Film d'amore e d'anarchia, ovvero 'stamattina alle 10 in via dei Fiori nella nota casa di tolleranza est sans doute la comédie de Lina Wertmüller
que je préfère. C'est un "grottesco" des plus efficaces, centré sur un paysan anarchiste (Giancarlo Giannini)
dont la mission consiste à assassiner Mussolini à Rome. Enfin, quand je dis "anarchiste"… Il se proclame anarchiste, mais on se demande surtout s'il sait lire ! Ou alors, c'est un anarchiste un peu stupide que des anarchistes intelligents ont envoyé se faire tuer à leur place. Toujours est-il qu'il doit tuer Mussolini et que son "contact" à Rome est une prostituée qui le cache dans le lupanar où elle travaille. Seulement, une autre prostituée tombe amoureuse de lui et cherche à l'empêcher d'accomplir sa mission suicidaire… Dans Film d'amour et d'anarchie,
plus que dans d'autres Wertmüller – dont les joutes politico-sexuelles me laissent souvent de marbre – on sent un certain désespoir affleurer de la farce. Et pour une fois (pour une rare fois, disons-le) c'est prenant : le finale particulièrement dur, comme le veut une certaine tradition comique italienne, m'a pris à la gorge. Il faudrait mettre ce DVD sur le marché en zone 2 en centrant la pub sur l'acteur Giancarlo Giannini,
dont le talent comique (découvert dans Drame de la jalousie,
de Scola)
est ici dans une forme redoutable.
« Le ton du film rappelle celle (sic) de Le christ s'est arrêté à Eboli. »
J'ai beau adorer ces deux films, je trouve leur ton, justement, sans rapport aucun ! Film d'amour et d'anarchie est une satire tragicomique, flirtant par moments avec la farce de cul (vu que ça se passe en grande partie dans un bordel romain). Le Christ s'est arrêté à Eboli
est un drame élégiaque et méditatif doublé d'une réflexion sur le choc des civilisations au sein d'un seul et même pays (particularismes culturels que Mussolini voulait éliminer pour leur substituer une seule et unique "identité nationale"). La seule chose que les deux films ont en commun – mais alors avec toute une kyrielle d'autres films italiens depuis 1945 ! – c'est qu'ils sont antifascistes. À part ça, je ne vois pas.
Il y a des différences de style, effectivement, pour traiter le même sujet (le fascisme), on ne peut te donner tort sur ce point. Des ressemblances toutefois quant à certains aspects de l'écriture cinématographique, très soignée des deux côtés. Le souci d'exactitude historique. Le caractère esseulé du personnage principal, loin de son lieu de vie habituel. La longueur des films (plus de deux heures des deux côtés). Le refus du spectaculaire. Six ans séparent ces deux films, et logiquement il y a des similitudes entre ces deux très, très, belles réussites du cinéma italien.
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