Peter O Toole – Kenri II d'Angleterre – y est excellent, en ogre-roi au regard halluciné. Katharine Hepburn y incarne sa femme tant aimée et détestée Alienor d'Aquitaine, manipulatrice, mère indigne entretenant avec son fils Richard Cœur de Lion (étonnant Anthony Hopkins !) les rapports pervers qu'elle entretenait déjà avec son fils Sébastien dans le sulfureux Soudain, l'été dernier de Mankiewicz d'après Tennessee Williams. Et le jeune Timothy Dalton en roi de France Philippe le hardi, tour à tour séducteur et retors, nous montre qu'il peut jouer autre chose que James Bond…

Personne ne mâche ses mots dans ce Moyen-Age hivernal cruel ou chacun se repaît des souffrances des autres. L'amour-haine de Henri et Alienor les tient plus éveillés et combatifs que les transports amoureux qui sont habituellement le lot des films sur le Moyen-Age.

Aucun des protagoniste n'est un modèle de vertu et pour une fois, l'homosexualité de Richard Cœur de Lion n'est pas dissimulée. On comprend mieux soudain pourquoi le père d'Ivanhoé (version de 1951) en voulait à son fils d'avoir suivi son roi aux croisades et, une fois celui-ci fait prisonnier, de le chercher, déguisé en ménestrél, en chantant :"Mon cœur était un lion, il est dans les chaînes, et par le monde je vais chantant ma peine, cherchant mon cœur à l'horizon…"

C'est qu'Hollywood, pour nous donner de beaux spectacles, a tendance à lisser bien des choses. Ca n'est pas le cas dans Un lion en hiver :

"Nous sommes des créatures de la jungle. Nous voyons les yeux des autres fauves briller dans la pénombre tout autour de nous. Et eux, ils voient les nôtres !"

Le tout sur une musique à l'atmosphère médiévale mystérieuse signée signée John Barry.

Les dialogues sont superbes, il faut dire que le film est tiré d'une pièce de théâtre. Les amateurs de longs combats à l'épée et de dialogues réduits risquent donc de s'ennuyer, mais tant mieux pour les autres !