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Forum : À bout de souffle

Sujet : Godard le fou !


De David-H, le 27 juin 2005 à 20:42
Note du film : 3/6

Très curieux de découvrir ce film essentiel, paraît-il, du cinéma français, et plus particulièrement de la Nouvelle Vague, j'en suis quelque peu sorti désorienté. Et partagé. D'une part, d'accord, au-delà d'une banale chasse à l'homme, on capte bien le « pourquoi » de la valeur de ce film novateur (tournage rapide, caméra à la main, décors naturels, improvisation des dialogues…) , tranchant complètement avec ce qui avait été fait auparavant (…et par après !). Illustration notoire, le réalisateur tournant sans figurants ( !), on a droit à des scènes cocasses sur les Champs-Elysées où les passants se retournent pour zyeuter Godard filmant Belmondo et la regrettée Jean Seberg, heureusement tous méconnus à l'époque. Mais d'autre part, bien que je sois inconditionnel de nombreux anciens films, celui-ci m'apparaît paradoxalement fort démodé, notamment par son faux-rythme, ses côtés bâclés et sa musique un tantinet pompeuse pour nos oreilles d'aujourd'hui. Et non, le noir et blanc n'y est pour rien !

Cela dit, certains dialogues font toujours mouche, puis il y a l'apparition remarquée de Melville en poète, et c'est toujours un plaisir de revoir Paris de l'intérieur, à la fin des années 50, dans un climat d'une insouciance déconcertante. A voir certainement, mais plutôt pour votre culture cinématographique…


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De Impétueux, le 28 juin 2005 à 15:07
Note du film : 2/6

Ah là là, mon ami, vous ne connaissez pas votre bonheur d'être (sans doute) assez jeune pour n'avoir pas vécu au mileu de ce maëlstrom de la Nouvelle Vague qui, comme en son temps le Nouveau Roman a durablement détourné du cinéma ou de la lecture des milliers d'amateurs ! (d'ailleurs vous savez comment Robbe-Grillet a pollué l'un et l'autre art ! Voyez L'année dernière à Marienbad !)

Et encore, A bout de souffle est ce qui est le plus supportable chez cet animal de Godard qui ressemble le plus à un film ! Mais si vous avez la (malsaine) curiosité de visionner un jour ce Pierrot le fou que les cagots et les pisse-froid de Positif et des Cahiers donnaient comme son chef-d’œuvre absolu, vous verrez votre malheur ! Et La Chinoise donc ! Et 2 ou 3 choses que je sais d'elle !

Dieu merci, 68 survient !! Un des seuls bénéfices de cette période rigolote et inutile est d'avoir incité Godard à se lancer dans l'autogestion, le cinéma de rupture, la production autodistribuée, c'est-à-dire de disparaître des écrans!

Mais nous l'avons échappé belle !


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De David-H, le 28 juin 2005 à 16:31
Note du film : 3/6

…Je suis justement en train de visionner Pierrot le Fou


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De Arca1943, le 28 juin 2005 à 16:41

Eh bien, bonne chance ! Le courage est une chose que j'ai toujours admirée.


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De vincentp, le 29 juin 2005 à 21:32
Note du film : 3/6

Ce film a effectivement vieilli.


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De David-H, le 29 juin 2005 à 22:09
Note du film : 3/6

A titre personnel, rassurez-vous, je n'ai absolument rien contre la Nouvelle Vague (j'essaie d'ailleurs de la faire connaître autour de moi puisque quasi personne de ma classe de 2e journalisme ne sait encore ce dont il s'agit! – Impétueux s'en réjouirait ;-p) et certains films, comme "Les 400 coups" c'est vrai, ou "Les cousins" même, sont des films indémodables…

Concernant "A bout de souffle" il faut tout de même avouer que ce n'est plus un film à voir en famille avec des enfants (ados), ni pour la majorité des étudiants par exemple, à moins d'avoir dans son salon le réalisateur explicitant la traduction de quasi chaque scène…Ma critique – ou plutôt mon simple avis personnel – allait dans ce sens…

Mais j'insiste une nouvelle fois : ce film a eu son importance et il est bon de le connaître pour quelqu'un ayant un minimum de curiosité cinématographique…


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De vincentp, le 29 juin 2005 à 22:24
Note du film : 3/6

Je répondais à Impétueux mon cher David.


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De Arca1943, le 30 juin 2005 à 14:28

Une chose demeure : c'est qu'il faut se méfier des étiquettes qui furent collées par des critiques ou des journalistes. C'est le cas, par exemple, pour "Nouvelle Vague" comme pour "Néoréalisme". Épris de théories du cinéma plus que du cinéma lui-même, ayant en tête un modèle "d'avant-garde", dont le drapeau habituel est le manifeste, les critiques de cinéma de l'époque fabriquaient au besoin des "écoles" qui n'en étaient pas – dans un premier temps. Et ensuite, ils appliquaient la grille théorique ainsi obtenue aux films qui se faisaient effectivement et condamnaient tout écart à la norme nouvelle qu'ils avaient édictée.

Le cinéma italien (pour prendre un exemple complètement au hasard) a ainsi énormément souffert : à chaque fois que De Sica ou Rossellini s'écartaient du "modèle idéal" (ou idealtype?) du néoréalisme tel que décrété par les critiques, ils se faisaient massacrer. Ce fut le cas du chef-d'oeuvre fantaisiste de De Sica, Miracle à Milan. De même à chaque fois que Rossellini s'engageait dans la voie de la fantaisie – pour laquelle il avait un penchant bien réel – comme avec Où est la liberté ? (Dov'è la libertà… ?) ou La Machine à tuer les méchants. La critique avait pour ainsi dire décrété que le cinéma italien serait "néoréaliste" ou ne serait pas : il avait son avenir tout tracé et gare à lui s'il s'en écartait !

La mentalité intellectuelle qui entoura la Nouvelle Vague me semble taillée dans la même étoffe. Ce ne sont pas tant les films qui sont odieux, ou ennuyeux, ou surévalués – en fait ils étaient plutôt disparates, si on pense que "Nouvelle Vague" fut une étiquette appliquée également à Chabrol (!), à Louis Malle… – mais d'abord et surtout ce décret ex cathedra de la critique savante, qui avait en main un "programme" (un plan quinquennal?) dont il s'agissait de ne pas dévier d'un iota.


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De fantorro, le 15 avril 2006 à 00:10
Note du film : 6/6

Comme avec l'avis que j'ai pu donné pour "Pierrot le fou",je ne vais pas revenir et insister sur les qualités qui ont pu me ravir dans ce film puisqu'il y a déjà eu toute une production littéraire critique qui en ont fait en haut et en large l'analyse et la synthèse.

Brièvement, j'ai pu être enchanté par cette poétique du mouvement avec la cavale fugitive de Belmondo qui contrastait avec l'inertie de Seberg. La mise en scène et la réalisation enlevée rendaient bien cette fuite en avant du truand, qui, portée par un élan, le vent en poupe, s'essouffle à la fin.

On parle du charme qui réside dans le baclage, dans les approximations, et dans la spontanéité de la réalisation . Je ne suis pas de cet avis. Je ne connais pas les intentions de Godard, mais je ne parlerais pas d'approximations ni de laxisme. Je parlerais plutôt de procédés cinématographiques bien étudiés et judicieusement bien choisis au départ, qui débouchent, à l'arrivée, sur un effet de spontanéité produit.

Il ne s'agit pas d'être spontané et laxiste dans la réalisation. Mais, il s'agit de savoir quels sont les procédés nécessaires à opérer avec justesse durant la réalisation pour créer correctement sur l'écran cet effet de spontanéité et de mouvement qui habitent l'esprit du film.

La modestie des moyens n'est pas une fin en soi. C'est l'effet que l'on veut rendre sur l'écran, qui implique tels ou tels procédés et tels moyens. Ce sont des processus bien prémédités qui produisent l'effet de spontanéité.

Et si le tournage a pu prendre très peu de temps, c'est essentiellement parce que Godard,le cinéaste, maitrisait parfaitement l'outil et le langage cinématographiques. Ce temps limité ne devait pas être dû que par un souci de spontanéité. Godard disposait au préalable d'un véritable savoir-faire. La désinvolture qui peut se dégager de l'ambiance du film n'est pas le fruit d'une attitude désinvolte de la part du réalisateur mais bien le résultat d'une réalisation minutieuse.

Ce qui est agaçant c'est qu'il y a eu par la suite comme un malentendu avec les jeunes réalisateurs qui ont voulu faire à tout prix du "Godard" alors que Godard, dans ses meilleurs films au début des années 60, faisait de son côté du Cinéma avant de ne plus faire qu'à son tour exclusivement du "Godard".Ces jeunes cinéaste ont pu croire qu'il fallait juste être désinvoltes pour faire du cinéma et que tout ce qui était laborieux et étudié étaient forcément à bannir. On estimait que tout ce qui procédait de la spontanéité était forcément génial. Ils n'ont retenu que la modestie matérielle des bons films de la "nouvelle vague", mais ils sont passés à côté de la qualité de leurs réalisations. Tout le monde avait voulu singer Godard en prenant une caméra sur l'épaule et tourner, pensant que le cinéma avait connu là une révolution. Alors qu'"à bout de souffle" respecte bien à mon sens les contraintes de la création cinématographique de ses ainés. C'est bien toujours le Cinéma que l'on redécouvrait là avec poésie et enchantement. Mais le Cinéma, qu'est-ce que le Cinéma?…..


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De fretyl, le 26 octobre 2007 à 22:18
Note du film : 2/6

Moi qui avais apprécié la collaboration Godard-Belmondo dans l'excellent Pierrot le fou, j'avais décidé de prendre le risque de regarder À bout de souffle, effectivement c'est un risque a prendre de tenter Godard, disons que ce film là n'est pas son plus mauvais, il reste au niveau de la réalisation visuellement regardable, mais on est en plein académisme (eh oui), l'histoire n'a rien d'exceptionnel et en plus est d'une banalité écrasante. On peut d'ailleurs être consterné que ce film soit considéré comme un classique du cinéma français, tout est froid, sans âme, n'importe quel Max Pecas le dépasse. Le film est largement au niveau de Mon curé chez les nudistes ou de Deux enfoirés à Saint-Tropez

Heureusement il y a Belmondo dont on appréciera certaine réplique dont la plus célèbre :

-Si vous n'aimez pas la mer, si vous n'aimez pas la montagne, si vous n'aimez pas la ville… allez tous vous faire foutre

Est ce suffisant ? NON !


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De Steve Mcqueen, le 4 avril 2010 à 17:00
Note du film : 2/6

Extrait de ma soutenance de Master 2 de cinéma à Aix en Provence :

"Fragments partiels et morcellement segmentaire… Au commencement était l'image. Celle de Dieu, réalisateur brouillon et microcosmique tel un Painlevé (science et illusion) quasi miraculeux. Puis il y eut Godard. L'homme et le ruisseau ; l'homme sur son ruisseau et cette idée fixe de transformer le cinéma-art-culturel de notre-temps (au sens malrauxien du terme) en un espace fragmentaire minimaliste (Vertov ? Flaherty ? Athanazov ?). Cinéaste voyageur du TGV de la conscience populo-agnostique (Dieu est Amour ; l'amour est aveugle, donc Ray Charles est Dieu) il traverse et retraverse encore les hypothèses de sa caméra microcéphale, "analysant" le comportement de cet amas de chairs et d'os et de molécules qu'on appelle "man" (homme), "mankind" (sorte d'homme) ou "human boeing" (homme qui vole). Que dit-il de nous à travers lui? Bien sur, qu'importe,c'est de nous qu'il s'agit…

La trajectoire spontanée des aphorismes apparus conformes à la multiplicité aboutie de la réconciliation admirative des amateurs-déconstructeurs du nouveau récit philosophique n'est plus envolée. "Je suis en train de coucher mon petit garçon", dit Garrel. "TA PASSION SERA de voir le beauté nue", dit Bergala. Tout est dit… Godard nous avait prévenu, rien ne sera jamais pareil…


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De Frydman Charles, le 18 janvier 2014 à 14:19

Le film prend quelquefois du recul avec la fiction et nous ramène à la réalité du tournage. Lorsque Belmondo s'adresse au spectateur dans la voiture, ou lorsque le couple Belmondo – Seberg se promène sur le trottoir et que les passants se retournent pour les voir.


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De Impétueux, le 25 janvier 2015 à 18:37
Note du film : 2/6

Très opportunément, dans un des messages qui s'étagent ci-dessus, David-Hainaut se demande si on n'a pas abusivement placé sous l'étiquette de Nouvelle vague des films aussi différents que Les cousins, Les Quatre cents coups et À bout de souffle. Le film de Claude Chabrol est sorti sur les écrans parisiens en mars 1959, celui de François Truffaut en juin, celui de Jean-Luc Godard l'année suivante, le 16 mars. Et l'acte officiel de naissance de cette Vague, c'est d'ailleurs plutôt Le beau Serge, de Chabrol déjà. De fait, si l'on peut trouver à tous ces films un air de famille dans la libre façon de filmer, d'ailleurs plus provocante, plus exagérée chez Godard, il y a peu de parentés entre des chroniques conduites de façon assez traditionnelle et À bout de souffle.

Godard fait exploser la structure du récit, bouleverse le rapport des personnages aux spectateurs et filme par le procédé bien connu du collage, qui permet d'ajuster des bouts de n'importe quoi au fil des séquences en prétendant reconstituer ainsi le tohu-bohu de la vie. C'est un fait, et on ne peut pas ne pas ne pas reconnaître l'évidence que la vie réelle – la nôtre, finalement – est tissée de phrases hachées rendues incompréhensibles par un coup de klaxon ou le passage d'un camion, par le passage dans le champ de vision d'un personnage qu'on suit des yeux un bref instant puis qui sort de la scène, par des conversations téléphoniques minimales et parcellaires, par l'indifférence globale de la foule à ce qui nous arrive, hors les moments où elle focalise son attention sur l'événement un instant fédérateur, l'accident, le meurtre, l'incongruité spectaculaire, avant de s'éparpiller à nouveau.

Mais ceci – la tentative de décrire vraiment la réalité et qui fut, littérairement, l'impasse du Nouveau roman (après tout, la trame policière est souvent choisie dans l'une et l'autre tentative) – ceci méconnaît le fait que la littérature, comme le cinéma (les autres arts non plus, d'ailleurs : pour écrire la Symphonie pastorale, on n'enregistre pas le gazouillis des rossignols) ne sont pas faits de ces instantanés, authentiques sans doute, mais qui n'ont rien à voir avec la réalité artistique, recréation artificielle et pourtant davantage vraie de notre vie.

À bout de souffle souffre de tous les tics insupportables des films militants : ici, c'est l'usage systématique du son direct, l'abondance des aphorismes et proclamations définitives des personnages (Je voulais te revoir pour savoir si te revoir me fait plaisir), des insupportables récurrents questionnements de l'idiote de service (Jean Seberg, bien mignonne, soit dit en passant) C'est quoi (tel ou tel mot) ?.

Que mettre à son crédit ? Une musique jazzy bien venue, la beauté de Paris l'été, l'intervention incongrue de Jean-Pierre Melville ; c'est à peu près tout.

Mais ça n'a pas empêché les obsédés de la nouveauté de se tortiller le croupion. Quand on pense que, dans le même espace de temps (59/61), dans ces années 59-61, il y a eu Plein soleil de René Clément, Marie-Octobre de Duvivier, Le trou de Becker, Les yeux sans visage de Franju, Léon Morin, prêtre de Melville… pour ne parler que du cinéma français !!


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