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Forum : Valley of Love

Sujet : Sous le soleil exactement ...


De Nadine Mouk, le 21 juin 2017 à 06:15
Note du film : 2/6

Je me souviens avoir été furieuse de louper ce film à sa sortie, il y a deux ans, presque jour pour jour. Mais il n' y a pas que le cinéma. La bande annonce m'avait vraiment fascinée. Et puis la vallée de la mort est pour moi un souvenir resté ancré à jamais en moi. Un ami disparu m'avait fait promettre de répandre ses cendres au pied des dunes de Stovepipe Wells. Cette bande annonce, vue par le plus grand des hasards, avait réveillé bien des souvenirs. Et puis Depardieu, que j'idolâtre et Isabelle Huppert, l'égérie de Chabrol et actrice au potentiel énorme et largement prouvé, ça ne se refuse pas. Et voilà qu'en cette période de canicule, où il est plutôt conseillé de visionner La Marche de l'empereur ou Le voyage au Groenland, me tombe entre les mains le Dvd de Valley of love. Je m'empresse …

Et là….. J'avoue que je reste décontenancée, un rien déconfite et pour tout dire assez désorientée. Bien sûr Depardieu… Effectivement, Isabelle Huppert. La vallée de la mort sous une chaleur accablante avoisinant les 50°. Un vague rendez vous post-mortem avec leur fils suicidé, pourquoi pas. Ca peut, peut-être, le faire. Seulement, ça ne le fait pas du tout ! Parce que fallait-il réunir ces deux monstres sacrés et sacrés à raison, pour les entendre se plaindre tout le long du film qu'il fait chaud ? Qu'il n'y a pas de réseau pour les portables ? Qu'il fait chaud ? Que l'eau de la piscine doit être bonne ? Qu'il fait chaud ? Que de manger de la viande peut nuire à la santé et vive les végétariens ? Qu'il fait chaud ? Que Depardieu a grossi ? Qu'il fait chaud ? …. Alors bien sûr, ils sont plus que parfait tous les deux. La messe est dite. Sublimes ! Merveilleux ! Mais pourquoi faire ? Si les décors fastueux de la vallée de la mort, sûrement la région de Artist's Palette, ne sont pas admirablement filmés par Guillaume Nicloux, ce film ne vaut pas un pet de lapin ! Si tant est que l'on puisse trouver un lapin dans ce genre d'endroit. Je trouve ce scénario nul ! Ce rendez vous mystique qu'un fils évadé de la vie donne à ses parents divorcés, c'est d'un bobèche simpliste forcené. En passant, un arrière goût de croyance ou pas croyance nous est subrepticement glissé dans un coin du bulbe. Ca ne peut pas faire mal et ça comble le vide sidéral de cette épopée. Bof …

En attendant ce rendez vous qui l'agace, Depardieu suintant de transpiration par tous les pores de sa peau, promène son énorme ventre de droite et de gauche. Le quintal s'est déjà fait la malle sous d'autres kilos qu'il a cessé de compter depuis longtemps. C'est comme un handicap pour lui. De plus, il a tord de ne pas éviter le short. La canicule est vraiment inhumaine pour certains. Il hante littéralement, de jours comme de nuits aussi chaudes, le terrain autour de son hôtel où la climatisation est en panne. Un fantôme. Un énorme amas de barbaque transpirante. Alors on le suit…. Comme on le suit avec son ombrelle dans cette Valley of love, se plaignant de la chaleur (encore et encore et toujours !) , ne croyant décidement pas à ce funeste rendez-vous. Ca tient plus du documentaire ( comme Saint Amour ) que de la fiction . Il accompagne son ex-femme qui, elle, se plaint de démangeaisons, de plaques rouges sur les mollets. Leur conversation ne peut pas être plus plate. J'ai souvent pensé à ces reportages, ces marronniers, que l'on voit à la télé régulièrement, dès les premiers beaux jours venus quand les journalistes se précipitent : "- Alors, vous profitez du soleil ? Ah oui, il fait bon, il faut en profiter …-" . C'est ça, Valley of love . A la différence près que dans les Marronniers, c'est M. et Mme Michu, chers à Vincentp, qui n'ont rien à dire . Là, c'est la gent cinématographique prémium, nominée huit fois au Festival de Cannes qui s'emmerde sous nos yeux qui s'endorment .

Pourtant, je redis qu'ils sont grandioses tous les deux. On se plait à les regarder vivre, saturés de talent. Mais Valley of love , c'est une flamboyante Ferrari qui resterait au garage… Alors oui, on peut penser que nous avons affaire à des parents coupables, ne l'avouent-ils pas tous deux ? Ils disent leur culpabilité, avant que de se dépêcher de se replaindre de la chaleur. Mais c'est tellement mièvre ! Ils ne sont pas toujours d'accord, entre deux rapprochements inévitables, mais c'est tellement facile ! Et Isabelle Huppert ne relance jamais "le truc". Elle a rendez vous avec le fantôme de son fils mort comme d'autres avec leur bus. Le film nous donne vraiment , me semble t-il, le minimum syndical et encore en cherchant bien . Heureusement qu'il y a cette vallée de la mort , merveilleusement photographiée. Le héros du film, c'est elle à coup sûr ! On y a tourné beaucoup de films dans cette vallée : d'abord le légendaire Zabriskie Point, le mythique Fils du désert, Les Professionnels ou encore Les mines du roi Salomon. Que des films (et j'en oublie) où il se passait quelque chose et c'est un doux euphémisme. Mais là, c'est le décor qui nous montre les "héros" et non l'inverse. La lumière écrasante, la chaleur étouffante, obsédante, qui torture Depardieu et qui semble mieux glisser sur la frêle Huppert, sont en fin de compte, les vraies têtes d'affiche de cette oeuvre.

Une oeuvre qui m'a profondément déçue. Mais ai-je bien tout saisi de ce "reportage" bizarre ? Ai-je su aller comprendre les choses cachées derrière les choses ? Les ai-je bien écouté, entendu, tous les deux ? Serais-je passée à côté d'un sublime trop bien caché pour mes petits neurones ? Aurais-je occulté un essentiel divin ? Je ne sais. Il faisait si chaud ! Demandez leur…


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