"Distanciation" selon Dumbledore via la mise en scène. Cet aspect est également porté par les prises de vue (vues en plongées sur la baie de San Fransisco). Par le scénario également car on s'approche de personnages (comme l'infirmière), pour ensuite s'en éloigner. Cet aspect de distanciation est étroitement lié à l'activité professionnelle du personnage principal. L'idée est sans doute de montrer le déphasage entre les individus et le système politique et social. Tout ceci contribue à créer un long-métrage étrange et décalé.

Tueur d'élite est de mon point de vue un excellent long-métrage, sur la perte de repères et la remise en question d'un modèle social, tout à fait dans le moule du cinéma hollywoodien des années 1970 : le propos fait penser à celui de Cassavetes (conversations à bâtons rompus de la part de gens ordinaires sur tout type de sujet) et de Robert Altman. Les personnages de cette histoire (James Caan et ses deux acolytes) sont des marginaux agissant pour une cause difficilement discernable, sans attaches sociales ou familiales, se rattachant simplement à leur amitié commune.

Le décor final du cimetière militaire marin, plongé dans une lumière intense, est hautement symbolique : le système politique et économique des Etats-Unis produit des rebuts étranges, dessinant une atmosphère de fin de monde. La multiplication des lieux de tournage extérieurs montrant la ville de San Francisco sous un aspect insolite, la mise en scène de Peckinpah, la direction d'acteurs, la photographie, les aspects sonores, créent une oeuvre de grande qualité, décalée, destinée aux amateurs du cinéma de Peckinpah et du hollywood des années 1970.