Un des chefs-d'œuvre de John Huston. Mais le DVD actuel est une honte : aucun bonus et une qualité technique décevante.
Chef-d'oeuvre, je n'irais pas jusque-là. J'adore John Huston, mais ce film ne m'a guère emballé, malgré ses interprètes de légende. Ce n'est pas le principe du huis clos, au contraire : mais dès qu'on arrive dehors, on tombe sur des extérieurs fabriqués en studio. Comment y croire ? Tant qu'à s'appeler Key Largo, il aurait dû être tourné dans le splendide décor naturel des Keys. L'origine théâtrale est évidente, avec toutes ces entrées et sorties à point nommé, et plus encore dans certaines scènes statiques "à tirades", où brille Edward G. Robinson; bien qu'il en fasse des tonnes, on en redemande ! La chimie entre Bacall et Bogart est évidente et aide à faire passer la sauce. Pourtant les dialogues me semblent artificiels, encombrés de notations psychologiques qui feraient bien mieux de passer par le jeu des acteurs que par la parole. L'histoire est sans réel développement et le dénouement sans surprise.
Faudrait que je le revoie, mais je suis, je crois, très proche de l'avis d'Arca (quelle surprise !) et j'ai trouvé, il y a quelques années, bien théâtrale et convenue cette histoire et ce film pourtant assez mythique…
Je vois qu'on est tous d'accord ! Key Largo, c'est le genre de film que tout le monde devrait adorer : Huston, le couple Bacall-Bogart, Robinson, Claire Trevor (excellente dans ce film, si mes souvenirs sont bons), mais… On a beau le revoir, rien n'y fait. Quelque chose ne fonctionne pas. Arca a sans doute raison de mentionner l'indigence des décors en studio, où on aurait aimé voir les vrais Everglades. Casablanca aussi, fut entièrement tourné à Hollywood, mais tout marchait miraculeusement…
Ce quasi-huis clos insulaire et battu par les vents n'est pas si indigent que cela. Certes pas un chef-d'oeuvre mais les acteurs font vite oublier la mollesse de la mise en scène et un scénario prévisible.
Lionel Barrymore et Marc Lawrence sont encore impayables en gangsters en goguette.
Il paraît que la scène de la cuisine des tontons flingueurs avec Blier, Ventura, Blanche, Lefebvre et Dalban est un hommage aux films de gansters américain et notamment à ce Key Largo en détournant de manière cocasse la séquence où tous les pensionnaires de l'hôtel sont accoudés au bar.
Et puis y a Bogart !
« Lionel Barrymore et Marc Lawrence sont encore impayables en gangsters en goguette. »
Va pour Marc Lawrence qui a la gueule de l'emploi en Ziggy, mais Lionel Barrymore, me semble-t-il, joue plutôt l'honnête papa de Lauren Bacall.
Vrai, je m'en vais de ce pas à Canossa ! Je confondais Robinson et Barrymore. La flagellation avec des rameaux d'ortie… voilà ce que mérite ma grossière erreur.
Merci de la correction, ami Arca.
Key Largo est un film atypique à part dans la carrière de Bogart .
Il interprète ici un héros timide et effacé, à la vulnérabilité constante pour laisser la part belle aux gangsters monopolisant la place. Point de dialogues mécaniques et acerbes, mais des regards de doute et de peur sur son visage.
En somme un excellent film à découvrir pour sa scène finale christique et romantique à souhait. Enjoy !
Encore revu l'autre jour et encore déçu ! C'est vraiment, comme le disent excellemment Arca et PMJarriq un film où John Huston n'a pas pu se départir du théâtre et dont on voit vraiment que c'est l'adaptation d'une pièce à succès.
On y entre et on y sort, côté cour et côté jardin, et, à part à de rares moments, on ne ressent pas ce qui devrait apparaître évidemment : un huis-clos poisseux dans un îlot désolé, avec l'odeur confinée de la sueur, du cigare de Johnny Rocco (Edward G. Robinson), les effluves sucrées pourries de la mangrove, les gifles de pluie de l'ouragan. On ne sent que bien rarement cet ouragan, d'ailleurs, et Huston ne le fait intervenir, un peu niaisement, que dans des fenêtres qui s'ouvrent brutalement, et qui sont promptement refermées.
Ce même côté théâtral est présent dans le jeu des acteurs, davantage orienté vers la scène que vers le cinéma : ainsi le vieux Temple (Lionel Barrymore), demi paralysé tentant de se lever pour se jeter sur les gangsters, ainsi sa belle-fille Nora (Lauren Bacall) martelant de ses poings l'affreux Rocco et se faisant cueillir par un baiser qu'on imagine gluant.
Cela dit, on ne peut pas jeter Key Largo dans les ténèbres extérieures, parce que, si les seconds rôles sont bons, voire excellents – Claire Trevor qui interprète Gaye, l'alcoolique au grand cœur reçut un Oscar pour son jeu – les stars sont du domaine du mythe et qu'on est toujours bluffé en revoyant Humphrey Bogart, Edward G. Robinson et Lauren Bacall réunis sur l'écran…
Et à dire vrai, je trouve que Bogart est un peu en dessous (c'est le rôle qui veut ça, sans doute), mais que Robinson, immonde comme on rêve d'en écraser un sous son talon est merveilleux. Quant à Bacall, je ne suis pas sûr d'être objectif depuis que – voilà une confidence dont je ne suis pas peu fier – j'ai noué sur sa nuque, en factotum ravi, la cravate de Commandeur des Arts et des Lettres… Le ravissement du Look persiste, presque vingt ans après… en tout cas, sa grâce et sa séduction illuminent Key Largo…Qui n'est pas un très bon film, la chose est avérée !
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