Le monde des adultes vu et recréé par des enfants, "la guerre des boutons" est une sorte d'hymne à la liberté, drôle, poétique et tendre. Que dire de plus de ce très très beau film et manifester ma joie d'avoir pu le revoir en DVD.
Ce film d'Yves Robert tiré du "fameux roman de ma 12e année" de l'auteur franc-comtois Louis Pergaud (1882-1915) est un délice enfantin ravissant les adultes. De plus, de nombreux acteurs devenus célèbres plus de 40 ans après sa sortie (Dufilho, Galabru,…) y sont visibles dans leurs débuts.
Je souhaite vivement qu'il soit à nouveau disponible en DVD.
Et, invraisemblablement, elle a été suivie par deux films sortis en septembre 2011, à huit jours de distance : on voit par là que le cinéma français est volontiers suicidaire. D'abord, La guerre des boutons de Yann Samuell.
Puis La nouvelle guerre des boutons
de Christophe Barratier.
Notons que celui-ci s'est construit une spécialité de piratages et de détournements de succès du passé : après Les choristes
en 2004, démarque mignonnette de La cage aux rossignols
de Jean Dréville
en 1945, il a commis un salmigondis populiste et bien-pensant, Faubourg 36
qui prétendait reconstituer l'esprit de La belle équipe.
Et il s'est donc ensuite attaqué à une lourde trahison du livre de Louis Pergaud. Dès que, sur mon écran de télévision, j'ai vu surgir, au milieu des peignées que se fichent Longevernes et Velrans, la figure culpabilisante, moralisatrice et quasiment obligée de l'adolescente juive persécutée (car l'action est transposée pendant la Guerre, comme dans tout téléfilm qui se respecte en méprisant son public), dès que j'ai vu cette sinistre mascarade, j'ai évidemment zappé.
Quelle recette pour un film tourné en Noir et Blanc, sans acteur de première importance, sans histoire amoureuse et sans prétexte policier ? Sûrement la réputation du livre, que tout le monde ou presque avait lu depuis sa parution en 1912, juste avant que les frères aînés des garnements – et aussi sûrement les plus âgés d'entre eux, Lebrac (André Treton) ou l'Aztec (Michel Isella) – n'aillent se faire massacrer au Chemin des Dames.
Le renom du livre, mais aussi la fraîcheur des bouilles d'enfants, leurs courses dénudées à travers les bois (qui firent grincer quelques grincheux grinçants, ce qui n'a rien de surprenant), l'étonnant succès de la ritournelle Si j'aurais su, j'aurais pas venu ! proférée par le non-moins étonnant Petit-Gibus (Martin Lartigue qu'Yves RobertParce qu'il faut bien dire que l'anecdote est au dessous de la minceur, que les grasses plaisanteries paysannes sont lassantes, que la répétitivité des scènes fait bâiller, qu'il n'y a pas un personnage vraiment tracé. Yves Robert a connu, d'ailleurs, paraît-il, les pires difficultés à produire et à faire distribuer son film.
Et ça a marché : un de ces miracles surprenants du cinéma qui n'ont pas de rapport avec la qualité du film…
Dix ans après mon intervention, voilà une réaction, c’est formidable d’actualité !
Plaisanterie mise à part, il conviendrait de préciser que « Si j’aurais su, j’aurais pas venu » n’est pas de Louis Pergaud, mais bien d’Yves Robert. Cette géniale trouvaille a sans doute contribué à garder la mémoire du film et de l’auteur du roman.
La fin authentique du roman est celle-ci : en parlant de leurs parents, c’est La Crique qui s’exprime :
"- Dire que, quand nous serons grands, nous serons aussi bêtes qu’eux !"
Avec mes bien cordiales salutations
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