Remarques très justes sur le suspense. La dernière fois que j'ai senti un héros en danger dans un film, c'était lors du duel final de "Rob Roy". Rien n'indiquait qu'il avait une chance d'en réchapper.

Ce qui est intéressant avec ce problème, c'est qu'il est vraiment affaire d'industries et de genres, plutôt qu'une question "d'auteur". Il ne s'agit pas de l'oeuvre unique, mais au contraire de la série, du genre : le thriller à l'italienne était un genre, avec ses bons et ses moins bons crus, ses bons ou moins bons artisans; mais certaines règles bien précises s'appliquaient toujours. Aussi, quand j'ai vu Un Juge en danger, c'était l'effet de série qui jouait : j'avais vu déjà plusieurs thrillers italiens – certains extraordinaires, d'autres tout juste bons, d'autres très mauvais, il y avait de tout et là n'est pas la question. Et c'est le fait d'en avoir vu plusieurs, donc d'être accoutumé aux standards, aux patterns narratifs de cette industrie du cinéma, qui faisait que là, eh bien, je ne savais vraiment plus comment ça allait tourner. Je savais que la mafia pouvait gagner, la corruption triompher; parfois oui, et parfois non. Je savais que le film pouvait se terminer, bien que pas obligatoirement, sur l'assassinat du protagoniste-enquêteur. J'avoue avoir respiré là, d'un certain point de vue, une atmosphère de liberté narrative qui me manque aujourd'hui. Pourquoi un thriller de Clint Eastwood ne se terminerait pas sur Clint Eastwood abattu? Qu'on ne me dise pas que c'est anti-commercial : avec leur formule plus sombre, plus âpre, les thrillers italiens aussi ont pourtant fait recette, en Italie et dans le monde…

Sur Rob Roy: en effet, ce duel final nous laisse dans l'expectative jusqu'à la dernière minute.

Pour une édition en DVD zone 2 !

Merci pour ce vote, Spontex ! (Ben quoi, mieux vaut tard que jamais)

Et j'en profite pour faire faire une petite promenade en haut de la liste à cet excellent thriller que des éditeurs avisés devraient s'empresser de déverser dans les bacs, dans une superbe édition restaurée pleine de suppléments sur la star.

D'ailleurs c'est fou comme il y a peu de Volontè sur le marché – hormis ses westerns, où il s'amusait souvent à faire l'histrion…

Non, cet avantage comparatif n'est pas, ou pas seulement, l'extraordinaire Gian Maria Volontè. Il tient plutôt au fait tout simple que, contrairement aux thrillers américains, dans la tradition du thriller italien inaugurée au début des années soixante par Francesco Rosi ou Elio Petri (et jusqu'à nos jours, d'ailleurs : voir La Scorta ou encore Le Long silence) LA SURVIE DU PROTAGONISTE N'EST PAS GARANTIE !!! N'est-ce pas merveilleux? Enfin un peu de VRAI suspense. Alors, je ne vous dis pas si Volontè ou Erland Josephson y laissent leur peau ou non. Je vous dis juste que ça peut arriver. L'essentiel, c'est de savoir ça : que non, eh bien non, pour ces artisans et leur public (jadis fort nombreux) le happy-end obligatoire n'avait plus cours.

Harrison Ford dans Patriot Games, ou Colin Farrell dans Phone Booth ou La Recrue, et tant d'autres, sans parler de Clint Eastwood dans The Gauntlet, ou tant d'autres exemples que je pourrais énumérer, ils n'ont ABSOLUMENT AUCUNE ESPÈCE DE CHANCE D'Y RESTER. La vie du protagoniste n'est donc jamais en danger. Le suspense s'en trouve terriblement réduit.

Je n'ai pas revu Un Juge en danger depuis sa sortie au Québec au début des années 80. Mais je me rappelle que j'étais collé au bout de mon siège parce que, ayant déjà vu plusieurs autres thrillers italiens, je savais que le rassurant triomphe final du Bien – pratiquement obligatoire à Hollywood – était loin, très loin d'être gagné d'avance. Que le protagoniste de ce genre de films – juge d'instruction, officier des carabiniers, journaliste, etc – pouvait se faire tuer, ou muter au fin fond du sud italien, ou encore accepter un pot-de-vin pour se la boucler.

Du coup, il y avait beaucoup plus de suspense que dans un thriller dont la fin est écrite d'avance dès les premières images du film.

Arca1943

Comme Arca, j'ai un souvenir mitigé du Juge Fayard, alors je veux revoir l'électrisant Un Juge en danger !

Merci pour ce vote, Sandokan ! (Ainsi que pour ta récente tournée Alberto Sordi) LA fiche de Un Juge en danger approche les 1 000 internautes ! Je verrais bien ce film sortir en 2006, tiens… Peut-être avec d'autres ? Pourquoi pas un coffret consacré aux thrillers interprétés par Gian Maria Volontè, avec Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, À chacun son dû, Le Soupçon, Opération Ogro ?

Bien ! Io ho paura dépasse maintenant les 1 500 visiteurs sur Dvdtoile. Histoire de marquer le coup, j'en profite pour faire prendre l'air à la fiche de ce passionnant thriller Avec Gian Maria Volontè, Erland Josephson, Mario Adorf : fort solide casting…

Les gialli de Lenzi, Tessari, Castellari sortent en pagaille sur DVD, mais pas ceux de Damiani ? Laissez-moi rire !

Oui, je sais, c'est mon quatrième message sur Un Juge en danger. Mais le dernier date de dix mois. Ça me semble raisonnable. Dix mois pendant lesquels rien n'a bougé, à l'exception du coffret Rosi annoncé maintenant pour septembre. Pour le reste, seuls les westerns de Damiano Damiani sont disponibles ; et pas l'ombre de la queue d'un Petri ! Quant aux autres – Sacco et Vanzetti de Montaldo, Le Soupçon de Maselli, pour ne rien dire des meilleurs Lizzani ou Vancini, rien de rien à l'horizon. Famine !

Famine ? Non… A peine disette ! Je sens un frémissement très net concernant le cinéma italien et le DVD en France : d'abord les diverses éditions de spaghetti western, ensuite les "gialli" de plus en plus nombreux, puis les comédies qui commencent à envahir les présentoirs. Petit à petit, ce cinéma si longtemps ignoré, reprend des couleurs.

Je pense qui si les éditeurs étaient tous des gens cultivés, et/ou véritables passionnés des films qu'ils mettent sur le marché, nombre d'autres classiques seraient déjà en vente. Mais ça vient, Arca… doucement, mais ça vient.

Oui, incontestablement ! Je plane d'ailleur sur ce nuage ! Mais quand je dis que "rien n'a bougé", je voulais dire sur le front du thriller politico-policier (sauf ceux de série B et C à la sauce Lenzi. Pourquoi la série B et pas la série A ?) Bon enfin, d'accord, je m'en tiendrai à ce principe de mon ennemi politique Antonio Gramsci : « Le pessimisme de la raison, l'optimisme de la volontè ». Bien sûr qu'ils vont sortir. Quelque part dans les 18 prochains mois, disons au moins l'Indagine (accompagné bien sûr, en sus des sous-titres, de son excellente VF) et Sacco et Vanzetti.

Confessions d'un commissaire de police au procureur de la République, paru l'an dernier sur DVD, est un superbe thriller politique à l'italienne. Mais je compte bien ne pas en rester là ! Passons maintenant, m'sieurs-dames les éditeurs, à Gian Maria Volontè, Erland Josephson et Mario Adorf dans Un Juge en danger, un thriller antimafia tendu et percutant ! Une belle édition DVD pour 2010, voilà qui serait une riche idée…

Découvert ce soir sur grand écran en version française. Si Damiano Damiani est l'auteur de nombreux excellents films chroniqués par ailleurs, notamment portant sur la mafia, ce présent Un juge en danger (1977) me semble d'une dimension supérieure. On a affaire à un film parfait, et à mon sens à l'un des meilleurs films italiens des années 1970. C'est l'histoire d'un policier, suivi pas à pas, dans une enquête de la magistrature qui prend la tournure d'un engrenage impitoyable. La société italienne de l'époque est décrite à la perfection, mais la force du film réside aussi dans la description des psychologies d'individus ordinaires, l'addition de petits détails, et leur incarnation par des acteurs de poids. La mise en scène de Damiani, conjuguée aux prises de vue de Luigi Kuveiller sur une longue durée (2 heures) produit un spectacle haletant et mémorable.

NB : à noter que la carrière de Erland Josephson a débuté en 1946 dans Il pleut sur notre amour et s'est terminée en 2006 avec Wellkåmm to Verona, soit une plage de 60 ans…