Spécialiste du sous-genre film policer-justice, Sidney Lumet (aidé par David Mamet à sa grande époque) réussit à camper un personnage fort, complexe. Le film démarre très bien, sur un Paul Newman vieillissant, alcoolique, raté, sans le sou ni espoir, un charognard qui en est venu à écumer les enterrements à la recherche de clients. Personnage fort par excellence dont tout le trajet est de retrouver moins l'argent que la fierté, la fierté de l'être humain et avec cette fierté personnelle, en miroir, la justification même de la justice, une justice non plus basée sur l'argent mais sur le juste.

Paradoxalement, le concept est tellement fort, le personnage tellement réussi qu'une fois l'histoire démarrée, on se retrouve déçu par le résultat qui n'est pas à la hauteur, ni du concept, ni du personnage. On vire vite au caricatural, au grossier.

Il reste toutefois une exposition sublime (les 20 premières minutes), des personnages intéressants et des acteurs excellents : Paul Newman, James Mason…

Je viens de revoir le film et je trouve la critique un brin sévère et pouvant de plus, s'adapter à tous les films de Lumet.

Ceci dit, pour le fun, regardez bien parmi le public du procès, pendant que Newman plaide, un figurant nonchalemment assis sur le banc : c'est Bruce Willis !

Un courtroom drama bien réussi, entaché cependant d'un ou deux éléments caricaturaux. Notamment : le juge qui intervient lourdement pour interroger lui-même le témoin-expert de Newman, ce qui suffirait largement à le faire dessaisir du procès et recommencer à zéro avec un autre juge (et en tout cas à faire casser n'importe quel verdict en appel). Et deux : Newman qui ne présente pas à ses clients l'offre de 210 000 de la partie adverse; un avocat qui ferait cela dans la vraie vie se trouverait rayé du Barreau illico presto, peu importe qu'il gagne ou perde le procès. D'autant plus que James Mason et son gang d'avocats savent qu'il n'a pas présenté l'offre : et ils ne profitent pas de l'occasion pour le faire récuser, ou en tout cas lui créer les pires ennuis ? Allons donc.

Notons que ce film a été tourné à l'aube de l'épidémie de poursuites contre des médecins pour négligence professionnelle, épidémie qui fut pendant quelques années un sacré pactole pour les cabinets d'avocats avant que les hôpitaux contre-attaquent avec des contrats protégeant les médecins contre la quérulence exacerbée des requins du droit.

Pour le reste, Paul Newman, Charlotte Rampling, James Mason et Jack Warden sont excellents et la trop peu appréciée Lindsay Crouse également dans le rôle du témoin surprise. C'est du bon Lumet solide et direct, peut-être pas dans le plus haut du panier du prolifique metteur en scène, mais de très bonne qualité.

J'apprends à l'instant la mort de Paul Newman, légende hollywoodienne, dont Verdict restera un des plus beaux rôles.

Emouvant, de penser que son dernier film, Empire falls, il le tourna aux côtés de son épouse, Joanne Woodward.

Son regard profond et ses rôles complexes et déchirés ont marqué toute une génération de spectateurs. Adieu l'ami !

Excellent film, qui explore parfaitement toutes les facettes liées au système judiciaire américain (peits arrangements face au concept de justice, rivalités de personne,…). Mais il s'applique aussi pour l'essentiel à d'autres pays comme la France. Excellent à tout point de vue : scénario, mise en scène, interprétation (James Mason, Paul Newman), aspects sonores, décors… Le rythme est plutôt lent, mais cet aspect est contrebalancé par une grande variété de plans, et des rebondissements assez inattendus. Un grand film de Sidney Lumet.

Un très beau Lumet, qui est sans doute avec Clint Eastwood le dernier grand cinéaste hollywoodien classique en activité.

J'ai rarement vu Paul Newman aussi convaincant que dans ce rôle d'avocat alcoolique, looser magnifique qui joue son va-tout dans un procès des plus délicats. Dommage que la révélation du verdict soit soulignée par un mouvement de caméra aussi peu subtil… mais la dernière scène, étonnante rachète cet impair.

Un film de procès qui, malgré ses défauts, est digne du premier film du cinéaste, le mythique Douze hommes en colère.

Certes, mais à mon sens, un chef d'oeuvre absolu, si vous me passez cette expression (à mon sens le meilleur film de Lumet) et un des meilleurs films américains de ces trente dernières années, démontant avec un brio et une subtilité formidable les mécanismes de la justice (mais au-delà, les mécanismes les plus profonds de l'humanité, et de la vie en société). The verdict est éblouissant, par le fond et la forme. Les thèmes abordés sont innombrables : les rapport entre la justice, la foi, l'ordre établi et la vérité. Et la mise en scène, toute en finesse et en sobriété donne un poids considérable à cet écheveau d'idées. Les mouvements de caméra, les plans, sont exemplaires. Chapeau à Lumet et à ses collaborateurs ! Voilà un film qui rentre dans ma liste des films préférés !

Très beau plaidoyer -c'est le cas de le dire- pour ce film de l'un de mes réalisateurs favoris !

Cependant je préfère à ce très beau Verdict d'autres Lumet comme The offence, La colline des hommes perdus ou encore Serpico.