Europe 51 est un des très nombreux "beaux" films de Rossellini; il évoque une palette de sentiment, tels que la colère, l'injustice, la pitié, l'indifférence et l'écart creusé entre les riches et les plus pauvres… Ingrid Bergmann y joue une jeune femme qui entre le début et la fin du film sont en réalité deux personnages complètement différents. En effet, on suit l'évolution bien curieuse de cette femme bouleversée après la mort de son fils, on ressent la culpabilité de la protagoniste et on ne peut être qu'ému devant cette fin que nous propose Rossellini.
Le véritable enjeu du film est de montrer le monde des plus démunis, et la morale de l'histoire serait qu'il ne suffit pas d'avoir de l'argent et du pouvoir pour être heureux. On appréciera le passage dans lequel Ingrid Bergmann se glisse dans une usine et accomplit la dure labeur de passer une journée à travailler en tant qu'ouvrière. En conclusion, Europe 51 est une belle satire de la société, une belle leçon d'amour d'une mère pour son fils, pour les autres, pour elle même…
Suite à une tragédie familiale, une jeune femme appartenant à la bonne société italienne prend le parti des déshérités, quitte son mari et le confort matériel. Europe 51, réalisé en 1951 par Roberto Rossellini,
fait partie des grandes réussites de son auteur, et du cinéma tout court. A fois drame psychologique, chronique sociale et politique, ce long-métrage ancré dans la réalité de l'Italie de 1951 croise les genres, et déploie une large thématique. Réflexion théologique, sur la condition humaine, sur la société, de haute volée, située à hauteur d'homme, accessible au quidam. Les idées s’enchaînent avec brio, portées par des plans en noir et blanc magnifiques, suivant pas à pas l'héroïne dans sa progression physique et mentale, vers ce qu'elle imagine être l'accomplissement de son destin. La musique, extrêmement réussie, de Renzo Rossellini
accompagne, nuance ou accentue les émotions de groupe ou individuelles, notamment celles de Ingrid Bergman
dont l'interprétation est de très haut niveau.
Europe 51 semble dépasser les idées de Amore
ou Stromboli.
A une conception existentielle basée sur la souffrance et le sacrifice, se greffe ici la nécessité d'un engagement social conjugué à l'abandon de normes sociétales. Le chaos qui entoura la fin de la relation nouée entre Rossellini
et Ingrid Bergman
tend à rapprocher cette fiction de la réalité. Les premiers instants de Europe 51
mettent en évidence le talent du metteur en scène -parfaitement secondé par ses scénaristes- à analyser avec une forte économie de moyens, dans un temps réduit, le mode de pensée et d'action de ses personnages. On relève le procédé consistant à présenter des points de vue contradictoires, à creuser ceux-ci via des dialogues entre personnages de milieux sociaux et d'origine géographique différents. On admire le séquencement de cette histoire en chapitres, tous impeccablement assemblés, chacun d'eux ayant une consistance organique, avec leurs moments d'exposition, de réflexion, de distraction et d'émotion.
En fait, c'est cette grande bourgeoise qui, à la suite de la mort de son fils après une tentative de suicide, abandonne sa vie dorée et sa famille pour aller vers de plus en plus de dépouillement qui me choque. Notons que déjà dans Allemagne année zéro un enfant désespéré se jetait du haut d'un immeuble et que, peut-être cet acte, ce cri pouvait appeler à autre chose. Notons aussi que les Onze fioretti de François d'Assise
montraient l'intérêt de Roberto Rossellini,
issu d'une famille bourgeoise très aisée, pour la spiritualité franciscaine et qu'il n'est pas très compliqué de retrouver dans le personnage d'Irène (Ingrid Bergman)
des résonances et des références très claires.
Elle est désormais happée par l'Autre, par le besoin de se donner et de tout donner. Fort bien et on est ravi de la voir ouvrir les yeux sur la réalité de la vie des autres humains, Juliette (Giulietta Masina, impeccable) qu'on appelle Le moineau et qu'on pourrait tout autant appeler L'étourneau, tant elle est insouciante et légère, qui collectionne les enfants, les siens et ceux des autres, la jeune prostituée (Rossana Rory) qui meurt dans ses bras et toutes ces familles des taudis et des périphéries (qu'on retrouvera plus sarcastiquement et bien plus tard dans Affreux, sales et méchants).
Mais on craint, précisément que l'Autre soit l'occasion, non le but.
En parlant d’Europe 51, j’ai sans doute trop laissé la part belle à ma conviction spirituelle profonde. Ce n'est pourtant qu'un film, grave et pénétrant, comme tout ce qu'a réalisé Roberto Rossellini.
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