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Sujet : Une perle parmi les perles !


De vincentp, le 6 janvier 2006 à 20:19
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Un film magnifique, évidemment à rééditer, dans lequel, comme toujours, Ozu exalte les valeurs familiales, avec ses personnages types : le garçon cabochard, la grande soeur timide -magnifique Setsuko Hara : Ozu a cherché à la marier à au moins deux reprises dans ses films-, le père qui supporte le poids du monde sur les épaules, les grand-parents qui regardent d'un oeil attendri grandir les petits-enfants, la famille voisine chez qui on va se plaindre et chercher le réconfort. Parabole universelle aussi et bien sûr sur ce qu'est la condition humaine, ses petits tracas, ses grandes souffrances, ses choix déchirants, et ses moments de bonheur fugaces…

Le sommet de l'oeuvre d'Ozu reste néanmoins voyage à tokyo : le plus sophistiqué dans la construction narrative, le plus complet dans l'étude psychologique, le plus profond dans la prise de recul. Dans voyage à tokyo, il faut admirer la façon dont Ozu centre son étude sur un petit groupe de personnes, puis quand tout a été dit sur celui-ci, élargit brutalement le propos en montrant des plans de la ville, donnant à ce présent propos son aspect universel. Tout est alors suggéré par l'image…

Un cinéaste de génie, à étudier sous toutes les coutures.


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De vincentp, le 7 décembre 2008 à 17:21
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Revu aujourd'hui dans le cadre du ciné-club Claude-Jean Philippe (critique extraordinaire, qui attire la grande foule à près de quatre-vingt ans, au cinéma Arlequin à Paris, et que l'on ne remerciera jamais assez pour sa fantastique activité en faveur du cinéma d'auteur, depuis si longtemps, avec un enthousiasme toujours intact).

Une nouvelle vision -cette fois sur grand écran- de Eté précoce qui m'amène à monter la note… Car c'est le genre de film qui vous assomme –comme rarement- un spectateur par sa grâce, son génie visuel et narratif. Tellement assommé que j'ai visité ensuite l'expo Mantegna au Louvre comme un automate. Ozu, c'est le cinéma poussé dans ses derniers retranchements créatifs. C'est sûr, dans 500 ans, on parlera encore de ce cinéaste, comme on parle aujourd'hui de Leonard de Vinci ou de Michelange.

On le sait, Ozu possède en 1951, -date de sortie en salle de Eté précoce- un style parfaitement au point, après près de trente ans d'activité professionnelle derrière lui. Ses personnages emblématiques représentant quatre générations et incarnés par des acteurs chevronnés comme Setsuko Hara ou Chishu Ryu sont définis, ainsi que les développements types du récit, ainsi que le style que l'on ne présente plus –voir autres fils consacrés à Ozu-.

Eté précoce, c'est le jeu de l'espace et du temps sur l'activité humaine… Le tempo du récit est mis à contribution pour faire passer des idées, des émotions, pour agir sur le conscient et l'inconscient du spectateur, pour le remuer intérieurement. Le rythme qui fut alerte décélère progressivement au terme du récit. Le bris régulier des vaguelettes accompagne sur la plage la marche tranquille de la jeune fille, qui vient de trouver son chemin d'épanouissement personnel. Un cut zoom arrière final (la caméra s'éloigne progressivement par plans fixes de l'objectif), accompagné par une douce musique aux tonalités lyriques, cadre les épis de blé de la campagne se balançant au gré du vent. La nature paisible est le berceau éternel du cycle de la vie, en quelque sorte.

Une démonstration de grand art cinématographique, qui atteint le sublime, et qui illumine le spectateur d'un bonheur rare – du moins le spectateur qui aura eu la présence d'esprit et la faculté d'arriver à rentrer dans ce type de cinéma si prodigieux-.


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De vincentp, le 24 mai 2010 à 11:34
Note du film : Chef-d'Oeuvre

La BFI anglaise (équivalent anglais de la Cinémathèque française) publie le 19 juillet 2010, des éditions blu-ray de Eté précoce, Printemps tardif et Voyage à tokyo. A venir aussi plusieurs films de Kurosawa, édités toujours par la BFI (en avance sur le Japon, curieusement).

Possibilité de commander via amazon.uk. Il s'agit d'une édition double DVD + blu-ray. Les prix semblent raisonnables. Attention à la douane.

http://www.amazon.co.uk/Early-Summer-Blu-ray/dp/B0038409YM/ref=sr_1_3?ie=UTF8&s=dvd&qid=1266288786&sr=1-3

http://www.amazon.co.uk/Tokyo-Story-Blu-ray-Chishu-Ryu/dp/B0038409Y2/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=dvd&qid=1266288828&sr=1-1

A propos du blu-ray : j'ai prêté à ma mère "la prisonnière du désert" en dvd-hd (l'ex concurrent du blu-ray). Le disque ayant un souci, elle est repassée en SD vers la fin et a estimé que la différence était "énorme".


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De vincentp, le 11 mai 2014 à 18:53
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Revu aujourd'hui sur grand écran. La copie présentée était de qualité médiocre, ce qui est dommage pour un film de cette qualité. Mes impressions pour cette troisième vision de Eté précoce au cinéma en dix ans : l'humeur et la sensibilité du moment du spectateur auront un impact important sur le ressenti de cette oeuvre, dénuée de scènes d'actions, centrée autour des mésaventures du quotidien et des relations ordinaires de personnages de la vie de tous les jours. Le scénario est très sophistiqué, mélangeant aspects comiques et dramatiques, de façon extrêmement habile.

Ozu gère à la perfection le spectateur pendant deux heures de spectacle déroulés sur un tempo sans faille. Setsuko Hara, dirigée par Ozu de façon millimétrée, produit une interprétation exceptionnelle (un des deux sommets de sa carrière avec Voyage à Tokyo). On retrouve les thèmes, et le style artistique de Ozu, commentés par ailleurs sur ce forum. Je n'ai pas l'impression que ce film soit si japonais que cela : les thèmes abordés sont universels, et le fait de ne pas montrer (ou très peu) des décors de la vie réelle renforce cette impression. Un chef d'oeuvre absolu, au final.


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De vincentp, le 1er mars 2016 à 20:44
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Dans le registre des disparitions, une est passé inaperçue : Setsuko Hara, décédée le 5 septembre 2015 à l'âge de 95 ans. Retirée des écrans depuis près de cinquante ans (!), la discrète et gracieuse Setsuko peut être considérée comme l'actrice japonaise la plus mémorable vue sur grand écran (et au-delà, car ayant probablement sa place dans le gratin du panthéon des actrices du XX° siècle !) A noter que le décès de Hara n'a été annoncé que le 25 novembre 2015 !

https://www.criterion.com/current/posts/2258-ozu-and-setsuko-hara

http://culturebox.francetvinfo.fr/cinema/evenements/setsuko-hara-actrice-fetiche-du-realisateur-japonais-ozu-est-morte-a-95-ans-231409


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De vincentp, le 5 mars 2016 à 21:15
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Je remets une petite couche sur le décès de Setsuko Hara. Elle fut à mon avis insignifiante dans les films de Kurosawa ou Naruse. Typiquement, L'idiot de Kurosawa. L'actrice ne trouve pas ses marques chez ce cinéaste.

C'est bien Ozu qui lui a fait acquérir une stature artistique de premier plan. Printemps tardif, Eté précoce, et surtout Voyage à Tokyo la placent au firmament. Elle y incarne la GRACE FEMININE !. Fin d'automne, et Dernier caprice ne sont que des confirmations de son talent, de son impact. Un des caractéristiques de cette actrice fut un jeu sobre, une fine modulation des émotions exprimées par le visage et les attitudes. Les photos jointes sur ce fil en sont une bonne illustration.


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