Seule la fin du film nous gâche un peu notre plaisir. François Ozon ne résiste pas à la tentation de forcer le trait sur cette métaphore que fut aussi le film, à savoir le rapport écrivain/œuvre. Que la présence de Julie soit le fruit de l’imagination de Sarah était déjà suffisamment évident par le jeu et la mise en scène du film pour que le trouble soit tout le temps présent, comme un aiguillon à l’histoire qui se déroule. Il était inutile d’appuyer ainsi cette métaphore et finalement laisser croire que l’auteur prend le spectateur pour plus bête qu’il n’est.
J'ai plutôt bien aimé le film que je trouve agréable à regarder (pas seulement les actrices…) et malin. L'ambiance est évidemment celle de "La piscine" de Deray et le thème celui de "Barton Fink" qui lui, laissait planer l'ambiguïté à la fin avec plus de finesse. Dans la sinistrose du cinoche français, Ozon est tout de même un réalisateur rafraîchissant.
Barton Fink ou bien plus récemment Harry, un ami qui vous veut du bien : personnage qui débarque et trouble un équilibre, bain de sang final, thème de l'écriture, etc.
J'aime bien les trois premiers quarts du film, rythmés, lumineux, portés par deux actrices magnifiques, beaucoup moins sa fin, qui se veut maligne et n'est qu'embrouillée, qui se tortillonne, en vient à se répéter, à forcer les traits (au cas où on n'aurait pas compris) et finit par aller dans les plus ennuyeux travers de Sébastien Japrisot, du type meurtres impunis, lourds secrets de famille, assassinats maquillés masqués par le soleil du Midi et tout le toutim.
Cela dit, ce n'est tout de même pas mal, au début donc, même si c'est constamment appliqué et démonstratif jusqu'à la caricature : Sarah Morton (Charlotte Rampling) passe en quelques instants de la pluie grise de Londres à l'enchantement tiède du Lubéron au mois de septembre, du sage ordonnancement de vie d'une de ces vieilles filles anglaises à teint rose et à vêtements beiges, de la consommation (exagérée !) de Taillefine à 0% et de Coca light aux profiteroles au chocolat et au foie gras, de la vertueuse indignation devant la liberté corporelle et sexuelle de son double et contraire Julie (Ludivine Sagnier)
à l'attirance débridée pour la chair (fût-elle celle du vieux jardinier Marcel).
Je trouve admirable que la grande Charlotte Rampling, qui avait 57 ans au moment du tournage de Swimming pool
ait accepté de mettre son corps encore superbe mais évidemment flétri en parallèle avec celui de Ludivine Sagnier,
qui est dans tout l'éclat de sa beauté. Depuis Les damnés,
Zardoz,
Portier de nuit,
Un taxi mauve,
On ne meurt que deux fois,
Rampling
n'a jamais eu peur de la crudité de l'écran révélateur. Swimming pool
est une nouvelle manière de se montrer, sûrement moins facile, mais toujours aussi forte.
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