Voilà un film casse-gueule par excellence, basé sur un parti unique digne d'un court-métrage d'école (huis-clos, situation simple et dramatique). Fincher s'en sort haut la main, prouvant qu'il possède un sens aigu du cadre, de la mise en espace et du rythme… ce que l'on savait déjà.
Seulement, derrière l'exploit formaliste que représente le film, il n'y a pas grand chose… ce à quoi l'on était déjà habitué avec ses autres films.
Seven est superbe sur la forme mais les personnages ne mènent nulle part. Fight Club
est visuellement délirant mais la fin (le « bouclage » des personnages) est ridicule avec une thématique on ne peut plus simpliste, voir dangereuse. Panic Room,
c'est la même chose en moins tendancieux, en plus « politiquement correct ».
Ainsi est politiquement correct le sort de Forrest Whitaker, tout comme est convenue l'évolution du personnage qui apprendra pendant tout le film une seule chose : surmonter sa claustrophobie… C'est peu ! Les autres personnages sont encore plus effacés, que ce soit l'ancien mari, ou bien encore la jeune fille… Il reste heureusement les trois méchants, assez drôles, même si souvent leurs jeux de mots et leurs réactions se devinent de longues minutes à l'avance.
Il y a tout de même des scènes formidables. Le générique aérien avant la plongée dans le huis-clos est d'une grande beauté, tout comme le plan séquence qui précède l'irruption des trois hommes (même s'il est un peu trop visiblement truqué) ou encore le transtrav du plan final, sublime dans la manière dont il redonne de l'espace et de l'air aux personnages… Il faut apprendre à s'en contenter et commencer, peut-être, à se faire à l'idée que Fincher, un peu comme Besson
mais en nettement plus doué, est un metteur en scène et ne sera sans doute jamais un auteur.
Une grande déception que ce thriller claustrophobe. Tout d'abord pour qu'un film d'angoisse fonctionne parfaitement il faut que le spectateur se prenne de sympathie pour les personnages, ce qui n'est pas le cas ici présent pour Jodie Foster et sa fille, loin s'en faut… et que le danger soit réel ce qui là aussi est loin d'être le cas avec les trois pieds nickelés qui investissent l'appartement des belles afin de trouver un magot appartenant à l’ancien propriétaire. FOREST WHITAKER ne fait que du WITAHKER alors qu'il a prouvé à de maintes occasions qu'il pouvait se surpasser.
A passer donc malgré des prouesses techniques magnifiques mais qui laissent de marbre comme un beau tableau sans âme.
(Bis) Ne serait-il pas intéressant de proposer, sur ce forum, l'analyse des scènes ou des séquences qui nous ont touchés dans les films que nous aimons ? (Bis)
Je propose, cette fois – comme pour le Shining de Kubrick – d'évoquer le début et la fin du Panic room
de Fincher.
On a souligné qu'avec ce film, David Fincher réalise, d'abord, un exercice de style particulièrement réussi. Mais on doit ajouter qu'il crée aussi une atmosphère prenante dans la mise en place de son huis clos et, parallèlement, jette un regard caustique sur la recherche du besoin de sécurité absolue qui caractérise nombre de citoyens de son pays (humour : comment concevoir, une fois que Meg et Sarah sont enfermées dans l'abri, qu'elles puissent en sortir ?!). Il se permet même une subtile réflexion – cinématographique – sur les différences de destin selon la condition sociale à travers le jeu de l'apparence et de la réalité.
Dès le générique (sans aucun doute inspiré de celui de La Mort aux trousses d'Hitchcock), la maîtrise technique de Fincher capte notre attention. Les multiples plans « aériens » de New York – plans fixes d'abord, puis lents travellings, plongées, contre plongées et vues en perspective se succèdent et suscitent le vertige – semblent le fait d'une entité supérieure qui scrute en tous sens cette ville réduite à ses buildings, cependant que l'activité humaine, écrasée au fond de véritables puits de béton et de verre, apparaît pour ce qu'elle est, canalisée, ordonnée et dérisoire. Ce regard caméra venu d'en haut impose alors la démesure des buildings qui semblent refléter dans leurs mille et une fenêtres l'anonymat, la froideur et l'étrangeté, ne serait-ce que parce que la Cathédrale elle-même – donc la dimension spirituelle de l'homme – est filmée comme écrasée par cet environnement moderne. Une impression renforcée d'ailleurs par les mots d'un générique aux étonnantes lettres blanches en relief, comme sculptées, qui s'accrochent frontalement aux façades ou suivent la perspective des profondes rues, se reflètent dans les vitres. S'installe ainsi, d'emblée, un malaise souligné enfin par un double thème musical : l'un, comme sous-jacent, souterrain et rampant par ses notes graves, évoque une menace qui semble rôder ; quand l'autre, qui lui succède bientôt au moment où s'affiche le titre, martèle les trois coups répétés d'un drame imminent.
Puis la caméra saisit un feuillage et la rangée d'arbres, qui suit, introduit la Nature dans la Ville par le biais d'un panoramique isolant un Central Park montré tel un vestige incongru, cependant qu'une voix féminine s'impose sur la musique et nous fait entrer dans le détail de la fourmilière humaine qui s'agitait, il y a peu, tout en bas. Et, précisément, cette conversation dans la rue entre deux femmes, leur marche pressée, et les reproches sur leur retard que leur adresse l'agent immobilier, sont les signes d'une société qui a perdu ses repères traditionnels : une Nature qui n'est plus qu'un décor artificiel, une vie qui s'apparente à une course, perdue d'avance, contre le temps. L'histoire peut commencer, nous savons qu'elle ne sera pas banale…
(…)
Le film s'achève, du point de vue du récit, sur le sacrifice de Burnham : voulant éviter les meurtres des deux femmes, il renonce à fuir avec les Bons dérobés. Fincher, non sans quelque grandiloquence, le filme, en contre plongée, les bras écartés tel un Christ, dont le visage montré en gros plan dit toute la détresse. Puis, Fincher lui substitue aussitôt celui de Meg, aussi émouvant. Ce parallèle entre les deux visages – et les deux destins – n'est pas sans signification et nous conduit à comparer les deux désarrois et à aller au-delà des simples apparences. Ces deux gros plans, malgré leur identité, sous-tendent bien plutôt le contraire. C'est bien Burnham qui est le personnage lumineux du film. Cet homme crucifié par sa bonté n'est-il pas précisément Celui que cherchait le regard caméra du générique dans cette ville anonyme de New York, livré à l'infidélité d'un Stephan Altman abandonnant femme et enfant, à l'affairisme immobilier d'un Evan Kurlander, à la cupidité d'un petit-fils prêt à léser les héritiers de son grand-père ? Burnham, à l'inverse, homme profondément humain et généreux, est poussé par la nécessité – payer le procès pour obtenir la garde de ses enfants – à se montrer, brièvement, malhonnête. Sa Rédemption (?!) par son sacrifice laisse un goût bien amer au spectateur et l'amène à penser que c'est bien lui le personnage central du film et que le don de soi n'est pas récompensé. La victime, au final, n'est plus celle que l'on imaginait jusqu'alors : la situation de Burnham s'est définitivement aggravée alors que celle de Meg s'est améliorée. C'est bien la différence sociale qui explique la différence de destin !
Et, en effet, après un long fondu au noir qui efface en quelque sorte le drame, se développe alors la séquence finale du film qui est à mettre en perspective avec la séquence initiale. Il s'agit du même décor urbain de New York. Mais alors que le film commençait par une marche hâtive ponctuée des reproches de Meg à sa fille, la fin nous montre la mère et la fille, étroitement réunies sur un banc public, comme apaisées par l'épreuve subie, commentant – ensemble – les annonces immobilières. Le décor initial de la rue laisse place au cadre final chaleureux d'un Central Park magnifié par les couleurs mordorées de l'automne.
Mais ce n'est là qu'une apparence : la conversation des deux femmes est si futile par rapport au destin tragique de Burnham, que nous sommes amenés à penser que Fincher manie l'ironie : décidément, dans son cinéma souvent décrié pour son formalisme, voire sa vacuité, mais dont il faut décoder les apparences, les victimes – personnages ET spectateurs – ne sont pas celles que l'on croit…
Votre analyse est pertinente et intéressante.
Ce film est avant tout un excellent thriller, qui tient en haleine de bout en bout, mais il contient aussi, comme vous le faites remarquer, un descriptif poussé et réaliste de la vie dans un pâté de maison new-yorkais, lequel nous est présenté comme une savane, ou se cotoient de dangereux prédateurs et des bêtes inoffensives qui doivent lutter pour leur survie, et se transformer elles-mêmes parfois en prédateurs, sous peine d'être dévorées tout cru. Un terrain de chasse dont l'enjeu est l'argent, lequel permet d'acquérir un statut social que l'on n'a pas, ou de conserver celui que l'on a. Un environnement hostile qui engendre chez ses habitants, névroses, complexes, troubles psychologiques divers, difficultés à communiquer, agoraphobie…
Une belle fable urbaine et moderne, racontée sur le mode d'un thriller psychologique terrifiant.
Nous sommes d'accord et ce film n'est pas "vide de sens", contrairement à ce que l'on a pu dire alors.
"Pourquoi n'avons-nous pas pensé à faire ça ?", dit Whitaker, en voyant Jodie Foster
briser toutes les caméras de surveillance.
Cette réplique-justification un peu tardive, stigmatise le problème de ce film admirablement réalisé, très bien interprété, mais qui pèche trop souvent par son illogisme (pourquoi montrer si vite que Whitaker est inoffensif, au lieu de le voir évoluer ?), ou des impasses de scénario difficiles à gober. Outre la mise en scène élégante, aérienne, un peu trop chichiteuse par moments (les plans "macro" vus et revus dans Les experts)
, Panic room
doit beaucoup à l'intensité de Jodie Foster,
comédienne cérébrale par excellence, qui a pourtant le talent de ne jamais trop intellectualiser ses personnages. Son jeu physique est ici la clé de voûte du film. Les trois Pieds Nickelés faisant office d'adversaires, sont vraiment trop bêtes pour inquiéter vraiment, et la fin sombre dans le grand-guignol façon Freddy,
mais cela reste un bon thriller, rondement mené, et surtout très joliment filmé et monté.
Réplique qui donne un bon exemple du côté limite du scénario : cette justification a posteriori est presque une inside joke, et je suis sûr que plusieurs spectateurs ont dû rire dans la salle. Dans tout problème de chambre close, il y a forcément un truc ! Ça reste un bon suspense où Jodie Foster et Forest Whitaker
sont brillants. Les séquences à l'intérieur de la chambre forte sont saisissantes, et l'excellente bande son très dure pour les nerfs !
bonjour,
je trouve immoral qu'ils laissent la personne qui leurs a sauver la vie se faire arrêter !
Ce n'est pas une fin "morale", mais réaliste.
Eh oui… si on veut du moral, il faut aller voir Cendrillon…
Que dire alors du sort réservé à l'ange Michael Clarke Duncan dans La ligne verte
…
Donc, côté scénario, une bonne idée de base prometteuse mais celle-ci n'a pas été développée pour donner un ressort intéressant tout du long. Heureusement, le casting est lui réussi, au moins pour les acteurs connus. En effet, Jodie Foster qui a très joliment pris dix ans depuis Le silence des agneaux
est particulièrement convaincante en mère de famille prête à tout pour protéger sa fille. Et pour pallier à la claustrophobie ambiante et là je rejoins PM Jarriq, Fincher
en a fait une image très sexy, le décolleté plongeant et la lippe humide. De plus, la jeune Kristen Stewart,
sa fille dans le film, a été fort bien castée pour ce rôle. Sans dire qu'elle ressemble franchement à sa mère, elle tient formidablement bien la distance. Quant à Forest Whitaker,
même si il est encore dans son rôle habituel de méchant au grand cœur, cela fonctionne malgré tout. Néanmoins, nous l'aurions préféré un peu moins "bonhomme". D’autant que ses deux complices ont tendance à en faire un peu trop, frisant même le comique par moments. Lui est trop sage…
Mais la fin, c'est, comme on dit aujourd'hui à la télé, Du grand n'importe quoi et une sorte de folie à la Evil dead où les mourants surgissent toutes griffes dehors alors qu'on les pensait éliminés du paysage et se jettent rageusement sur les miraculés. Et la dernière séquence, irénique et melliflue où, les choses revenues dans leur ordre normal, les deux femmes bavardent dans ce qui doit être Central park est là pour donner à chacun bonne conscience.
On ne peut dire qu'on s'est ennuyé ; on ne peut pas dire que ça ne soit pas là du cinéma de consommation..
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