Il semble que "LES AMOURS CELEBRES" de Michel Boisron aient été édités chez René Château. Le seul document qui le mentionne est une offre en promo pour un prix normal de 19,90 e. Je n'ai pas poussé l'investigation plus avant et j'ignore si cette édition est récente. Mais peu importe, je vais tenter de l'acquérir. J'en profite pour inciter les amateurs de comédie et de dialogues brillants d'y souscrire également. Mais chacun fera comme il veut !Il est mentionné "drame" sur la page technique de DVDT. Il y a deux sketchs plus graves, "Jenny La Cour" (dialogué par Françoise Giroux) et "Agnès Bernauer" dont le texte est de Prévert, l'un et l'autre plus proche du drame, il est vrai.

"Jenny…" laisse poindre un peu d'humour dans ce volet avec Pierre Vaneck et Simone Signoret. L'autre, en revanche, est dramatique dans les deux sens du mot : son sujet, et sa réalisation épaisse et faiblarde. Même Brigitte Bardot et Alain Delon – un couple en or – ne parviennent pas, il me semble, à évacuer la lourdeur du propos. On peut être, bien entendu, d'un avis différent. Encore eût-il convenu que vous le vissiez…

Mes les deux autres volets, le premier et le quatrième, sont amusant et pittoresque pour le premier (Marcel Achard aux dialogues), savoureux, rythmé et vachard pour celui qui clôt le film à la manière d'un feu d'artifice, "Les comédiennes" signé Michel Audiard.

On peut se laisser tenter, même chez R.Château, dont on connait les méthodes, sans chapîtres, ni suppléments. Dommage !

LES AMOURS CELEBRES (Michel BOISRON 1961)

Il me semblait possible qu'un DVD fut déjà édité, et en regardant dans d'autres sites, il semble que seule une édition VHS ait été faite, et sans doute ancienne en raison de la quasi disparition du support (d'aucuns disent format).

Et pourtant la séduction de ce film, souvent inégal, est sans discussion. Constitué de quatre sketchs inspirés d'une bande dessinée parue jadis dans le défunt France-soir, il avait pour lui des auteurs très attirants, un scénario de France Roche, et quatre dialoguistes que l'on a aujourd'hui de bonnes raisons de regretter. S'il convenait de compléter en faisant mention de la distribution, l'on aurait la surprise d'y trouver quelque chose d'exceptionnel : Alain Delon, Brigitte Bardot, Pierre Brasseur, Dany Robin, Jean-Claude Brialy, Simone Signoret, Pierre Vaneck, Annie Girardot, Edwige Feuillière, Jean Desailly, et un certain nombre d'autres comédiens de talent, dont les noms m'échappent.

Les amours "célèbres" comme l'indique le titre, étaient fort relatifs. Le choix en avait sans doute été dicté par de possibles collaborations de comédiens appropriés, et les ressources scénographiques et dramatiques des sujets. Le sketch de Louis XIV et de Madame de Monaco, s'articule autour d'une maîtresse qui fut un météore, le temps d'un pas de danse avec le Roi Soleil, entre Louise de La Vallière, déjà pratiquement en disgrâce et qui faisait ses premiers pas vers le Carmel, et la triomphante Montespan qui semblait vouloir l'y pousser plus vite encore. Madame de Monaco n'entre pas vraiment parmi les plus célèbres des favorites du roi, mais elle offre dans le film une très amusante comédie, un soupçon vaudevillesque sur un texte très drôle de Marcel Achard. Il est plaisant de voir et d'entendre la favorite de quelques mois, dans l'impossibilité d'entrer dans le particulier du roi, parce Lauzun a planqué la clé ! Le dialogue, au travers de la porte, sur le palier, est irrésistible. Le deuxième sketch, "Agnès Bernauer" reprend un récit médiéval, au cours duquel une fille de barbier séduit et épouse le Duc de Witellsbach. Condamné comme sorcière, elle est noyée dans le fleuve, et le jeune duc meure en tentant de la sauver. Brigitte Bardot y était flamboyante, mais le sketch péchait par une pesante pesanteur… En dépit des dialogues de Prévert qui se laissait aller à quelques "mots" croustillants :" Elle à tout pour elle !" déclare la margravine. "C'est trop, pour une fille de rien !" rétorque le grand Duc !

Plus habile étaient les deux autres sketchs : Pierre Vaneck et Simone Signoret partageaient l'histoire de Jenny La Cour, ex- maîtresse de Napoléon III, devenue simple demi-mondaine qui vitriole son amant pour qu'il ne puisse voir les autres femmes. Elle sera sévèrement punie… malgré les dialogues séduisants de François Giroux qui y participeront avec délices ! L'ensemble du film se termine sur une époustouflante comédie de caractères entre deux monstres sacrés du Directoire "Les Comédiennes", la Raucours (E.Feuillères) et la Duchesnoy (A.Girardot) qui s'entredéchirent les faveurs d'un personnage titré et richisisme, alors que, l'air de rien, Melle George (Marie Laforêt), les met d'accord et part avec le duc… Cela nous vaut une jolie réplique de fin : les deux femmes dépitées se rapprochent, et Feuillière dit à Girardot " J'avais prévu un petit souper, caviar, salade, poulet froid… Voulez-vous le partager ?" et l'autre de répondre d'un ton vachard, en regardant le duc s'éloigner :"Oui la ma chère, j'accepte. D'autant plus, vous le savez, qu'il n'y a pas que le poulet qui se mange froid !…". Michel Audiard avait ciselées des répliques fracassantes, soutenues par un montage très vif. Le Scope et la couleur étaient au rendez-vous avec brio.

Cette comédie fut l'un des films qui furent très certainement influencé par le "Si Versailles m'était conté" du grand Guitry. Peu de rapport entre les deux, sauf une distribution étonnante, un sens du rythme et du clin d'oeil qui y fait penser. Le producteur, Gilbert Bokanovski fut celui de "Versailles" et joua à deux reprises le personnage de Louis XVI sous le nom de Gilbert BOKA, dans "Versailles" et "Paris". Des nostalgies, dix après, l'avaient-il saisi devant un tel scénario et les promesse d'un "casting" – comme l'on dit aujourd'hui – aussi séduisant ? On peut le penser. Alors pensons-le !