Il apparaissait au détour d'un plan, et il nous semblait l'avoir toujours connu. Frêle comme le roseau et bien-pensant de même, ce petit homme eut une carrière des plus prolifiques avec les plus grands. De par son goût prononcé pour le cinéma Italien, il côtoya Luigi Comencini, Alberto Sordi, Franco Rossi ou encore Marco Bellocchio. Il devint l'ami intime de Luchino Visconti. Il tourna dans le monde entier. Dans plus de cent films et cent pays, laissant derrière lui le souvenir d'un brave artisan du septième art. Depuis l'âge de 28 ans et ce jusqu'à 86, il arpenta de son pas timide moult plateaux de cinéma, de télévision et de théâtre. William Shakespeare, Jean Anouilh, Ionesco lui sont redevables de leur notoriété. Comme bien des auteurs plus modestes qu'il fit grimper au firmament de part son talent. Car il en avait, du talent, le petit homme. Xavier Beauvois le savait, lui qui partit le chercher au fin fond de l'Allemagne où il résidait provisoirement chez un ami, pour lui offrir le rôle d'Amédée pour Des hommes et des dieux. Ce sera, pour celui qui avait tant donné au cinéma, toujours en retrait, un de ses derniers rôles. Il restera une de ces figures dont peu de gens connaissaient le nom mais appréciaient la présence et le jeu subtil. Très humble sans cesser d'être élégant, dans tous les sens du terme, il fit honneur au monde du spectacle sous toutes ses formes. Son visage émacié et son regard perçant donnaient l'allure, le ton juste et la vérité aux personnages qu'il incarnait.

Jacques Herlin, cette timidité du septième art, nous a quitté, hier, à l'âge où des dieux ordonnent aux Hommes : " – Coupez !" .. Tamatoa