…je vote pour cette comédie de Vittorio de Sica que je n'ai jamais vue!

Silvana Mangano, Sophia Loren, Totò et Eduardo de Filippo. Un seul de ces quatre noms suffit à éveiller mon intérêt, alors vous pensez, les quatre.

Mais surtout, je veux voir Naples en 1954. Ah, Napoli ! Cette grande ville malade exerce sur moi une fascination magique, quelque chose qui bat à plate couture tous les Rome, Paris ou même New York qu'on pourra essayer de me fourguer. Je m'y suis même risqué de nuit… Pour un touriste mal dégrossi, c'était sans doute assez dangereux, mais je ne pouvais tout simplement pas résister.

Naples, c'est la ville de Totò et des frères De Filippo, mais c'est aussi la ville de La Peau et de Main basse sur la ville. C'est la ville de grands philosophes comme Giambattista Vico ou Benedetto Croce… mais aussi celle d'Achille Lauro, un politicien monarcho-populiste des années 50 qui profitait de la misère des gens pour acheter leur vote. Il leur offrait une paire de chaussures en échange. Et pour être bien certain de contrôler leur suffrage, il leur faisait donner une chaussure avant l'élection et l'autre après l'élection. Ne riez pas, c'est vrai.

Alors, j'ose croire, je me permets de rêver, oui, que cet Or de Naples est une comédie napolitaine bien goûteuse, truculente et tout et tout… Et puis il y a la Mangano… Aaaaaaah, la Mangano ! Quel rêve…

On pourrait peut-être penser à un superbe coffret double avec Opération San Gennaro, autre comédie située elle aussi à Naples – 25 ans plus tard, mais toujours avec Totò…

Arca1943

un petit joyau du grand maitre . de trés grands acteurs dans tous les sketchs.

Merci pour votre vote, Viborg44. Notons que la fiche de L'Or de Naples a déjà reçu la visite de 555 internautes. Tout n'est donc pas perdu… Et puis ce ne sont pas les noms illustres qui manquent sur l'affiche – à commencer par le grand Totò ! et la bellissima Mangano ! – alors une petite ressortie DVD, un de ces quatre…

J'ai aimé le 1er sketch avec Toto et le dernier avec V.De Sica qui interprete un baron ruiné qui a un probleme avec le jeu.

Le sketch du milieu avec Sophia Loren est plus classique.

Ce film est une petite merveille, et comme tant d'autres, il est introuvable. Quand se décidera t'on à faire connaître les grands films histoire de relever un peu le niveau de la culture générale? En tous cas, si quelqu'un possède une copie sur n'importe quel support en vf ou vo sous-titrée français, je suis preneur.

L'or de Naples est LE film a sketch de tradition italienne par excellence. Il pourrait etre la version italienne des "7 peches capitaux". Naples en est le decor avec sa beaute, sa grandeur d'alors (54) et sa folie qui n'est pas que legendaire. Mais ce sont les travers des hommes qui en sont le sujet, leur faiblesse quotidienne. Tour a tour les peches des hommes y sont traites avec drolerie, poesie et une grande generosite d'ame. Rarement le peche a ete traite avec tant d'humanite, rarement on a tant souhaite qu'il soit amnistie sur le champ. Ah heureuse epoque ou l'on pouvait critiquer, s'opposer et combattre tout en respectant et en aimant ! Tant qu'a parler de peche, a signaler que la demarche pressee, mais toutefois terriblement dehanchee de Sophia Loren dans les rue de Naples, trop serree dans sa robe fourreau stricte, est d'un erotisme torride…corrige par l'humour de la situation. Voila, l'Or de Naples est un film jubilatoire que Fellini devait certainement adorer. Ceux qui ne l'ont pas encore vu ont la chance de pouvoir encore le decouvrir. Ceux qui l'ont vu doivent militer pour que ce film sorte en DVD de toute urgence. Sinon, on peut le voir de temps en temps, sur Arte ou France 3…apres minuit bien sur.

5,4/6. L'Or de Naples réalisé en 1954 par Vittorio de Sica est une œuvre artistique brillante, d’une grande richesse thématique et formelle. C’est un portrait de Naples et de ses habitants, au milieu des années 1950, peint entre Méditerranée et Vésuve, quartiers populaires et immeubles cossus. Des plans d’ensemble soulignent la variété de l’architecture de la cité, l’immensité de son étendue, la richesse de sa culture. Le récit décrit la vie au quotidien de ses habitants, riches ou pauvres, hommes ou femmes, jeunes ou âgés. Un examen approfondi des comportements des uns et des autres montre l’importance du facteur argent, qui stratifie la société napolitaine en couches compartimentées. Cet examen révèle les faiblesses humaines –lâchetés et mensonges, petits ou grands- et aboutit à une hiérarchie différente, sur un plan moral. Le comte désargenté se ment à lui-même, et s’enferme dans un système de représentation obsolète et ridicule, alors que la mère de famille issue d’un milieu populaire et en deuil dirige dignement le cortège funèbre à travers la cité. Mais rien n’est simple comme le montre le dilemme de la jeune mariée, hésitant entre deux milieux sociaux possibles.

Le scénario co-signé par Cesare Zavattini et Giuseppe Marotta est de haut niveau, comme tous les composants liés à cette oeuvre cinématographique (musique, photographie, interprétation, montage, décors, costumes…). L’agencement des sketchs fait basculer très progressivement L'Or de Naples de la pure comédie vers la comédie dramatique puis vers le drame pur. J’ai été frappé par la qualité de la réalisation de Vittorio de Sica, dynamique et moderne. Le cinéaste emploie tout au long des 130 minutes du récit une grande variété de plans, merveilleusement agencés. Plans-séquence, travellings, plans d’ensemble, moyens, rapprochés, plongées etc.. nous plongent au cœur de cette histoire et nous suivons pas à pas les nombreux personnages, toujours en mouvement, dans les complexes relations humaines et sociales qui les nouent les uns aux autres. Les descentes d’escalier, ou d’ascenseur, nombreuses dans cette cité constituée d’immeubles à étages, sont filmées à la perfection. Perfection également pour les plans déroulés de façon horizontale. Le choix des plans et l'assemblage des idées, au-delà du portrait de la cité, confèrent à ce récit une envergure universelle et intemporelle.

De Sica, après avoir tourné quatre films bouleversants (Sciuscia, Le voleur de bicyclette, Miracle à Milan, Umberto D.), qui atteignent ou frisent le chef-d'œuvre, avait été parallèlement attaqué par les deux grandes forces politiques qui régentaient l'Italie de l'époque : la Démocratie chrétienne, hégémonique depuis l'institution de la République, en 1946 et jusqu'en 1963, où elle dut composer avec les Socialistes, jugeait que le regard triste du cinéaste sur la grande misère de l'Italie était trop négatif et pessimiste. Le Parti communiste, le plus puissant du monde occidental (jusqu'à plus d'un tiers des votes en 1974) lui reprochait de ne pas esquisser la moindre esquisse d'ébauche de proposition et de ne pas appeler à la révolution prolétarienne. Dès lors, le réalisateur, pour tourner, devait aller vers d'autres orientations : l'histoire d'amour sèche et un peu triste de Stazione Termini, à Rome et le film à sketches L'or de Naples.

Et pourtant il est bien vrai que la mort rode sur les pentes de la cité, au milieu des venelles crasseuses et des façades orgueilleuses des palais décrépits. Certes, elle n'est pas là dans chacun des épisodes. On n'en voit pas trace, par exemple, dans le sketch Les joueurs, par ailleurs délicieux, où le comte Prospero (De Sica lui-même), tenaillé par l'absolu démon du jeu mais tenu serré par sa femme (Irène Montaldo) en est réduit pour assouvir sa passion à affronter à la scopa un enfant, Genarinno (Pierino Bilancioni, absolument remarquable), le fils du concierge de son hôtel particulier, qui lui met une pile à chaque rencontre. Pas trace non plus dans Le professeur, où un violoniste de concert, Ersilio (Eduardo De Filippo) est aussi une sorte de donneur de conseils de toute nature au petit peuple de sa piazzetta (c'est le sketch le plus faible, à mes yeux et malheureusement il achève le film).

Pour autant, il me semble que ce De Sica-là n'a pas la puissance émotive qu'il a eue dans ses films antérieurs et qu'il retrouvera ensuite avec d'autres œuvres formidables, La Ciociara ou Le jardin des Finzi-Contini. Sans doute son talent s'exprimait-il mieux dans le drame que dans la comédie même si, comme très souvent dans les films d'Italie, l'ombre se mêle à la lumière…