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Forum : Un Papillon aux ailes ensanglantées

Sujet : Belle surprise


De verdun, le 9 avril 2023 à 23:04
Note du film : 5/6

Bergame, début des années 1970. La jeune Françoise Pigaut (Carole André) est assassinée dans un parc. Très vite, les soupçons se portent sur Alessandro Marchi (Giancarlo Sbragia), un notable de la ville qui, ne niant pas les faits, est inculpé. Cependant, les analyses médico-légales et la découverte d'un second cadavre remettent en question cette version.

Scénariste de talent passé à la mise en scène, Duccio Tessari a signé, à l'orée des années 1960, des débuts réussis avec l'un des meilleurs peplums les titans, un beau drame histoire Le procès des doges et deux westerns spaghettis de qualité, le dyptique Un pistolet pour Ringo/Un pistolet pour Ringo. Mais Tessari s'est égaré dans les années 1970 en tournant des oeuvrettes purement commerciales et indignes de son talent comme Et viva la révolution (1971), Les durs (1973) ou Zorro (1975) avec Delon.

Eu égard à cette triste évolution, Un papillon aux ailes ensanglantées (1971), récemment exhumé par l'excellent éditeur le chat qui fume, est une jolie surprise.

Le sujet, le titre animalier et la date de sa parution laissent penser qu'il s'agit de l'un des nombreux giallis de série, conçus pour surfer sur le succès de l'oiseau au plumage de cristal et Le chat à neuf queues de Dario Argento.

Or il n'en est rien. Un papillon aux ailes ensanglantées s'amuse à prendre le contre-pied des clichés du giallo. Ici pas de meurtre sanguinolent. Pas de scène érotique. Pas de style baroque. Pas de catalogue de suspects trop évidents pour être coupables.

Le point de vue adopté par les auteurs est novateur. Trente ans avant les experts, le film de Duccio Tessari se focalise sur les travaux de la police scientifique. Le réalisateur opte pour un style sobre proche du documentaire, accentué par la photo sombre de Carlo Carlini, la pluie omniprésente lors des scènes extérieures et des intérieurs souvent lugubres ou faiblement éclairés. Le montage est efficace et la mise en scène de Tessari utilise au mieux les possibilités de l'écran large.

Par ailleurs, on ne peut qu'apprécier la vraisemblance de l'intrigue qui évite les rebondissements trop téléphonés qui gâchent de trop nombreux giallis. En effet, les retournements de situation sont particulièrement crédibles et bien amenés. Et la vraisemblance des personnages qui ont tous quelque chose à cacher.

De plus, malgré sa sobriété, Un papillon aux ailes ensanglantées ne manque pas d'inventivité comme en témoignent certaines prises de vues atypiques, la façon dont les personnages sont présentés lors de l'introduction, la BO de Gianni Ferrio qui brode des variations inattendues sur le concerto n°1 pour piano de Tchaïkovski ou le gag récurrent de l'inspecteur de police Silvano Tranquilli qui n'apprécie aucun des cafés qu'on lui sert !

Enfin, le casting se montre à la hauteur. Helmut Berger trouve l'un de ses bons rôles hors Visconti. Il est entouré par de nombreux habitués du cinéma bis italien et, co-production oblige, par les Allemands Wolfgang Preiss et Gûnther Stoll.

En somme, si sa rigueur et son absence d'outrance sont susceptibles de déplaire aux puristes du giallo, un papillon aux ailes ensanglantées n'en demeure pas moins l'un des meilleurs thrillers italiens des années 1970 et une bonne surprise dans la carrière alors déclinante de Duccio Tessari.


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De vincentp, le 10 mai à 22:43
Note du film : Chef-d'Oeuvre


Film remarquable à tout point de vue, sublimé par le blu-ray, qui s'ajoute à la longue liste des chefs d'oeuvre du cinéma de genre italien sortis en salle entre 1969 et 1972. Résumons : La baie sanglante (Bava), Milan Calibre 9 (di Leo), La longue nuit de l'exorcisme (Fulci), Passeport pour deux tueurs (di Leo), Un papillon aux ailes ensanglantées (Tessari), L'oiseau au plumage de cristal (Argento), Société anonyme anti-crime (Vanzina), La tarentule au ventre noir (Cavara), La victime désignée (Lucidi), Contronatura (Margheriti), Beatrice Cenci (Fulci).

Chapeau dans le cas présent à Duccio Tessari qui réalise une oeuvre impressionnante de maestria, avec une vision du monde sous-jacente cohérente et argumentée de façon artistique, par les images et les sons, sans beaucoup de discours philosophiques (mais néanmoins bien présents, par exemple en introduction…). Une des grandes trouvailles de ce film est l'absence de personnage principal, au contraire une douzaine de personnages qui expriment chacun à leur tour leur vision du monde, avec une agglomération de points de vue réalisée par le spectateur.


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