Certes, on peut ne pas être sensible au cinéma de Pedro Almodovar, mais peut-on nier qu'il demeure sans doute le plus grand cinéaste européen actuel ?

Une fois plus, En chair et en os en est une preuve éclatante, une oeuvre malheureusement bien méconnue mais qui annonce la plénitude de Tout sur ma mère et de Parle avec elle.

Le film prend l'allure d'un polar ,mais bien évidemment le père Almodovar met tout cela à sa sauce. Le film paraîtra -du moins,à ceux qui n'aiment pas le cinéma du maître espagnol- riche en couleurs vives et personnages déviants, notamment les hommes, vulnérables à souhait. Mais c'est au service d'une intrigue plutôt tortueuse et plus sombre que prévue qui de loin rend hommage aux figures du film noir traditionnel: femme fatale et tutti quanti.

Le cinéaste nous offre un festival de scènes d'anthologie, que ce soit la scène d'ouverture marquée par l'accouchement drôlatique de Penelope Cruz et surtout, vers la fin du film, une des scènes d'amour parmi les plus étonnantes et poétiques jamais filmées.

Un film qui mériterait d'être beaucoup plus connu !!

En effet, ce film m'est rigoureusement inconnu. Ce qui m'étonne, c'est qu'il soit si récent. Avec ma naïveté coutumière, je croyais qu'après Femmes au bord de la crise de nerf, Almodovar était définitivement "sur la carte" – pour les bons et les moins bons crus; mais non. Ce qui me ramène à un de mes dadas : la distribution des films non-américains est dangereusement aléatoire, même en Europe où on se serait attendu à de meilleures solutions… Si ce film (qui semble fort intéressant) est méconnu, c'est peut-être parce qu'il est mal sorti, voire pas sorti du tout en salles…

Saluons effectivement cette très belle réussite de Almodovar, comme le souligne Verdun à juste raison. En chair et en os frise la perfection et on ne peut que le conseiller chaleureusement à nos amis lecteurs du forum. On peut remarquer entre mil autres aspects intéressants l'utilisation par Almodovar des figures découpées dans un sens vertical, que ce soit une orange, des buildings, ou des corps enlacés (voir l'affiche du film). Il faudrait le visionner à plusieurs reprises pour en dégager toutes les subtilités formelles ou autres.