Il faut donc que tout cela aille à l'affrontement violent et direct. On peut passer sur les péripéties qui conduisent à la victoire de la Morale sur l'Abjection, au fond d'un bayou qu'on devine poisseux, caniculaire et truffé de moustiques. Mais on devine tout de même que la respectable famille Bowden portera longtemps, inscrite au plus profond d'elle et de ses non-dits, le souvenir terrifiant de l'émergence, dans son train-train paisible bourgeois, de la haine à l'état pur.
Robert Mitchum domine de la tête et des épaules la distribution ; il y a une séquence où, coiffé d'un chapeau et vêtu d'un maillot rayé, il fait irrésistiblement songer au Freddy Krueger des Griffes de la nuit, qui est une des plus belles créatures nocturnes et terrifiantes créées depuis un demi-siècle. À son contact Gregory Peck se contente du minimum et les autres notoriétés de la distribution, Martin Balsam ou Telly Savalas font le job sans fioritures. Un bon film à scénario un peu prévisible, mais très bien rythmé.Ce harcèlement moral, déversé diaboliquement par une entité au sang froid sur tout un processus "protecteur" incapable de rebondir devant les piqûres démoniaques incessantes d’un seul homme envers un autre est terrifiant.
Cette guerre des nerfs démontre les faiblesses d’un encadrement manipulé par les agissements lucides et calculés d’un être pervers conscient de sa force de destruction.
Une bête féroce ivre de vengeance s’avère beaucoup plus efficace et dangereuse que tout un encadrement citoyen en plein doute, dépourvu de textes punitifs, abandonnant une proie et sa famille aux déchaînements d’un personnage incontrôlé.
Une contradiction violente et isolée narguant un protectionnisme juridiquement correct mais inefficace sur le terrain offrant à ses intégrés une jolie femme, de beaux enfants, une belle maison et un joli bateau dans un univers chaleureux.
Toutes ces récompenses sont remises en question par une face obscure, démoniaque, exclue d’un système secrètement convoité par un être revanchard que l’on ne pensait jamais retrouver bien au chaud dans un cocon protecteur.
Les nerfs à vif expose les contraintes d’un citoyen honnête et respecté, abandonné par toutes les enseignes protectrices de son environnement, encaisser puis rendre en solitaire les coups face à un être pervers, terriblement efficace, contournant avec délices les faibles ripostes qu’il reçoit de la part d'un système complètement dépassé devant sa détermination.
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