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Forum : Un Américain à Paris

Sujet : Critique


De dumbledore, le 1er août 2003 à 14:22
Note du film : 6/6

Qu'il fait bon vivre dans les comédies musicales hollywoodiennes ! Tout y est beau, les gens, leurs intentions, même la pauvreté y est agréable car il y a toujours une âme secourable pour vous donner envie de danser et de chanter. Et puis il y a l'amour, toujours et incontournable.

Le maître de la comédie musicale est sans conteste Vincente Minnelli qui signe ici un de ses plus beaux films. Il a su notamment utiliser les couleurs du Technicolor

avec un rare savoir faire. La fin du film est d'ailleurs un des exemples les plus manifestes de son travail. La grande fête où se trouve "le tout Paris" est dans le noir et blanc, aussi bien dans les costumes que dans les décors. Succède à cette scène dans la réalité, une longue scène musicale fantasmagorique qui en est l'opposée. Les couleurs se percutent, avec notamment des rouges vifs, dans un rythme de folie musicale. La scène est flamboyante, une des plus belles du genre. Scorsese s'en est d'ailleurs amplement inspiré pour sa fin de New York, New York

Cette idée de mise en scène est, comme il se doit dans tout bon film, porteuse de sens. Elle est l'incarnation du thème que traite tout le film du début à la fin et que l'on pourrait résumer par cette devise "il faut avoir le courage de fuir la tentation de la richesse facile et trompeuse pour oser embrasser la vie de bohème, riche en sincérité humaine". Le monde riche et tentateur est celui incarné par le noir et blanc de la fête. La richesse de la vie de bohème est représentée par la scène onirique en couleurs. La présentation des personnages repose sur cette même dualité. Les trois personnages masculins sont présentés après une méprise : "Non, ce n'est pas moi là, je suis celui-là, au fond". La caméra va alors chercher le moins riche, le moins beau, le moins heureux.

L'histoire entre les deux personnages principaux répond à la même dualité. Chacun doit choisir entre une histoire d'amour rassurante avec une personne qu'il aime peu (la veuve riche pour Gene Kelly, l'homme qui l'avait élevée pour Leslie Caron), et une relation amoureuse plus forte mais plus risquée (se choisir l'un l'autre).

Cette hésitation entre deux approches (l'une rassurante, l'autre risquée) de la réalité se trouve également dans le métier de Gene Kelly. Peintre, il transforme son regard sur la réalité crue et réflechie en un regard artistique, stylisé.

La richesse du scénario est le témoin d'une écriture intelligente et sacrément efficace. Le mélange de chanson et de scènes de comédie est très bien équilibré, aidé en cela par une partition sublime de George Gershwin. Les dialogues sont également particulièrement aiguisés, très fins. Ceux du personnage mélancolique et grognon du confident Oscar Levant sont un vrai régal.

Seuls les décors du film ont pris un sacré coup de vieux. Le film sent le studio à plein nez et le Paris décrit dans le film n'est pas vraiment crédible. Mais est-ce que la crédibilité est si importante dans la comédie musicale ? Pas sûr.


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De Moonfleet, le 20 août 2003 à 11:42
Note du film : 6/6

C'est justement le côté studio et les couleurs irréalistes qui font tout le charme de ce genre que je chéris particulièrement. Vive le Paris de Minnelli  ;-)


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De Marieke, le 24 octobre 2004 à 15:27

Ce film est merveilleux ! Gene Kelly, parfait !


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De Impétueux, le 12 février 2012 à 19:34
Note du film : 5/6

Tiens, pourquoi 5/6, seulement, pour un film merveilleux, exemplaire, modèle d'une comédie musicale toute de gaieté, d'images ravissantes et de musiques enchantées ? Pourquoi 5/6, c'est-à-dire pas tout à fait autant, pour ce Minnelli que pour les deux Donen que je mets tout en haut de mon Panthéon personnel, Les sept femmes de Barbe-rousse et Chantons sous la pluie ?

Pourtant ça ruisselle de qualités et de talents, il y a des moments de grâce miraculeuse : ainsi toutes les rencontres de Jerry (Gene Kelly) et de Lise (Leslie Caron) sur les quais de Seine, qui dégagent une poésie fragile, délicate, aérienne ; ainsi, précisément le charme de Leslie Caron, dont c'était le premier film, et qui n'a pas fait la grande carrière à quoi sa frimousse ravissante de chat, son élégance naturelle, sa fluidité d'allure, sa double ascendance franco-américaine la destinaient ; ainsi un merveilleux Technicolor, dont Minnelli fait un usage de virtuose, jouant des éclairages, des contrastes, des codes avec un art consommé,

Ainsi, bien sûr, la musique de George Gershwin, dont on prend conscience à chaque note qu'elle est de celles qui ont marqué, marquent et marqueront notre imaginaire et feront toujours notre bonheur ; ainsi le dialogue, pétillant d'esprit, nourri de formules vachardes et spirituelles (Jerry à Milo – Nina Foch – qui le reçoit au Ritz vêtue d'une robe minimale : Comment tient cette robe ?  – Par pudeur !)…

Alors ce 5 ? Ben oui… Un petit effritement à cause de la dégaine gominée et à la voix de caramel mou de Georges Guétary, le Mariano du pauvre, aussi insupportable que d'habitude ; mais un gros du fait de l'histoire narrée, d'une banalité extrême, au rebours de celles de Donen célébrées plus avant. C'est tellement prévisible, et irritant de prévisibilité que ça m'a agacé…

Mais si tous mes agacements n'étaient qu'aussi épidermiques et infimes, la vie serait un chemin de roses ruisselantes de miel…

Regardez, regardons, voyons et revoyons Un Américain à Paris ; c'est, en plus, un beau chant d'amour du Nouveau Monde pour l'Ancien, un monde où l'efficacité à la new-yorkaise s'émerveille du plaisir de vivre à Paris, capitale du monde… Du monde intelligent, évidemment…


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