Ce grand moment du film noir à la française, qui n'a pas du tout à rougir de la comparaison avec ses homologues étasuniens demeure injustement méconnu.
La mise en scène est d'une très grande maîtrise qui confine presque à l'abstraction tant les mouvements de caméra et les cadrages sont à marquer dans les annales. Le travail de Henri Decae est à saluer eu égard à la magnificence du scope-noir et blanc qui nous est proposé. Vous ajoutez à cela un scénario brillant et subtil, une musique fascinante du débutant Lalo Schifrin, et la magnifique présence de Alain Delon et Jane Fonda.
Vous obtenez un film qui n'est pas aussi mythique que Plein Soleil mais se montre plus mystérieux et étrange et montre que Clément était tout sauf un cinéaste académique.
La virtuosité n'empêche pas l'insolite, bien au contraire !!
Une des belles réussites de René Clément, sur un scénario "fatal" que n'auraient pas renié Boileau et Narcejac. Quelle bonne chute bien amenée ! Ah, les histoires à chute, on dira ce qu'on voudra, c'est le bonheur. La photo en noir et blanc est superbe, le mouvement parfois trépidant – tout le début avec le jeune et cynique Delon qui a des sbires aux trousses. Les deux interprètes féminines ont en fin de compte un côté Louves pas piqué des vers, et si Jane Fonda tire bien son épingle du jeu – enfin dans un film français qui ne soit pas de Vadim ! – sa partenaire Lola Albright est une sacrée tigresse. Excellent noir à la française. Si ce suspense est méconnu, ce ne peut être qu'injustement !
Et puis en plus d'être en glorieux noir et blanc, c'est en jazz.
Si je partage globalement l'esprit de vos deux messages, je ne vous rejoins toutefois pas entièrement et ne donne que 3 là où vous mettez 5.
Cette atmosphère de Côte d'Azur huppée et assez trouble est fort bien rendue, mieux encore que dans Retour de manivelle (dont elle constituait, il est vrai, un des uniques atouts) ; la photographie d'Henri Decaë est superbe, la musique de Lalo Schifrin une remarquable réussite (le torride déshabillage de Mélinda (Jane Fonda) devant Vincent (André Oumansky), et la virtuosité de René Clément une vraie leçon de cinéma : c'est un film continuellement enrichi de magnifiques images, avec un sens très sûr de la composition. Alain Delon y est brillant, et Lola Albright belle à damner un saint.Mais je trouve que l'histoire patauge un peu, qu'elle se met lentement en place, manque de rythme, sauf à la fin où la chute qu'évoque Arca est assénée avec beaucoup de brio. Les dialogues sont mollassons, souvent emphatiques. Ils sont pourtant de Pascal Jardin, souvent mieux inspiré (tous ses films avec Pierre Granier-Deferre, notamment Le chat, ou encore Le vieux fusil de Robert Enrico); enfin – il est vrai que ce n'est pas grand chose – les cascades sont à la limite inférieure du ridicule.
Enfin…ça mérite tout de même largement d'être vu !
Les félins, c'est un des rares films de Clément que je n'arrive pas à apprécier. Tout y est frelaté, bourré de poncifs qu'on retrouve dans le moindre James Hadley Chase, il n'y a pas d'alchimie entre les comédiens, et qui plus est, vu les décors choisis et la beauté des extérieurs, le choix du noir & blanc est assez incompréhensible.
Mais je rejoins Impétueux dans son admiration pour Lola Albright, actrice très méconnue, qui a surtout fait carrière à la télévision, mais qu'on a également vue dans Champion en femme fatale, Un direct au coeur avec Presley, ou La route de l'Ouest.
La maitrise technique absolue de René Clément au service d'une intrigue vénéneuse mais artificielle. Un pur exercice de style, à la fois séduisant et frustrant. A revoir pour ma part car le pitch, l'affiche et les 1ères minutes m'ont trompé sur la vraie nature de ces Félins. Notons le remarquable transfert opéré par René Château.
Je partage les avis d'un peu tout le monde. A la fois brillant et un peu artificiel. L'image est magnifique (reflet de lumières dans les yeux des personnages, par exemple). Il y a aussi un côté iconoclaste (le clergé est risible, l'archiviste décalée). Ce film de René Clément aborde le sujet des classes sociales et des milieux différents, assez compartimentés, de façon très originale. On ne voit que le petit peuple qu'en toute fin du film.
Le choix du noir et blanc : un choix assumé. Les costumes et décors ont été choisis soit blancs soit noirs pour opérer des contrastes (et agir sur le mental du spectateur).
J'ai beaucoup aimé ! Un film presque expérimental, à mon sens, à la fois sur le fond et la forme. Le ressenti d'un spectateur à l'autre pourra être très différent, mais c'est un film à voir absolument.
Comme vous tous, j'ai beaucoup apprécié ce film. Démonstration évidente qu'on ne fait pas une œuvre majestueuse sans des techniciens hors-pair. Le tout est tellement bien éclairé, cadré, calculé, qu'on se dit que les acteurs se sont installés dans un immense cadeau cinématographique et n'avaient plus qu'à se laisser porter. Sans aller jusqu'à prétendre que Paul Préboist aurait fait l'affaire, je crois que Clément s' est montré royal avec la distribution toute entière en ce qui concerne tout ce qui peut embellir et faciliter le travail des comédiens. Les Félins voyagent vraiment en première et pas dans des cages comme dans Sous le plus grand chapiteau du monde. Très grand film. En passant, j'aimerais beaucoup savoir et comprendre comment la scène où Delon se jette devant le train qui l'évite de justesse a t'elle été réalisée ? Époustouflant !
Cela étant, j' ai vu dans ce film quelques ressemblances avec Boulevard du crépuscule. Je dis des bêtises, là ?
Oui, tout a été dit, par morceaux, dans les billets précédents: le noir et blanc très bien, je ne vois pas ce qu'aurait apporté la couleur, un suspense parfois un peu languissant et parfois intense, des cascades un peu ridicules, un Alain Delon plutôt moins m'as-tu-vu que d'habitude (non, non, je l'aime bien, mais parfois il joue un peu trop à être Delon, pas là), et on n'aimerait pas être à sa place entre ces deux spécimens de “louves”, l'une plutôt moins qu'elle ne paraît de prime abord (Lola Albright, wow!), et l'autre beaucoup plus (Jane Fonda, que dire, à fondre comme d'habitude), et tout ça se terminant par une chute trrrès réussie.
Et pourtant je ne mettrai pas un 5, parce que si j'aime tous les types de musique en général, et le jazz en particulier, j'ai trouvé la bande son horripilante! Je peux même dire qu'elle m'a gâché certaines scènes. Désolé, les goûts et les accords…
Dans une après-midi parisienne gluante de pluie, je me disais que retrouver la Côte d'azur toujours illuminée de soleil n'était pas une mauvaise idée. Et puis finalement, une godasse trouée dans une flaque d'eau. Dialogues infantiles, intrigue hachée, totalement invraisemblable, ellipses fatigantes.
Ce Clément-là annonce la fin de carrière ; on est loin des grands, très grands films des débuts : La bataille du rail, Le père tranquille, Au delà des grilles, Gervaise et on s'achemine vers les bizarreries finales, Le passager de la pluie, La course du lièvre à travers les champs, des trucs mal ficelés, des récits improbables, des histoires grandiloquentes…
Et lorsqu'un scénario est mal bâti, la façon de le filmer, si techniquement impeccable qu'elle peut être, ne suffit pas ; ni la qualité des acteurs (je ne renie rien de ce que j'ai écrit sur l'excellence du jeu d'Alain Delon, sur la beauté de Lola Albright et de Jane Fonda), ni celle de la musique (les thèmes excitants de Lalo Schifrin ), ni bien sûr la beauté de la photographie d'Henri Decae.Mais au regard de ça, combien de scènes un peu ridicules ! Celles du début où Marc/Delon est poursuivi par une équipe d'hommes de main qui veut sa peau et où il ne peut faire trois cabrioles ou sauter trois obstacles pour échapper aux tueurs sans se retrouver en face d'eux : on dirait Bip-Bip et Vil coyote les personnages du dessin animé, de Chuck Jones ; aussi celles où dans le labyrinthe de la grande villa de Villefranche, les balles font mouche à tous les coups.
Le retournement final est habile, évidemment, mais il n'est somme toute pas si inattendu que ça : c'est un peu le risque de ce genre : on sait tellement à l'avance que les choses ne vont pas se passer comme la logique initiale le voudrait qu'on soupçonne d'emblée la personne la moins soupçonnable de manipuler les cartes. Et on se trompe rarement…
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