Mais avec le temps, il est devenu culte auprès de certains cinéphiles. Ses admirateurs les plus illustres ont pour nom François Truffaut, Bertrand Tavernier ou encore Michelangelo Antonioni. Par ailleurs, le producteur Warren Steibel avait confié la réalisation à un jeune homme prometteur Martin Scorsese, viré au bout d'une semaine en raison de méthodes de travail peu compatibles avec le budget alloué. Cette anecdote ne pouvait qu'accroître la légende de ces tueurs.
Alors Les tueurs de la lune de miel mérite t-il le statut de "film culte" ? En grande partie oui.
A partir de l'histoire vraie d'un couple insolite, Ray Fernandez et Martha Beck, qui écume les Etats-Unis pour arnaquer voire tuer des femmes esseulées, Leonard Kastle a conçu un anti-Bonnie and Clyde souvent fascinant. De toute évidence, l'auteur a voulu prendre l'exact contre-pied de l'oeuvre de Arthur Penn. L'esthétique est crue, assez comparable à celle d'un film comme La nuit des morts-vivants, pour comparer avec une autre production indépendante à petit budget (115 000 dollars) de la même époque. Certains moments arrivent à instiller un vrai sentiment de malaise, sans grand-guignol inutile. Et surtout le couple d'acteurs, alors deux inconnus, est tout sauf glamour mais Shirley Stoler, infirmière obèse mal dans sa peu et Tony Lo Bianco, beau gosse gigolo, sont inoubliables, surtout elle, qui hélas n'a pas pu avoir d'autres rôles mémorables contrairement à son partenaire. Aucun romantisme dans ce couple atypique et dissemblable qui n'a aucune conscience de ce que sont le bien et le mal: Martha est d'une jalousie maladive et on se demande si leur relation est sincère, avant que la bouleversante dernière séquence ne mette les choses au point.Les tueurs de la lune de miel est d'autant plus puissant que le réalisateur s'abstient de juger ou d'accabler les deux protagonistes, les victimes ne se révélant pas plus attachantes que les bourreaux.
Hélas, si l'ambiance du film et ses interprètes sont admirables, ce n'est pas le cas pour le scénario. Les scènes sont répétitives, le rythme incertain et le film tourne en rond alors que la tension aurait dû monter crescendo. Sans doute est-ce ici la limite du cinéaste éphémère que fut Leonard Kastle.
Les tueurs de la lune de miel est donc un film culte mais pas un chef-d'oeuvre.
Les deux amants seront exécutés le 8 mars 1951.
Par rapport à l'histoire effective des deux tueurs, le film est plutôt affadi. Dans la réalité, le couple est réputé avoir zigouillé une vingtaine de femmes. Et la vraie Martha, avant même de rencontrer Raymond, avait connu une vie amoureuse mouvementée. Accusant son père et son frère de l'avoir violée enfant, elle avait collectionné les partenaires malgré (grâce à ?) son obésité maladive et avait eu deux enfants de deux pères différents, abandonnés aux bonnes œuvres de L'armée du Salut dès que son amant l'a captivée ; elle n'était pas infirmière chef dans un service important mais simple soignante dans un institut pour enfants handicapés. C'est-à-dire que le film se focalise, avec talent, au demeurant, sur la relation des deux amants et la fascination absolue de Martha envers l'homme qui incarne pour elle la passion absolue et la dépendance sexuelle.Autre qualité : il n'y a absolument aucune empathie possible pour les victimes, toutes idiotes, médiocres, avares, niaises, ridicules, exaspérantes. On n'ira pas jusqu'à dire qu'on n'est pas malheureux qu'elles soient éliminées (à tout le moins grugées, car toutes ne trépassent pas), mais enfin on n'en est pas loin.
En fait, Les tueurs de la lune de miel est le film de l'absolue médiocrité.
Intéressant. Ces deux points de vue d'Impétueux et Verdun donnent envie de voir le film, d'autant que je connais la peu connue Shirley Stoler, puisqu'elle fait face en officier nazi à Giancarlo Giannini dans la très noire comédie Pasqualino Settebellezze
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