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Forum : Cannibal Holocaust

Sujet : Immonde et formidable


De Impétueux, le 12 juin 2006 à 14:32
Note du film : 6/6

Pour justifier mon choix de classer Cannibal holocaust au 50ème rang de la liste de mes films préférés, choix contesté par certain amateur de cinéma que j'ai en haute estime, j'avais écrit : Je tiens le film de Deodato pour l'archétype du mauvais goût, de la roublardise, de la complaisance et de l'ignominie. Et comme vous n'êtes pas sans l'avoir remarqué, je suis, en matière cinématographique (et littéraire) un individu profondément a-moral, jugeant, avec quelque apparence de raison, que les bons sentiments ni le bon goût ne font de bonnes œuvres.

Il est certain qu'il n'est pas délicat de se citer, mais, s'agissant d'une œuvre pareille, je pense que personne ne viendra me chipoter et qu'allier délicatesse et Cannibal holocaust serait aller chatouiller le paradoxe particulièrement loin.

Donc c'est un film immonde, où tout concorde pour donner le dégoût de tous et de chacun : ce que j'appelle roublardise, c'est d'avoir tourné cette fiction sur le mode quasi ethnographique de bandes de films retrouvées au cours d'une expédition, alors montées et présentées comme s'il s'agissait de réels documents. L'admirable Projet Blair witch en a peut-être été influencé, a repris ce procédé qui, évidemment, donne une touche d'efficacité parfaite et d'autant plus immonde à cette plongée dans le monde primitif de l'Amazonie, où on dévore crus les intestins d'animaux et où les tortues géantes sont découpées à la machette.

Plusieurs scènes peu soutenables (notamment le viol avec une pierre, puis l'empalement d'une jeune fille), un accouchement particulièrement crade, des moments où on n'est pas vraiment sûr qu'il y ait trucage.

Chef-d'œuvre, donc, d'astucieuse veulerie qui ne serait pas devenu aussi culte s'il n'avait eu de réelles qualités de structure et de scénarisation. C'est précisément la perversité absolue du propos qui m'a séduit.

Ah ! Je viens d'écrire c'est un film immonde, où tout concorde pour donner le dégoût de tous et de chacun ; eh non ! TOUT ne concourt pas en ce sens, et c'est encore une dimension qui en rajoute dans la perversité : la musique, lumineuse, sereine, majestueuse paraît couvrir de son ample mélodie toutes les saletés du film. Elle est de Riz Ortolani, auteur à succès d'un standard internationalement repris et interprété, More .

Comme par hasard, More était la musique de Mondo Cane ; comme on se retrouve !


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De Gaulhenrix, le 21 janvier 2008 à 18:46

Choquant à l\'époque de sa sortie par son propos et ses images, Cannibal holocaust apparaît aujourd\'hui comme un film plutôt roublard. Sans doute faut-il lui préférer Vorace de la réalisatrice anglaise Antonia Bird (très bien analysé par bastien dans le Forum qui lui est consacré) porteur d\'une métaphore sur les Etats-Unis particulièrement judicieuse.


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De Impétueux, le 21 janvier 2008 à 19:20
Note du film : 6/6

Cher Gaulhenrix, c'est bien la roublardise de Cannibal holocaust qui me fait tant apprécier ce film immonde et qui, lui, au contraire de ce Vorace dont je vais aller dévorer (hihihi !) la fiche commentée, ne prétend pas à la moindre métaphore sociétale…


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De Impétueux, le 22 janvier 2008 à 19:48
Note du film : 6/6

Zombie n'arrive pas au quart du tiers de la cheville de Cannibal holocaust : c'est une fable de science-fiction, une parabole philosophique si on veut, un film d\'horreur aux codes bien connus.

Cannibal holocaust – et c'est là que c'est très fort – donne l'impression qu'on assiste à une conférence de Connaissance du Monde


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De Gaulhenrix, le 2 février 2008 à 21:06

Voire… Un très ancien proverbe cannibale professe crûment : « Mieux vaut être au chaud dans le corps de ton ennemi qu'enterré sous la terre froide. » Alors, que choisir : la terre, le feu, la momification ou… ?

Allez, bon appétit !


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De verdun, le 26 juillet 2014 à 21:57
Note du film : 3/6

Impression mitigée.

D'un côté il m'est difficile d'exprimer un quelconque enthousiasme pour cet étalage d'atrocités extrêmes, le pompon étant constitué par les exécutions gratuites et inutiles d'animaux, notamment une tortue. On retrouve d'ailleurs cette même caractéristique dans d'autres films italiens de cannibales comme La montagne du dieu cannibale. D'une manière générale je n'ai guère d'affinités avec le cinéma gore. J'apprécie le fantastique, l'ambiance angoissante mais n'apprécie pas outre mesure les séquences sanguinolentes… D'ailleurs Cannibal Holocaust est-il un film que j'ai vraiment vu, détournant les yeux lors de scènes connues à l'avance même par celui qui n'a pas encore visionné le DVD ?

Mais il est également indéniable que ce film possède des qualités cinématographiques qui le placent très au-dessus de la mêlée du cinéma gore, des films de cannibales et de zombies qui déferlèrent dans ces années 1979-1981, en Italie comme ailleurs. Le film est très efficace, on ne s'ennuie pas une minute, et pas seulement dans la mesure où l'on s'attend à un film sulfureux: autant Salo ennuie, autant Deodato captive. Le film ne manque pas d'intelligence dans sa façon de mettre dos à dos monde dit "barbare" et monde dit "civilisé" , de critiquer la perversité de médias friands de voyeurisme, ainsi que le spectateur d'ailleurs. La structure en deux parties, le voyage classique puis l'expédition vue par une caméra subjective est également une grande idée de cinéma. La superbe musique de Riz Ortolani digne du Morricone le plus lyrique, provoque un effet ironique des plus réussis.

Donc chef-d'oeuvre ou abjection ? Un peu des deux…


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