Évidemment Tatum s'ennuie à cent sous l'heure dans ce bled où rien ne se passe jamais de fascinant, capable d'intéresser le public. Jusqu'à ce qu'il soit envoyé couvrir, en compagnie du jeune photographe Herbie (Robert Arthur) couvrir à quelques dizaines de kilomètres de là une bizarre chasse aux crotales. Sur le chemin, dans une station d'essence, les deux hommes apprennent que le propriétaire du site navajo voisin, Léo Minosa (Richard Benedict) est bloqué par l'effondrement d'une galerie de mine qui recèle des tombes anciennes où il a coutume d'aller chercher les poteries qu'il vend aux rares touristes.
Si le père (John Berkes) et la mère (Frances Dominguez) du pauvre homme sont effondrés, ça ne paraît pas être tout à fait le cas de Lorraine (Jan Sterling) la femme de Léo, dégotée par son mari dans on ne sait quel saloon trouble et crasseux. Cela étant, Tatum comprend bien vite qu'il y a un scoop à faire valoir, surtout si l'incident du type enseveli parvient à durer un temps suffisant pour capter l'attention du voisinage, puis de l'État du Nouveau Mexique, puis de tous les États-Unis. Il n'est donc pas question qu'on libère trop vite de sa gangue le pauvre malheureux Léo.Comment faire ? S'appuyer sur le corrompu shérif Gus Kretzer (Ray Teal), dont la réélection est douteuse et, en s'acoquinant ainsi, empêcher la curiosité de tous ceux qui voudraient mettre leur nez dans l'affaire. Et puis faire monter la tension, avec des articles de plus en plus sensationnels. Et compter sur la curiosité du populo pour les drames : il suffit de voir les agglutinements devant les maisons de l'horreur ou les embouteillages que créent les accidents de la route.
Ce qui m'empêche de mettre une note encore meilleure au Gouffre aux chimères, c'est plutôt l'absence de mesure de Wilder qui se moque un peu du monde. Bientôt ce sont les États-Unis tout entiers qui vibrent à chaque épisode des travaux de libération ; c'est trop. Et la fin du film, trop romanesque, mélodramatique, tragique est excessive, aussi. On a bien compris très vite que l'histoire s'achèverait dans la catastrophe, il n'était pas nécessaire d'en ajouter.C'est le problème des films étasuniens : la grandiloquence. Les Italiens nous ont montré ce qu'est le vrai drame : revoir la sécheresse de la fin du Fanfaron.
Page générée en 0.0022 s. - 5 requêtes effectuées
Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter