Voilà un film, capté par hasard sur une chaîne périphérique, qui n'a pas que des défauts, offre même quelques moments fort intéressants et un rythme souvent haletant. Il ne tient malheureusement pas la distance. La première heure, excellente, est un peu effacée dans mon esprit, par la seconde, d'une certaine banalité. La deuxième partie, bâtie avec des poursuites automobiles et des tolchoques diverses présente en plus quelques morceaux de bravoure convenus, comme cette longue séquence où le héros échappe à plusieurs hommes de main dans le trafic infernal d'une autoroute urbaine ; c'est spectaculaire et vain comme une scène à peu près analogue dans le regrettable Ne le dis à personne.
Will accepte, après hésitation. Naturellement, et comme on le conçoit d'évidence, le piège se referme sur lui : il devient inévitablement l'obligé et le complice d'un groupe de justiciers qui estiment que la loi et l'ordre ne sont pas assurés de façon assez stricte et que les malandrins s'en sortent beaucoup trop souvent. On songe à L'inspecteur Harry, paralysé par les arguties juridiques d'habiles avocats et les mollesses complices des pouvoirs publics. Et d'ailleurs, après tout, qu'on dézingue de façon un peu expéditive et brutale quelques pédophiles et prédateurs sexuels, ça n'apparaît pas être une grande perte pour le reste de l'Humanité.
C'est là que le film se gâte, lorsque le timide, bienveillant, démocrate Will, amateur de jeu d'échecs et fermement opposé à la détention d'armes individuelles devient, par la force des choses, une sorte de loup solitaire invulnérable et agressif, bête fauve qui se débarrasse avec impétuosité et sans scrupules de tout ce qui traîne sur son chemin. Par une suite de coïncidences, de retournements de situations, de révélations effarantes et d'heureux hasards, après un bain de sang spectaculaire, le prof un peu bobo règle le compte de l’organisation. Du moins en surface.
Car pour une fois, l'ambiguïté de la fin du film rehausse le niveau : c'est Laura, l'épouse violée, qui, de pacifique qu'elle était, a acheté une arme et s'est entraînée dans un stand qui sauve Will ; plaidoyer pour la National Riffle Association ? Va savoir ! D'autant que la dernière réplique ne gâche rien. Le hibou ravi jubile. En tout cas jubile toujours.
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