, sincère dans sa foi et dans son amour, cohérente jusqu'au bout, jusqu'au final et spectaculaire don de soi qui reste l'une des plus belles et poignantes scènes de l'histoire du péplum épique ?
Un monde loin du nôtre, pensez-vous ? Sûrement pas ! Le culte de la déesse de l'Amour a survécu et chaque époque compte son lot de créatures affriolantes, sirènes et femmes fatales suscitant la dévotion et le désir des foules… Et maintenant comme alors, les idoles, après avoir été adorées, finissent tôt ou tard par tomber de leur piédestal… Quant aux moralisateurs qui voudraient enfermer l'Eternel dans des dogmes comme dans une boîte dont ils seraient les seuls à posséder la clé, ils continuent de regarder ce monde qui leur échappe avec haine… et envie !
Quant à Lana Turner, difficile de ne pas faire le parallèle entre le destin de son personnage et sa vie de déesse des salles obscures alors adulée des foules, grande prêtresse de sa propre légende hollywoodienne, dont la carrière n'allait pas tarder à sombrer après un scandale retentissant mêlé de sexe et de mort…
Bref, pas le meilleur des péplums, mais une icône du Féminin Sacré dans toute sa splendeur et ses ambiguïtés, qui réjouira ceux qui, à travers les images des actrices hollywoodiennes de cette époque, cherchent à retrouver, selon les termes du Hollandais Volant de Pandora, « la Déesse éternelle que les hommes de tous temps ont désiré et adoré. » Amen !
PS : bien-sûr, le culte de la déesse de l'Amour a survécu à tous ces déferlements haineux (citons entre autres incarnations cinématographiques Ava Gardner dans Un caprice de Vénus,
Ursula Andress
dans Le choc des titans,
Marlène Dietrich
dans Blonde Venus,
Elisabeth Taylor dans La Vénus au vison,
Belinda Lee
dans Aphrodite,
Rosanna Schiaffino
dans L'enlèvement des sabines, Uma Thurman
dans Les aventures du baron de Munchausen,
Valerie Kaprisky
dans Aphrodite
…), quant à la statue du dieu Baal, elle fut réutilisée quelques années plus tard dans Atlantis, terre engloutie, péplum-fantastique rafistolage de bouts de décors et d'extraits de films précédents de la MGM… avec une ampoule vissée à la place de la tête de son serpent !
Je trouve un peu "gros" que les textes sur le mur peint du temple soient écrits en anglais !!! Chacun y fait part de ses voeux, et Micah écrit "1 piece of silver " (une pièce d'argent) pour Samarra.
Le flacon en verre vert vu dans le film environ 33 mn après le début, est utilisé par le barbier afin d'y mettre une mixture qui supprime la barbe sans qu'il soit besoin de la raser. Un flacon en verre transparent en l'an -70 doit être plausible…
Il semble que le verre était déjà utilisé plusieurs siècles avant JC… L'écriture en langue anglaise est effectivement un peu dommage dans un film situé dans le proche orient antique. Que voulez-vous, c'est une convention, comme pour le langage. Ce n'est d'ailleurs sans doute pas le seul anachronisme, en cherchant bien on en trouverait sûrement d'autres !
En parlant de langage, bien qu'ayant acquis une version zone 1 du dvd, je ferais volontiers l'acquisition d'une zone 2 comprenant une VF, permettant de présenter ces films anciens à un plus large public… Mais les éditeurs sont un peu sourds, n'est-ce pas ! Ils sont incapables de nous sortir Samson et Dalila, L'Egyptien,
Sodome et Gomorrhe,
La bataille de Marathon,
Les bacchantes,
Anno Domini… Alors Le fils prodigue
… Pourtant, une belle affiche avec Lana en petite tenue de prêtresse sexy sur la boîte attirerait sans doute le chaland, comme il y a 55 ans ou 2000 ans…
Autre anachronisme ?
J'ai bien aimé la partie de cartes vers 50 mn après le début !!!
Des cartes métalliques rondes…
De nombreux jeux de société existaient dans la Rome antique, et dans le proche orient…Osselets…Mais je n'ai rien trouvé qui ressemble a un jeu de cartes…
Wikipédia situe les premières cartes à jouer en Chine sous la dynastie Tang (618-907).
l'Egyptien sort en bluray et dvd le 4 septembre prochain ! votre prière a été entendue
Je reviens à la fameuse partie de cartes anachronique…Pas celle d'un César provençal interprété par Raimu dans le film: César (1936), lorsque César dit:"tu me fends le cœur" ….Mais celle du film "le fils prodigue", diffusé dimanche dernier au cinéma de minuit sur France 3. A la fin de la partie de cartes , Nahreeb dit (sous titres en français):"les Perses qui ont inventé ce jeu ont un dicton:heureux au jeu, malheureux en amour" . Je soupçonne une pointe d'humour…
Nul ne connait avec exactitude l'origine des jeux de cartes. On pense qu'ils n'ont pas été créés en Europe mais proviendraient du Proche Orient, voire de l'Inde ou de la Perse, peut-être transmis par les gitans.
On n'a trouvé aucune trace de l'existence de jeux de cartes dans l'Antiquité (en revanche, les jeux de dés existaient, on voit d'ailleurs les légionnaires romains jouer la tunique du Christ aux dés sous la croix dans le film La Tunique, lequel s'est peut-être inspiré d'un célèbre tableau de Mantegna montrant la même scène).
Les scénaristes du Fils prodigue ont donc extrapolé… Toutefois, l'existence de jeux similaires à cette époque n'est pas en soi une impossibilité…
On a souvent dit que les figures du tarot trouvaient leur origine dans d'anciennes divinités ou personnages païens (dont les noms ont parfois été christianisés, ainsi le grand prêtre et la grande prêtresse, aussi nommés hiérophant(e) sont devenus le pape et la papesse), ce qui explique leur utilisation à des fins divinatoires…
La déesse Astarté dont il est question dans ce film, correspondant à la grecque Aphrodite, la romaine Vénus, la babylonienne Ishtar entre autre, apparaît ainsi sur la figure du tarot nommée "L'étoile". Les orientaux antiques considéraient qu'elle coïncidait avec l'étoile du matin, qui du haut du ciel invitait les dieux et les humains à l'amour. On notera d'ailleurs comme le nom "Astarté" se retrouve dans le mot anglais "star"…
Ainsi l'une des "stars" des années 50 Lana Turner joue le rôle d'une grande prêtresse incarnant sur terre la déesse "Astarté"… Tout cela est parfaitement cohérent.
Dans le cadre du film, la fameuse partie de cartes au temple de Baal et Astarté a pour fonction de donner un côté "tripot" au sanctuaire païen afin d'appuyer le caractère dépravé qu'on veut lui donner : des femmes, de l'alcool, du jeu : voilà bien la panoplie du lieu de perdition que reconnaîtra le spectateur des années 50… Ainsi, rien n'y manque, et tant pis si ce n'est pas historiquement exact…
Enfin, le clin d'oeil à l'expression bien connue "heureux au jeu, malheureux en amour" est un moyen scénaristique pour exprimer la détresse sentimentale de Micah, amoureux de la prêtresse inaccessible…
Merci à Droudrou pour l'information sur L'Egyptien, je m'en réjouis à l'avance…
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