Accueil
Voici les derniers messages de ce forum :

Avis


De vincentp, le 8 avril 2012 à 08:25
Note du film : 6/6


Il est difficile de commenter ce film de Cassavetes tellement il est hors-norme.

Meurtre d'un bookmaker chinois se caractérise par un refus presque total de suivre les conventions du cinéma hollywoodien. Par exemple, le thème musical, très réussi, utilisé dans les premières séquences est abandonné rapidement, Cassavetes préférant mettre en avant les numéraux musicaux -assez pitoyables- du club de nuit de son personnage principal. La construction du récit est également hors-norme : une intrigue de polar étant encastrée entre des séquences à visées sociales et psychologiques, à la fois décousues et débridées (des personnages dérivant dans tous les sens, risquant de faire achopper le récit ). Il y a clairement ici le refus de céder à certaines facilités permettant de construire un cinéma brillant et commercialement rentable.

Les idées développées par Cassavetes dans ce long-métrage sont par ailleurs anti-hollywoodiennes par excellence : refus de l'héroïsme (le courageux Cosmo Vitelli -formidable Ben Gazzara- préférant fuir face au tueur lancé à ses trousses), du culte de la réussite et de l'argent.

On retrouve le style du metteur en scène, suivant pas à pas les pensées et actes (parfois sages, parfois hystériques) de personnages de la vie ordinaire, pour décrypter leurs motivations, et les relations qu'ils nouent avec leur cadre social. Un portrait de la société californienne est esquissé : des communautés ethniques luttant pour la survie, ou pour une suprématie de territoire, complètement coupés des institutions.

Cassavetes respecte toutefois les règles de base du cinéma pour produire un spectacle (relativement) accessible et digeste. La forme et le fond de son oeuvre, qui laisse une part à l'improvisation des acteurs, sont réfléchis et élaborés dans les moindres détails (la photographie, le montage,…). La mise en scène des séquences d'action est tout simplement magistrale, et laisse supposer que Cassavetes -s'il l'avait voulu- aurait pu être un réalisateur de blockbusters.

Du très, très grand cinéma indépendant -d'esprit- et très innovant : Cassavetes fut aux années 1960-1970 ce que Orson Welles fut aux années 1940-1950 !


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.0020 s. - 6 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter