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Sujet : Le dilemme de Maurice Ronet


De verdun, le 9 mai 2020 à 20:37
Note du film : 4/6

4,5/6.

Paris 1961. Accusé à tort du meurtre d'un journaliste proche de l'OAS, Michel Jussieu (Maurice Ronet) ne peut se résoudre à dénoncer les vrais coupables, malgré le peu que ces derniers lui inspirent. Car Michel est hanté par le fait d'avoir dénoncé, 20 ans plus ans plus tôt, des camarades résistants à la Gestapo.

Troisième film réalisé par Jacques Doniol-Vacroze, co-fondateur des "cahiers du cinéma" et personnage important des années 60-70, voire "autorité morale" comme le qualifie Pierre-Henri Deleau dans le bonus du DVD. Et pourtant rares sont ceux qui évoquent cet homme et son oeuvre passionnante de nos jours : voilà une belle énigme du cinéma français.

La dénonciation marque une rupture avec la légèreté deux premiers films du cinéaste, L'eau à la bouche et "Le coeur battant".

La dénonciation mélange le film noir, le dilemme kafkaïen et la réflexion politique. La mise en scène de Jacques Doniol-Vacroze, qui utilise parfaitement l'écran large et le noir et blanc dégage une grande élégance, assez proche des meilleurs films noirs. Le thème du faux-coupable cher à hitchcock, idole des "Cahiers", est habilement exploité, tant l'atmosphère est inquiétante, soutenue par la musique souvent funèbre de Georges Delerue.

Mais il s'agit avant tout d'une réflexion sur la culpabilité, la dénonciation et la mauvaise conscience. Le personnage principal pourrait dénoncer à bon escient des salauds, mais il se souvient que jadis il a dénoncé à tort des héros. Impossible donc pour lui de "balancer" une deuxième fois, bien que le contexte ait radicalement changé. Maurice Ronet est l'acteur idéal pour incarner cet être torturé par son passé et sa mauvaise conscience. Ce rôle tourmenté annonce de façon évidente le personnage qu'il incarnera un an plus tard dans Le feu follet de Louis Malle. Il est très bien entouré par la belle et talentueuse Françoise Brion.

La dénonciation a les défauts de ses qualités. L'ensemble est bien écrit mais un peu trop littéraire, notamment la voix-off très présente de Laurent Terzieff. C'est une oeuvre assez riche, mais qui part dans un peu trop de directions parfois contradictoires: polar et réflexion, déambulations "nouvelle vague" et aspects plus théâtraux (le duo de flics formé par Sacha Pitoeff et Michael Lonsdale), moments légers comme le strip-tease de Françoise Brion et moments plus graves. Qui trop embrasse mal étreint.

Malgré son manque d'unité, La dénonciation est un fort bon film qui mérite d'être plus connu.


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De Impétueux, le 10 mai 2020 à 10:01

Je ne vois pas trop la mauvaise conscience de Maurice Ronet dans Le feu follet : c'est un dégoût de la vie, le taedium vitae antique… Un rapport, toutefois : la présence (en filigrane, peut-être) de l'OAS…

Cela dit, je comparerais avec plaisir ; où avez-vous trouvé cette Dénonciation qui m'a l'air bien intéressante?


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De verdun, le 10 mai 2020 à 12:56
Note du film : 4/6

Je voulais dire que La dénonciation est à ma connaissance le premier rôle aussi sombre, aussi torturé de Ronet et ce, quelques mois avant le film de Louis Malle.

Ce n'est effectivement pas la mauvaise conscience que partagent le personnage de La dénonciation et Alain Leroy, mais plutôt un même aspect tourmenté, torturé…Une même résignation.

La denonciation est assez facilement trouvable en DVD.


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