… Sans oublier le très beau Daguerreotypes! Un vrai coup de coeur. Bien sûr, Sans toit ni loi est un classique inoubliable, même si ici au Québec, où le film a très bien marché, on entendait quelques rires discrets dans la salle quand l'héroïne meurt de froid à zéro degré centigrade… Mais bon, les Français sont douillets, c'est bien connu.) Du reste, s'agissant de la Nouvelle vague, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une étiquette inventée après-coup par les journalistes, comme "néo-réalisme". Alors, il faut tenter le coup! On ne sait jamais sur quoi on va tomber. Tant qu'il n'y a pas Jean-Pierre Léaud, tout va bien !
Eh bien, cher Arca Cléo et les Daguerréotypes sortent dans une très belle édition couplée avec plein de boni tous plus intelligents et subtils les uns que les autres (un travail comparable a été fait par Agnès Varda sur Sans toit ni loi).
Je me fais le cadeau pour Noël !
L'autre jour, en me promenant (je n'habite pas loin), je passe rue Daguerre, et j'entre dans les locaux de Ciné-Tamaris, qui est la maison de production d'Agnès Varda ; elle est là, accueillante et ressemblante, et elle travaille à un montage avec un collaborateur ; je suis assez ému ; j'achète le DVD de Peau d'âne, de Jacques Demy et on discute un moment; je lui demande ce qu'elle est en train de monter ; elle me dit qu'elle est a entrepris de réaliser les boni (comme elle dit c'est plus français et plus joli) de son film Les cent et une nuits. Je lui dis que je n'ai pas trop aimé, mais qu'en revanche, je courrai acheter dès qu'il sortira (s'il sort !) un DVD de Cléo de 5 à 7, avec tout plein de boni, aussi exceptionnellement intelligents que ceux de Sans toit ni loi. Elle dit qu'il faudra qu'elle y pense. Je sors, un peu déçu parce qu'elle ne dit pas quand elle le fera.
Je ne suis pas un fan absolu d'Agnès Varda, non plus que de toute la Nouvelle vague (si tant est qu'on puisse la ranger sous cette bannière) ; mais, outre d'excellents Les demoiselles ont eu 25 ans et "Les glaneurs et la glaneuse", il y a là, à mes yeux deux diamants : Sans toit ni loi, donc, et Cléo de 5 à 7.
Pourquoi Cléo ? Je serais bien incapable de dire pourquoi ce film là a toujours eu sur moi un effet magique… La beauté de Corinne Marchand ? La musique de Michel Legrand ? Le Paris de 1962 ? L'étrangeté de l'anecdote ?
Va savoir ! Mais celui-là est dans mon Panthéon !
Il règne dans ce film une atmosphère, celle du Paris populaire mais aussi bourgeois.
Très bien fait, pas de temps mort, orginal et moderne, il a bien tenu la distance.
On comprend donc votre attachement à ce film. N'en ayez pas honte.
Vous avez eu bien raison de cirer les pompes de Agnes Varda.
Mon podium, pas Cléo mais 1-la prisonnière du désert ; 2-Délivrance ; 3- Aventures en Birmanie.
Nb : je passe souvent dans le quartier (à l'Indiana) : je vous inviterai à boire un coup.
Mon Panthéon n'est pas un podium, et – Dieu merci pour moi ! – il est plus peuplé que le vôtre !
Je vous admire beaucoup de classer vos préférences en 1-2-3 ; je n'y parviendrais pas moi-même et, dès qu'il me viendrait une idée de N°1, elle serait chassée par une autre…
Il serait peutêtre amusant de demander aux grands manitous de DVDToile d'instituer une consultation, sans risque ni récompense, où les habitués que nous sommes dresseraient une liste de 10 ou 20 de leurs films préférés ; cette notion ne serait pas celle des films jugés par eux les plus importants de l'histoire du cinéma; je veux bien concéder, par exemple, que Citizen Kane est LE plus grand film du monde…mais ce n'est pas forcément celui que j'ai toujours envie de regarder, qui parle le plus à ma sensibilité, à mon histoire, etc.
Cela étant, bravo pour vos choix ; je ne suis pas très western, mais incontestablement La prisonnière du désert est immense ; quant à Delivrance, je l'ai vu et revu dix fois… Je connais moins Aventures en Birmanie…
Pour les raisons sus-énoncées je ne vous livrerai pas mon tiercé, puisque je n'en ai pas…
Et merci pour l'invitation… J'habite par là, c'est vrai, mais je travaille plus au Centre de Paris (que de mystères !)
Il vaut en effet mieux que vous restiez anonyme car entre les chouans et Civeyrac, vous avez allumé beaucoup de monde depuis un an sur ce site !
Mais mon invitation tient, même au centre de Paris !
Marilyn et Civeyrac ne seront pas là, soyez en sûr !
Pour Marylin, c'est négociable… après tout peut-être existe-t-elle, peut-être est-elle une femme charmante et, en votre compagnie, je me sentirais rassuré !
J'ai parlé de Chouans, moi ? Je ne me souviens plus où…
Mais il est vrai que je ne tiens pas la Révolution française – en tout cas la Terreur – pour la période la plus lumineuse de notre histoire…
C'est vrai, dans Un flic de Melville… J'avais trouvé la ville hideuse et un homme du cru m'avait accroché…
Quelle belle mémoire !
Cléo dispose de cent vingt minutes de réflexions à l'air libre afin de se préparer à une sentence finale.
Deux heures égrenées dans les rues d'un Paris scénarisé par des procédures quotidiennes distantes de rencontres spontanées entre projets des uns et desespoir des autres.
Il faut tout se dire en quelques minutes avec en toile de fond une ville procéduriere dans des actions récurrentes, se prouver que l'on existe par la voix plus pour soi même que par l'apport des autres en testant courageusement une indifférence collective à la terrasse d'un café.
Cléo n'a pas le choix elle doit accepter l'autre comme volatile, narcissique, pleins de projets.
Les contraintes et les vitalités rencontrées narguent une jeune femme ne pouvant construire qu'un relationnel limité dans le temps au contact d'une faune anonyme dans une mégapole structurée par le devoir de production.
Cléo néantisée par l'énergie collective visualise les vibrations du monde.
La dernièr quart d'heure sensible consacré au gentil militaire regagnant l'Algérie alors en guerre tout en laissant en apparence un infime espoir de construction sentimentale n'ôte pas le doute sur la difficulté d'élaborer une stabilité à long terme. La maladie scelle un avenir que Cléo doit assumer seule.
Un esprit trituré par le potentiel d'un diagnostic à risque se lache dans une ville en pleine transpiration. Paris n'à jamais aussi beau, filmé par une cinéaste de l'errance la ville palpite en temps réel une technologie obsolète faite de plates formes de bus, de spragues et de machines à vapeurs.
Ces deux heures distillées entre craintes et espérances dirige une entité momentanément récupérée par la thématique du vacarme urbain vers une conclusion ne laissant que peu de chances sur la possibilité d'offrir à une femme pleine de vie la possibilité de s'ébattre dans un élément souverain, le temps.
Cléo de 5 à 7 œuvre de rues promotionne les rencontres improvisées stimulant colères, rires et larmes dans une procédure sensorielle frémissant en décor naturel.
A cinq heures, Cléo est sortie de chez la cartomancienne qu'elle est venue consulter ; elle craint d'avoir un cancer ; elle aura les analyses et verra son médecin à sept heures. Tout se passe donc dans ces deux heures de début d'été sous l'anxiété d'une menace entrecoupée de moments de coquetterie, de préoccupations d'avenir, de rires avec les deux artistes un peu burlesques qui viennent à domicile lui proposer de nouvelles chansons, un compositeur (Michel Legrand) et un parolier (Serge Korber) …
Engagé rue de Rivoli, le film passe sur la rive gauche, à Montparnasse, où habite Cléo, rue Huyghens, où son amie Dorothée pose nue (rue Delambre ? rue de la Grande Chaumière ?), s'engage dans le parc Montsouris où Cléo va rencontrer Antoine (Antoine Bourseiller), cingle vers l'Est, la place d'Italie, pour s'achever, donc, dans le grand parc de La Salpêtrière ; eh bien on a rarement aussi bien et tendrement filmé Paris, un Paris formidablement identique à lui-même et aussi beau qu'aujourd'hui, et un Paris aussi, pourtant, absolument disparu, le Paris des monuments uniment noirs de suie, avant les salutaires injonctions d'André Malraux, un Paris à enseignes disparues pour toujours (Le Palais du Tergal, ou Rivoli-Deuil, une horlogerie, une grande chapellerie), un Paris saisi au vif avec des tas de clins d'œil magnifiques (pendant que Cléo essaye un chapeau passe, de l'autre côté de la vitrine du magasin, la Garde républicaine à cheval…). Paris de visages et de regards, de conversations happées par un micro curieux – mais jamais indiscret – d'émissions de radio qui annoncent le proche départ d'un Tour de France où l'on n'était dopé que dans le consensus général, et sans la vertueuse indignation de maintenant (1962 : troisième victoire de l'immense Jacques Anquetil !) ; Paris à la fois plus mélangé et plus homogène qu'aujourd'hui, Paris des Parisiens…L'extrême qualité de ce film tient aussi sans doute à deux éléments majeurs : la musique, plus réussie encore que de coutume, d'une très grande variété mélodique et rythmique de Michel Legrand et la parfaite beauté classique de Corinne Marchand, qui fut Cléo, et le fut tellement qu'elle ne fit jamais plus grand chose et qu'on fut tout surpris de la retrouver, en 1994, empâtée et assoupie dans Le parfum d'Yvonne de Patrice Leconte…
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