Escapade plutôt réussie pour Don Camillo et Peppone, dans cette sombre ex-Urss alors en pleine période communiste. Un pari probablement osé pour l'époque – 1965 – d'ailleurs –. Il est ici question d'un jumelage entre Brescello et un petit bourg aux apparences charmantes mais où le catholicisme a été sévèrement banni, et où la menace sibérienne des goulags plane au moindre écart de langage. Heureusement, nos deux héros et leurs sous-fifres parviennent aisément à faire oublier cette période noire avec leurs péripéties toujours aussi drôles, qui par ailleurs, nous détournent d'un scénario un peu trop simpliste…Mais soit, retour en arrière plus qu'intéressant, politiquement parlant surtout, et humour toujours au rendez-vous dans ce cinquième et dernier épisode de Don Camillo, du moins pour Fernandel et Gino Cervi…
Désopilante, la scène où les camarades de Brescella sont accueillis dans le village soviétique aux accents de «Volare!» chantée par le choeur local.
Don Camillo en Russie est tout de même le cinquième opus de la série qui tirait à la ligne depuis un bon moment. À dire le vrai, dès le deuxième, Le retour de Don Camillo,
pourtant réalisé, comme le chef-d’œuvre qu'est le premier, par Julien Duvivier,
dès le deuxième, donc, si la tendresse et la qualité d'interprétation demeuraient, la fraîcheur, l'invention, l'ironie baissaient un peu de pied. Mais bon ! La recette était éprouvée et les spectateurs se régalaient des aventures rocambolesques de Fernandel
et de Gino Cervi.
Et j'ai trouvé que l'exotisme de Don Camillo en Russie – ou, peut-être, la patte de Luigi Comencini,
qui avait remplacé Carmine Gallone,
auteur des numéros 3 et 4 -, cet exotisme narquois qui envoie les deux adversaires/complices en Union soviétique (reconstituée en studio, évidemment) redonnait de la vigueur à un concept en voie d'épuisement.
Sympathie pour le peuple russe, si attachant et si mélodieux (ah oui, Arca a bien raison, l'arrivée de la délégation italienne aux accents de Volare de Domenico Modugno est un moment délicieux), mais aussi regard sans complaisance sur la suspicion généralisée et les persécutions religieuses omniprésentes. Le christianisme (dans sa variété schismatique orthodoxe, cher David-Hainaut : il n'y a pas trace de catholicisme en Russie !) a, de fait, été combattu, pourchassé, traqué sans pouvoir, pour autant, être éradiqué : à deux doigts de la mort, la vieille baba demande à ne pas être abandonnée…
Et ce qui est bien, c'est que le discours n'a rien de caricatural ou d'outrancier : à un Don Camillo volontiers sanguin et agressif, le Christ répond bienveillance et miséricorde ; c'est un assez joli regard sur la complexité du monde…Cela dit, il ne faudrait pas croire que Don Camillo en Russie est un film puissant et profond : sauf à guetter ici et là de petites gouttes intéressantes, c'est tout de même – l'ai-je assez dit ? – le numéro 5 de la série…
En bon anticommuniste primaire, c'est probablement le Don Camillo que je trouve le plus savoureux.
…mais le communisme et l'emprise qu'il avait sur l'immense territoire de l'Est où il avait établi ses pénates, a été la grande affaire, le grand souci de ma génération. La grande anxiété et, on peut le dire aussi, la grande terreur.
Au début des années 80, au lycée, la perspective d'une guerre contre les Rouges nous travaillait bien aussi. Du reste, aujourd'hui, les choses n'ont pas vraiment changé. Ce n'est plus la même couleur, mais le couteau entre les dents est toujours là.
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