Certains films bénéficient de remakes respectueux, c'est le cas de ce « copier coller » d'un module source de 1976 réalisé par Richard Donner.

Le travail est bien fait, les effets sont maîtrisés, aucune déferlante injustifiée. Cette famille frappée par un destin négatif lutte vaillamment contre une implantation diabolique dans le pire des endroits : un corps d'enfant basic cachant un summum destructeur.

L'église résiste au diable par des propos métaphysiques que le commun des mortels ne comprend plus. Ces deux idéologies bien et mal ressemblent de plus en plus aux visages de la peste et du choléra s'affrontent en prenant comme otage un diplomate méprisant intégré dans une troisième sphère celle du carriérisme.

Tout ceci ressemble à un décompte final, une violence déjantée ou la conquête du pouvoir n'a plus que des règles positionnées sur des messages bibliques obscurs, le tout véhiculé dans la pénombre de salles « vaticanesques ».

L'enfant par sa conscience à l'image du malin est un manipulateur habile se servant de la protection d'une société.

Ce visage poupon est un reflet de certains de nos maîtres politiques ou autres dominants cachant sur un visage lisse la pire des déterminations.

Damien est une machine infernale, un tyran en culottes courtes programmé sur un terrain ou chaque composant est en pleine dérive idéologique.

Le Messie et l'antéchrist sont depuis la nuit des temps la répétition d'un langage religieux jamais réactualisé. La bataille finale se dirige de plus en plus vers une conception mal contre mal ce qui néantise le conflit à sa base.

Le regard final de Damien en dit long sur les nombreux beaux jours qui lui reste à vivre.

Heureusement qu'il y a la diabolique Mia Farrow ! Certes, vu qu'elle est liftée, elle fait trop jeune pour le rôle (alors qu'elle a en réalité l'âge du rôle), mais bon, ne chipotons pas. Le monolithique Liev Schreiber n'est certes pas Gregory Peck; David Thewlis n'est vraiment, vraiment pas le grand David Warner; quant à Julia Stiles, ma foi, c'est une heureuse surprise : on peut dire qu'elle remplace honorablement Lee Remick. Et bien sûr, Pete Postlethwaite a une vraie belle tête de curé de film d'horreur.

The Omen, l'original, n'était déjà pas un très bon film; et moi qui croyais naïvement qu'on allait tenter de l'améliorer, j'en suis pour mes frais. Les invraisemblances sont toujours grosses comme des câbles (un membre éminent du corps diplomatique U.S. en Grande Bretagne s'en va baguenauder au diable vauvert pendant des jours sans que personne n'y trouve à redire). Enfin, le pire est ce côté "peinture à numéros" : les exécutions du Malin sont en grande partie les mêmes que dans l'original ! Quel manque d'imagination. Je crois que je vais revoir la première mouture avec plus de sympathie, la prochaine fois.

Et puis la décapitation originale était meilleure que sa nouvelle mouture… Les molosses infernaux étaient plus inquiétants en 1976, plus bibliques, en un certain sens. Le film de peur, même moyen, est d'abord et avant tout une affaire de création d'atmosphère, or l'obsession d'aller vite empêche le film de prendre le temps qu'il y faudrait, même si certains extérieurs tempêtueux, pluvieux et nocturnes sont fort réussis (la photo dans l'ensemble est très bien). Ainsi la demeure ou habite le diplomate et sa petite famille est beaucoup trop grande, comme dans l'original, qui en tirait d'heureux effets, mais demeure ici sous-exploitée.

Bref, ce remake est tout à fait inutile, les mordus du genre auront autant de plaisir, sinon davantage, à se farcir l'original. Moi qui suis une proie facile pour les films de peur – même moyens – j'ai à peine tremblé devant celui-ci; c'est dire. L'autre m'avait agacé, c'est vrai, mais quand même flanqué une vraie frousse – spectaculaire sortie de scène de David Warner…

Ta critique correspond à ce que j'ai pensé des remakes de The hitcher ou Amityville…

Ce n'est pas parce que – par miracle – celui de Massacre à la tronçonneuse a été couronné de succès, que cela va se reproduire à chaque coup ! Mais ce vieux principe de battre le fer tant qu'il est chaud, et d'épuiser un filon le plus vite possible, a toujours été de mise à Hollywood. Pour ce qui est de The omen, je vais suivre ton avis, et en rester à celui de Donner…