Hélas, c'est tout à fait ça. Au moins le scénario finit par être bouclé et l'on constate avec soulagement que le film, en fin de compte, ne repose pas sur la croyance aux superstitions numérologiques. Mais les passages de faux film noir sont vraiment pénibles, la narration à la première personne agaçante et les réactions du personnage, arbitraires et téléguidées à grands coups de pouce scénaristiques. Ce Schumacher ne vaut décidément pas cher, sauf pour Veronica Guerin.

Si on ne doit en sauver qu'un, j'aurais un petit faible pour son remake de Cousin, cousine, intitulé avec à-propos Cousins. Il y avait une petite musique, dans ce film. Et le charme de Isabella Rossellini. A part ça…

Le peu connu St. Elmo's Fire était un très beau film sur la jeunesse en marche, un peu dans l'esprit de Fame mais sans les numéros musicaux.

Allez ! Puisque nous sommes dans un mood généreux et magnanime, finissons notre croisade de réhabilitation de Schumacher, en reconnaissant (mollement) que 8MM était très réussi dans le style post Seven, et que Tigerland et Chute libre auraient pu, à peu de choses près (un chouïa de rigueur, peut-être ?), être de bons films.

Mais franchement, vu ses sujets souvent intéressants, et ses castings généralement hauts de gamme, le brave Joel n'est pas très doué…

Allons même plus loin, PM Jarriq : comme vincentp  – dont je partage le point de vue qu'il exprime sur le Forum du film -, je considère que Chute libre est un bon film, et mérite mieux que tout ce que l'on a pu dire, ici et là, pour des raisons surtout idéologiques : certains ont même dénoncé "une morale douteuse"…

Oui, Chute libre avait un thème passionnant, souvent simplifié par des films d'action trop primaires comme Death wish et surtout ses sequels, ou galvaudés dans la série B comme Vigilante, mais le scénario s'attardait bien trop sur les personnages des flics, et passait un peu à côté de ce qui était vraiment intéressant. A savoir, comment un honnête et terne citoyen peut soudain se transformer en machine à tuer animée de délires de justice. Une mécanique décrite d'une tout autre façon dans Bowling for Columbine, et dans l'actualité américaine récente. Mais dans mon souvenir, Schumacher a signé une réalisation assez sobre (pour lui) et pas trop distractive.

Autrement dit, un film à revoir (Chute libre) pour se faire une idée définitive. Un de plus…

Les déçus de Chute libre pourront se tourner avec profit vers Un Bourgeois tout petit, petit qui explore le même thème avec une terrifiante vraisemblance… le jour où ce Monicelli sera en DVD, bien sûr.

Si j'ai bien lu les échanges sur le Forum de Bourgeois tout petit, petit – que je ne connais pas – les deux films ne concourent pas dans la même catégorie !