Superbe western crépusculaire, morbide, d'une désespérance absolue, qui suit des personnages démythifiés dans une errance qui mène à la mort. Peckinpah n'a plus l'énergie de "La Horde sauvage
" et son film (dans son director's cut, bien sûr, l'autre montage est navrant) est un testament d'une amertume terrible. Coburn
trouve le rôle de sa vie (avec le Mallory de "Il était une fois… la révolution
") en "vendu" amoral et opportuniste. Le plan où il tire sur le miroir à la fin est d'une force impressionnante. Et si Bob Dylan
n'est pas un acteur formidable (que fait-il là, exactement ?), sa musique apporte énormément au film. L'agonie de Slim Pickens devant la rivière est un moment de pure poésie. Espérons un DVD à la hauteur de cette oeuvre majeure.
Ta critique élogieuse, le choix et l'analyse des passages évoqués donnent très envie, en effet, de revoir le film !
Des nouvelles de la sortie de "Pat Garrett" en zone 1 ?
Pour le fan de James Coburn, je signale la sortie (hélas en v.o. non-sous-titrée) d'un remarquable téléfilm en 3 parties, daté de '78 et inspiré de Dashiel Hammett "The Dain Curse". Il était passé en France sous le titre "Un privé dans la nuit" et Coburn royal, joue un enquêteur à la Marlowe. Avec aussi Jean Simmons,
Jason Miller et Hector Elizondo.
Cela vaudrait largement une édition en zone 2, d'autant que le doublage et la voix "off" étaient assurés par l'irremplaçable Marcel Bozzuffi.
Je suis encore plus élogieux aujourd'hui, après avoir vu la version 2005 du montage, la plus proche de celle désirée par Peckinpah. Sont réintégrées la séquence primordiale de Garrett et sa femme mexicaine, et celle du même Garrett avec les prostituées. Par contre, une brève séquence entre Poe et des mineurs a été coupée, ce qui laisse supposer qu'il y aura un jour une version "intégrale de chez intégrale" de ce film éternellement inachevé. N'empêche : tel quel, Pat Garrett
est une pure merveille, encore plus émouvant que précédemment, et Coburn
y est proprement génial dans un rôle antipathique, presque répugnant. Après Major Dundee,
on se reprend à regretter que ces réhabilitations des films de Peckinpah
n'aient pas été faites de son vivant.
Je viens de découvrir Pat Garret dans sa nouvelle version 2005, et quelle claque!
Peckinpah m'avait déjà impressionné avec notamment Coups de Feu Dans La Sierra ou encore La Horde Sauvage,
mais ce Pat Garret
offre quelque chose de plus aux amateurs de westerns. Certainement un lyrisme et une émotion bien plus présents. Outre la qualité indéniable de la mise en scène, la BO de Bob Dylan amplifie ce sentiment de nostalgie.
Coburn (alias Pat Garret) n'est pas non plus innocent dans la réussite de ce film; il est phénoménal dans ce rôle d'ancien malfrat repenti en shérif et en route vers sa fatale destinée (voir la scène d'intro). Il est en tout cas l'acteur incontournable des bons westerns de cette époque (Il était une fois la révolution, La chevauchée sauvage).
Il me semble également que ce film a pu inspiré d'autres réalisations et notamment celles de Cimino avec La Porte du paradis, j'y vois quelques points communs (découpage des plans, même vision de l'ouest…).
L'oeuvre de Peckinpah pour le western est vraiment considérable.
J'ai vu ce film pour la première fois dans son montage dit de 2005. Je suis impressionné par le climat de désespérance qu'instaure la mise en scène de Peckinpah, par le jeu amer et félin de James Coburn, par la bande sonore bien sûr, et comme toujours avec ce réalisateur par la scénographie et le soin apporté à la reconstitution d'époque, et aussi fortement par le casting d'enfer où je relève Emilio Fernandez
(le réalisateur de La Red
!), Katy Jurado
qui a une très belle scène avec Slim Pickens
agonisant, et plusieurs autres, Jason Robards
en gouverneur… Pourtant, une certaine confusion s'instaure dans le scénario pour d'autres personnages, notamment ceux de Bob Dylan
et de John Beck,
aux contours indéfinis, et aussi dans certaines scènes comme la rencontre avec Chisum qui est plutôt décevante. L'ensemble manque sérieusement de progression dramatique, et les diverses pérégrinations du chasseur comme du chassé réservent peu de surprises, sinon une série de règlements de comptes. J'ai été pris par l'atmosphère, où la fin du vieil ouest chère à Peckinpah
se conjugue au crépuscule du genre western, un peu comme dans certains films de Hideo Gosha
(Goyokin,
Hitokiri)
, la fin de l'époque des samouraïs se téléscope à l'agonie du film de samouraïs : le résultat, sans conteste, est prenant; sauf qu'ici il s'exprime sans véritable armature narrative. Peut-être le caractère statique du récit est-il à classer avec celui qu'on reproche souvent aux tragédies grecques ? Quoi qu'il en soit, je m'attendais à adorer ça et j'ai seulement aimé ça.
Peckinpah a dépouillé son film d'à peu près tout ce qui rend le western "aimable" : des héros admirables, une histoire en forme de fable morale, des paysages grandioses, une fin héroïque. Pat Garrett
n'est effectivement qu'une longue errance menant au tombeau. Une mort physique pour Billy, morale pour Garrett. C'est sans doute le seul western où le "héros" s'en va à la fin, vers l'horizon, tel un "poor lonesome cowboy", sous des jets de pierre.
Arca, en vérité je vous le dis : Pat Garrett est un film qui gagne à être revu.
Oui, Coburn qui s'en va sur son cheval sous les jets de pierre du gamin, c'est un beau finale. Je vous promets d'en retâter un de ces quatre.
Attention : la version tronquée et la version remontée diffèrent complètement par le contenu, et surtout par la qualité.
Heureusement pour moi, je n'ai jamais vu cette version tronquée. D'après Jarriq, il manque dans le nouveau montage du film une courte scène entre John Beck et un groupe de mineurs.
La version "tronquée", la première à être sortie en salles, en 1973, est heureusement hors de circulation, aujourd'hui. Sur le DVD U.S., on trouve le re-montage effectué à l'aide de France 3, réintégrant la construction en flash-back (et dans laquelle figure la séquence avec les mineurs, parmi lesquels on reconnaît Elisha Cook, Jr.), mais qui n'est qu'un work in progress. La version 2005 est celle qu'il faut voir, même si on n'est pas à l'abri d'une mouture à venir.
Sacré Sam ! Mort depuis des décennies, et il bouge encore !
Ajoutons que la version tronquée était tout simplement catastrophique et de type téléfilm : un rythme mou, des développements pas très crédibles, avec un centrage sur la personne de Bob Dylan, jouant un simplet, et dont on se demandait ce qu'il fabriquait ici. La version remontée donnait en revanche un souffle épique à l'ensemble. J'ai depuis revu une copie au cinéma, qui me semblait être identique à la version remontée.
Avant d'écrire quoi que ce soit, je suis venu lire les commentaires déposés ici par de précieux contributeurs.
Avant de lire, j'étais plutôt dans la ligne d'Arca, m'interrogeant sur la lenteur de la progression dramatique, la répétitivité des séquences violentes et ce qu'il appelle le caractère statique du récit. Mais après avoir découvert la forte argumentation de PMJarriq, je m'interroge et je me demande si les défauts recensés en sont bien et s'ils ne participent pas, au contraire, de la qualité du film…
Après tout, avant de séduire au premier abord, les films importants sont ceux dont on se remémore l'atmosphère, dont on revoit certaines séquences, dont on goûte le sang, la poussière et la musique. Et de ce point de vue, Pat GarrettAu fait, on se demande si le court cigare (un crapulos, comme les appelle Giono dans Le hussard sur le toit
ou Un roi sans divertissement)
n'a pas été inventé pour la dégaine insolente de James Coburn
tellement il le fume avec une désinvolture souveraine et une élégance sans égale. Étrange acteur, qui domina de sa stature et de son talent toute une décennie, mais ne trouva que Leone
et Peckinpah
pour l'employer à sa mesure….
Les soirées mexicaines pluvieuses et leur fabuleuse mélancolie… rien que cela vaut la peine…
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