Forcément, en redécouvrant Codine d'Henri Colpi
quarante ans après sa sortie, on songe aux films d'Emir Kusturica
et notamment à Chat noir, chat blanc
qui se passe lui aussi le long de l'immense Danube, long paysage civilisationnel qui transcende même les différences entre les Serbes, Slaves du Sud (Yougo-Slaves) et les Roumains, Latins mâtinés de Byzantins. Dans l'une et l'autre culture, il y a de la violence, de la mélancolie, de la folie mélodieuse, de la passion, un certain mépris des règles. Et puis de la poussière, des masures qui tiennent debout on ne sait comment, des animaux qui courent partout, des superstitions invraisemblables, de la cruauté. Et encore, et beaucoup, la mort qui rode ici et là.
Comme chez Kusturica, le grotesque côtoie le sordide. Un soupirant trop téméraire d'Irène, maîtresse de Codine, lui roucoule une sérénade ; survient Codine qui contraint sous la menace le gommeux de se dénuder sous les ricanements complices de tout le quartier. Et brusquement un des rieurs s'effondre : c'est le choléra. Comme dans Le hussard sur le toit,
les gens sont saisis de tétanie, vomissent le riz au lait, si abondamment décrit par Jean Giono,
la quarantaine est instituée. et Codine sauve Zoitza, la mère d'Adrien, envahie par la maladie, en frottant son corps nu d'alcool comme Angelo le fait à Pauline de Théus.
Beau film grave, peut-être un peu lent, mais jamais lourd ni ennuyeux. Curieux destin de son réalisateur, Henri Colpi qu'un supplément présente un peu amer d'une carrière parcimonieuse qui n'a jamais vraiment décollé, alors qu'elle a été couronnée de prix (Palme d'or à Cannes en 1961 à égalité avec Viridiana
de Bunuel
pour Une aussi longue absence
(qui avait reçu le prix Louis Delluc l'année précédente pour le même film), Prix du scénario, à Cannes encore, (pour Codine)
ou reçu un certain succès public et critique (Heureux qui comme Ulysse,
dernier film de Fernandel).
Il y a des gens qui ont un tout petit temps d'avance ou de retard…
"Curieux destin de son réalisateur, Henri Colpi qu'un supplément présente un peu amer d'une carrière parcimonieuse qui n'a jamais vraiment décollé, alors qu'elle a été couronnée de prix (Palme d'or à Cannes en 1961 à égalité avec Viridiana de Bunuel pour Une aussi longue absence (qui avait reçu le prix Louis Delluc l'année précédente pour le même film), Prix du scénario, à Cannes encore, (pour Codine) ou reçu un certain succès public et critique (Heureux qui comme Ulysse, dernier film de Fernandel). Il y a des gens qui ont un tout petit temps d'avance ou de retard…"
Vous avez raison, et pour beaucoup (dont votre serviteur), Colpi est avant tout le co-réalisateur d'une mémorable adaptation de L'île mystérieuse
pour la télévision en 1973, rediffusée à de nombreuses reprises par la suite.
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