Un scénario plutôt moyen (thématique limitée, arguments discutables -le discours pro-pétrolier prête à sourire-, des clichés, des bavardages inutiles) limitent la portée de Thunder bay. Mais l'interprétation, le casting, la photographie et la mise en scène rendent ce film réalisé par Anthony Mann
plaisant et intéressant. J'ai apprécié les plans suivant les déplacements sur la plate-forme, par exemple. Egalement les relations entre Stewart,
Duryea, Joanne Dru, très bien construites et filmées.
La photographie de Joanne Dru insérée ci-dessus montre par exemple parfaitement le ressenti du personnage à un instant clé, tout en nuances, exprimant surprise et émotion intériorisée. Les personnages, tous ambigus, possèdent une épaisseur psychologique et sont intéressants à suivre. Le port des passions (1953) n'est pas la catastrophe mentionnée sur un site internet concurrent, loin de là. Ce n'est pas un film que j'oublierais rapidement pour ma part. A voir pour se faire son propre avis.
Mais si ce n'est pas le titre de Mann à proposer aux néophytes, le technicolor est de toute beauté, les acteurs impeccables, les scènes d'action bien menées.
Ceci réussit à en faire un divertissement agréable, qui a le parfum suranné des films que proposait Eddy Mitchell
dans sa mythique émission télé La dernière séance.
Mais ce qui rend le film franchement savoureux est la dimension politiquement incorrecte qu'il a pu acquérir avec le temps: les gentils sont ceux qui veulent exploiter le pétrole, les méchants sont ceux qui veulent préserver l'écosystème. Un vrai document que cet hymne au capitalisme tourné bien avant que les préoccupations écologiques n'occupent le devant de la scène.
Ce n'est pas pour conforter mes certitudes que j'ai regardé Le port des passions, film qui m'est tombé sous la main, qui est une de ces productions répétitives qu'Hollywood dispensait à grandes enjambées aux beaux temps du plan Marshall et de l'esclavage idéologique étasunien. Esclavage qui a d'ailleurs repris aujourd'hui toute sa puissance après la trop brève parenthèse gaullienne (pompidolienne, mitterrandienne) et qui n'est pas près de disparaître.
C'est cela, Hollywood qu'on aime, à tout le moins qu'on a aimé : des pionniers un peu cinglés qui poursuivent des rêves, moins pour gagner plein de sous que pour accomplir leur destin, pour ouvrir leur existence. Brusquer la chance, aller voir plus loin si l'herbe est plus verte, se pencher sur des horizons inouïs.
Bon ; je m'exalte un peu à propos d'un film assez médiocre, finalement, où Steve Martin (James Stewart)Ce n'est pas désagréable, mais c'est tellement prévisible qu'on est amené à attendre la fin. Qui survient, à la satisfaction générale, au bout d'une heure quarante.
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