René Le Somptier (1884-1950) naît dans une famille d'antiquaires, avec un père Conseiller municipal à Caen, où il fait des études de droit qui ne le disposent pas au cinéma. Suivant la direction de son père, il s'intéresse à la politique et publie quelques articles dès 1906 dans L'Action française et L'Œuvre. C'est un ancien camarade de lycée, fondateur de la société Cosmograph qui lui propose de faire ses premières armes dans le 7e art : Poum à la chasse est son premier film, dans lequel il met en scène son père. L'année suivante, il s'inscrit dans une association de républicains normands de gauche, la « Ligue des bleus de Normandie » dont il deviendra président en 1946. Le personnage est idéaliste, pamphlétaire, empreint de passions socialisantes. Son cinéma, pourtant, ne traduit pas spécialement ces intentions. Chez les cinéastes et théoriciens de l'avant-garde des années vingt, il passe pour un cinéaste académique, un « bon artisan ». Cependant, à travers certains scénarios, on retrouve parfois une fidélité à ses idéaux. À l'instar de quelques confrères, il est mobilisé à la guerre de 1914, blessé gravement et réformé : il se consacre alors en totalité au cinéma et tourne de nombreuses courtes bandes avant de devenir en 1918 l'un des proches de Louis Nalpas qui lui confie la réalisation de son film le plus célèbre : La sultane de l'amour, « conte inédit des mille et une nuits », est sans aucun doute l'œuvre la plus ambitieuse de la firme Louis Nalpas. Tourné dans les magnifiques domaines de la villa Lisserb à Nice en juin 1918, avec des moyens très importants, le film n'obtint qu'un succès public modéré. Le film fut présenté en deux parties en 1919 et une réédition eu lieu en 1923, coloriée au pochoir, dans une version plus courte. Mais René le Somptier découvre aussi le théâtre : en 1920, il écrit et met en scène des pièces en théâtre de verdure. Après la Croisade (1919), évocation cruelle de la Grande Guerre, ce sont la Montée vers l'Acropole (1921), un drame de la justice, la Bête traquée (1921), tragédie qui se déroule dans les décors boisés d'Île de France, est solide, concis et subtile. Quant à la porteuse de pain (1922), c'est ici une adaptation conventionnelle tout comme la Dame de Monsoreau (1923) qui narre les aventures amoureuses de Diane de Méridor et du comte de Bussy à l'époque d'Henri III, roi de France et de Navarre. En 1924, Le Somptier est nommé pendant deux ans chargé de missions cinématographiques au Maroc, puis au Gabon, en Oubanghi et au Tchad. Trois films sont issus de cette période : les Terres d'or, la Marche vers le soleil et les Fils du soleil. Ce dernier film, qui emprunte la voie du cinéma de propagande coloniale soutenue par l'État français et le maréchal Lyautey, est toutefois interdit plus d'un an : le film, interprété par Joë Hamman, Georges Charlia et tourné dans l'Atlas, à Rabat, Meknès et Fès ne correspond pas à l'image que l'on attendait. Mais ce western colonial est un triomphe public grâce au ton romanesque de l'histoire, aux coutumes présentées, au prestige de la figuration et aux décors remarquablement bien utilisés. La Forêt qui tue, film belge de 1925, l'un des rares films français traitant de la période du Moyen-âge, est vite oublié au profit du P'tit parigot . Constitué d'une série de sketches inspirés des serials américains, avec l'apport d'Henri Decoin au scénario, le film est un mélange de genres détonnant, une peinture de la modernité des années vingt. Avec aisance, René Le Somptier passe d'un thème à l'autre, et obtient de jolis succès publics. Ce sera son dernier film de fiction muet. Il tournera en 1928 La Légende du moulin joli, historiette sans distinction, puis opte définitivement pour la politique en 1929. Très proche d'Aristide Briand, il entre dans les années trente au cabinet du ministre de la guerre, avant de s'occuper d'éducation physique. Il est ensuite chargé d'une mission cinématographique par le truchement de l'Agence de l'Afrique Équatoriale française. Mais il écrit toujours des scénarios, tous restés inédits. En 1937, il réalise son dernier film à la demande du Ministère de la marine, Le Dernier conte de Shéhérazade. Il s'agit d'un court métrage sur l'exposition internationale de 1937. En 1939, René Le Somptier est appelé pour diriger une légion de travailleurs indochinois, puis passe de poudrière en poudrière jusqu'à la fin de la guerre. Pendant cette période, il crée un journal, forme une troupe théâtrale de tonkinois, écrit des chansons pour remonter le moral des troupes. Il revient au journalisme de ses débuts pour collaborer à Sud-Ouest et à L'Aurore. Il y écrit sur le théâtre, le cinéma, les arts. Il meurt en 1950 à 66 ans. Référence électronique Référence électronique « L », 1895, n°33, Dictionnaire du cinéma français des années vingt, 2001, En ligne, mis en ligne le 26 juin 2006. URL : http://1895.revues.org/document96.html. Consulté le 01 novembre 2008. La Filmographie suivante est normalement complète (sources imdb, les gens du cinéma, catalogue des films français) |
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