Comme tous les premiers films, celui de Claude Miller doit avoir ses défauts, mais ça fait un bail que je l'ai vu, alors je me rappelle surtout un drame prenant mâtiné de moments de comédie qui racontait un conflit sans doute un peu schématique mais très crédible entre deux moniteurs de colonie de vacances, avec une bonne fin bien ambiguë.
Excellent et tout jeune Patrick Bouchitey qui tient bien son bout d'écran aux côtés des tragiquement disparus Patrick Dewaere
et Christine Pascal,
que j'ai hâte de revoir tous les deux.
Bonus : la «tronche» Claude Piéplu est savoureux en directeur de la colonie compassé puis dépassé.
Je me souviens de son expression navrée en découvrant les "suggestions" des élèves : "Concours de bites", lit-il, découragé. Un grand personnage, ce Piéplu !
La meilleure façon de marcher demeure 30 ans après, un film d'une grande ambiguïté, qui traite en fait de harcèlement, plus que d'intolérance, comme on l'a beaucoup dit. Les raisons pour lesquelles Dewaere
tourmente Bouchitey
sont sous-entendues, complexes, malsaines, mais la tension qui en résulte est si intense, qu'elle soutient tout le film. Celui-ci est un peu chichiteux dans sa forme (les fondus au noir ou à l'iris, trop nombreux), mais Miller
doit beaucoup à Dewaere qui endosse sans faiblir un rôle absolument haïssable de macho brutal, à l'agressivité incontrôlable. Les seconds rôles comme Michel Blanc
ou Piéplu
sont excellents. Le film vaut encore le coup d'oeil pour l'ambiance de la colo, et la fin qui clôt le récit avec à-propos.
En revoyant le film, j'ai été surpris par la prestation de Dewaere, qui en réalité trouve là son plus total contremploi : celui d'un gros "beauf" insensible, macho, vulgaire, cruel voire sadique. Plutôt connu pour ses rôles de braves types pas bien fûtés (Les valseuses)
, de rebelle insolent (Coup de tête,
Adieu poulet)
, puis plus tard d'homme fragile (Beau-père)
ou déjanté (Série noire)
, Dewaere trouve dans La meilleure façon de marcher,
un personnage à l'opposé de sa vraie personnalité, qu'il parvient à rendre pourtant totalement crédible et odieux. C'est curieusement à la lumière de l'ensemble de sa courte carrière, qu'on réalise à quel point le rôle de Marc est une incroyable composition.
Je n'ai jamais vraiment cerné si le personnage de Marc était odieux parce qu'il était amoureux.
A mon souvenir, quand il voit Bouchitey déguisé en femme son premier regard traduit une sorte de contemplation. Après, je pense qu'il peut y avoir différentes interprétations, ce qui fait aussi la force du film. Quant au regrété Dewaere,
il est une fois de plus irréprochable.
Je l'ai revu assez recement pour Dewaere qui donne une performance d'acteur parmi ses meilleurs même s'il est pas le personnage sympathique habituel.
Oui il joue un soi-disant "beauf" qui persecute son collegue moniteur. La réalité est plus complexe et plus ambigue comme vous l'avez souligné.
On découvre que ce de jeu de "beauf" cache au fond du harcelement sexuel/amoureux.
J'ai été un peu décu en le revoyant car les scenes de comedies sont plus limités que dans mes souvenirs. Un drame qui marque et fait reflechir sur les rapports humains.
Je n'ai pas été déçu, tant le film est magnifiquement joué, d'une justesse constante.
Le point fort de cet ensemble, c'est le face-à-face entre un Patrick Dewaere une fois de plus admirable dans un rôle difficile de gros beauf parfait, et un Patrick Bouchitey
non moins remarquable en intello effacé et sensible.
Le film a d'ailleurs fait décoller la trop courte carrière de Dewaere et aussi celle de Michel Blanc,
remarqué dans un second rôle fort.
Mais, bizarrement, Bouchitey a dû attendre La vie est un long fleuve tranquille
pour retrouver un rôle digne de son talent. Allez donc comprendre..
Un film à la fois subtil et puissant, observation profondément juste d'une France d'une certaine époque (60-70). Et il y aussi la nostalgie de revoir Dewaere.
Car, avec le recul, voici un cinéma français dont je cherche la trace en ce moment, ni grosse machine vulgaire à faire des entrées, ni film ultra-confidentiel et nombriliste. Ou est donc passé ce cinéma d'auteur généreux et soucieux de toucher le plus grand nombre ?
Enfin, avec ce film, avec Dîtes-lui que je l'aime, Garde à vue
et Mortelle randonnée,
Claude Miller
est l'auteur d'un des plus beaux débuts de carrière de l'histoire du cinéma français. La suite fut moins régulière malgré quelques beaux moments…
C'est vrai, c'est très singulier, cette carrière de Claude Miller qui part de façon impeccable et qui patine depuis…presque vingt-cinq ans (Mortelle randonnée
date 1983) ; même si je n'ai pas entendu du mal de Betty Fisher,
j'ai l'impression d'un total essouflement, d'une sorte de carence qui a donné des choses aussi stupides, et même presque indignes que Le sourire.
Il n'y a pas beaucoup d'exemple d'un vol pareillement stoppé !
Farceur !
Je n'ai pas l'impression que l'appui des producteurs ait jamais manqué à Miller….
Qui est tout de même moins mégalomane que Welles, non ?
Les mauvaises langues diraient qu'il a toutes les raisons de ne pas l'être…
J’avais associé celui de Jodie Foster dans "moi fleur bleu" (1977) à la déportation. Dans "la meilleur façon de marcher" vers 30 mn un des enfants de la colonie à un pantalon de pyjama rayé
Dewaere est le persécuteur. Mais en fait il doit se sentir humilié par la culture étalée par Philippe et veut montrer sa supériorité en tant que sportif et sa meilleure condition physique. A 20 mn le pyjama rayé de Patrick Dewaere ne me semblerait pas significatif si L’éclairage venant de la droite (un projecteur en applique au dessus des foulards sur le mur de droite ) ne mettait l’accent sur la tenue. Contraste moins évident en augmentant la luminosité . Tenue qu’il recouvre d’un drap blanc comme pour dire je persécute mais je suis en fait victime . Un lit a deux places…(assises) si j’ose dire…comme un clin d’oeil à la comedie , un film à sketchs, un navet insignifiant de 1965 le lit à deux places vers 22 mn A premier sketch, "le berceau" Jean Richard A 1h 42 au dernier sketch "la répétition" Darry Cowl joue la femme et Jacques Charon le fiancé. Les homosexuels furent déportés par les nazis et longtemps l’objet de discrimination. Ci-après des homosexuels déportés par les nazisIl me semble que, pour son premier film, Claude Miller a eu beaucoup de chance (ou de subtilité, ou d'intelligence, ou d'intuition, comme l'on veut) de pouvoir placer son sujet entre les mains de deux comédiens qui se sont parfaitement compris et de pouvoir compter sur deux talents exceptionnels. Car, sans Patrick Dewaere
et Patrick Bouchitey,
je doute que le sujet scabreux (c'est-à-dire qui se situe sur une sorte de ligne de crête et qui est difficile à traiter) de La meilleure façon de marcher
aurait conservé une aussi belle force dans nos souvenirs.
Le talent de Miller est de faire déraper brusquement la machine lorsque Marc (Dewaere)
surprend Philippe (Bouchitey)
maquillé et travesti. Sans le grand talent des deux acteurs ne serait-on pas sceptique et même hilare devant cette découverte incongrue ? C'est bien ce qui se passe, en tout cas, dans le mauvais film de François Ozon
qui s'appelle Une nouvelle amie
où pareille surprise est ménagée. Chez Miller,
ça passe ; enfin ça passe à peu près.
Bien que court (82 minutes), le film de Claude Miller manque toutefois un peu de rythme et sonne quelquefois un peu faux. Mais il laisse en tout cas une certaine trace…
Ça c'est étrange. Ayant revu La meilleure façon de marcher Lundi à la télévision, c'est complètement par hasard que j'ai découvert hier Le secret de brokeback Mountain
!
Votre allusion Impetueux me paraît très subtile.
Pour La meilleure façon de marcher j'ai regretté que la finesse de la réalisation, du scénario n'en arrive qu'à une fin qui à mon sens aurait dû être beaucoup plus grave. La dernière séquence qui met le brouillard, aurait presque quelque chose d'onirique, voire d'imaginaire… On se demande de la véracité de la séquence…
C'est cependant très bien interprété et Pascale et Dewaere réunis ça sonne comme une connexion spirituelle de ce qu'ils deviendront plus tard. Un film à fleur de peau.
Pour Le secret de brokeback Mountain je serai plus sévère.
C'est souvent mièvre, quasi moraliste, déprimant de bonnes intentions mélodramatique et tellement attendu.
Je ne sais plus quel chansonnier, imitait le Eddy Mitchell du cinéma du Dimanche soir avec perfection, celui de la dernière séance… Et dans un élan parodique caricatural lui faisait dire que lui il regardait des vrais western, avec des vrais Cow Boys, pas des Cow Boys qui s'enfilent comme dans les films d'aujourd'hui…
On m'excusera cette parenthèse grivoise.
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