La quarantaine embourbée de Luis Costa (Alain Chabat) consolide une manière délibérée de vivre au jour le jour dans un espace non pollué par les responsabilités, la femme est un outil de passage, un plan sexe sans lendemain.

La pression familiale environnante exclusivement féminine s'acharne à dématerner ce célibataire endurci qui peu à peu va se découvrir des zones de perceptions inconnues.

Emma (Charlotte Gainsbourg) recrutée par contrat afin d'entretenir un existant est sensible sous les traits d'un rôle de composition. L'aspect financier n'est qu'un leurre envers une jeune fille désirant se stabiliser dans une relation.

En parallèle un manque immense, indispensable programmé par la nature conditionne inconsciemment le rapprochement de ces deux esprits fait l'un pour l'autre.

Pour le découvrir il faut dans un premier temps s'investir et se déstabiliser dans des comportements surfaits éclairants une attirance mutuelle masquée.

Emma et Luis joue une comédie absurde et outrancière, n'apportant nullement les espérances escomptées, les perceptions de l'entourage sont parfois surprenantes, la providence refuse de séparer une association méritant mieux que ces agissements déstabilisants.

Un enfant découvert sur un écran de télévision rougit des yeux de quelques larmes, le plan est faussé, suite à cet appel du destin la détermination de se rapprocher prend naissance dans des concessions de plus en plus importantes, chacun lâche du lest, la route est tracée, ce qui était voulu au départ par pression externe s'obtient par soi-même de manière naturelle.

Les autres ont bien souvent raison sur les jugements négatifs qu'ils nous portent, il suffit de s'en apercevoir soi-même et d'activer les procédures adéquates, c'est un peu le message de ce film drôle sans prétention plébiscité de manière spontané par un public sevré de cocasseries. Le suivi des évènements est simple, rassurant dans sa conclusion, tout le monde est heureux sur l'écran et dans la salle. Ce petit bonbon parfumé aux comédies des années 40 reveille la nostalgie d'une mémoire collective.

«Prête moi ta main» est un coup de semonce de la vie envers un quadragénaire à quelques encablures du vieux beau. Luis Costa pressé de tous parts par un entourage exclusivement féminin dont certains maillons sont en ruptures psychologiques a la chance inouïe de pouvoir s'imposer comme un chef de famille en s'insérant dans un système marital. La force change de camp par un coup de maillet asséné virilement sur une table.

Cette mise au point finale donne naissance enfin à un être mature, opérationnel dans la directive.

Jipi, mon ami, je retrouve en vous cette sagacité qui fait la qualité de notre institution nationale jalousée ô combien par nos partenaires, je dirai "La Gendarmerie Nationale"…

Je… mon adjudant-chef !

Non ! Non ! Jipi ! La valeur n'attend pas le nombre des années…

Gngngngngnmmnmnmnn ! Mon adjudant-chef !…

Bon, après ce défoulement dont je n'ai pu m'empêcher, j'avoue avoir pris grand plaisir à la vision de ce film et aux diverses péripéties. Je me suis énormément amusé à revoir Bernadette Lafont dans un rôle inénarable où elle cabotine à souhait pour le plaisir de tous.

Pour ces fêtes de fin d'année, c'est un divertissement très agréable, sans prétention et qui fait bien rire d'autant qu'il est en plus très bien joué. Si j'avais des belles-soeurs comme celles du film, il y aurait de quoi pêter les plombs… Certains moments sont succulents.

Comédie sympathique sans plus, critique de l'égoisme de certains célibataires jouisseurs qui profitent de la vie sans penser à ce que eux pourraient apporter au monde qui les entoure. Des effets faciles parfois dans la réalisation (le mariage tellemnet mal monté et joué que j'ai cru au début à un rêve du personnage principal). Charlotte Gainsbourg est par contre elle magnifique.

Dommage. J'aurais cru qu'un film intitulé "Prête-moi ta main" aurait été un film d'humour noir…

… ou érotique !

Ou un film de SF…

C\'est le début d\'une nouvelle de Patricia Highsmith : \"Il était une fois un jeune homme qui demanda la main d\'une jeune fille. Il la reçut – sa main gauche – dans une boîte.\"