5,4/6. Peut-être situé sur un plan qualitatif en-deçà de la version flamboyante et totalement géniale réalisée par Douglas Sirk vingt ans plus tard, ce Magnificent obsession (1935) est néanmoins de mon point de vue une grande réussite artistique. La transformation physique et mentale de Robert Taylor (fantastique) est extrêmement bien gérée. La sobriété de la mise en scène de John M. Stahl arrive à nous faire croire en cette histoire tirée par les cheveux. Des idées subtiles et efficaces de mise en scène comme ce premier gros plan sur le visage de Taylor à la 23° minute. Cette histoire est aussi et surtout très bien racontée, développe une thématique fort intéressante, et est porteuse d'une émotion intense. Franz Waxman compose une musique sobre et efficace, appuyant parfaitement le propos des auteurs.

En 1935, Taylor a alors 24 ans, et il s'agit de son premier rôle important. On parle peu de cet acteur aujourd'hui, mais sa filmographie est impressionnante et truffée de rôles mémorables (Ivanhoe, La porte du diable, La dernière chasse, Traquenard, Quo Vadis ?, Convoi de femmes, Lame de fond,…). Il fait penser au vertueux James Stewart mais est capable d'endosser également les habits d'un individu trouble. Un des très grands acteurs de l'âge d'or hollywoodien, incontestablement. Encore un acteur à qui le cinéma doit beaucoup. Taylor est malheureusement décédé précocement en 1969 à l'âge de 57 ans (cancer du poumon). Irene Dunne est également une actrice de grand talent, ses meilleurs performances étant plutôt concentrées sur la période 1935-1940 (Mon épouse favorite, Elle et lui, Cette sacrée vérité,Veillée d'amour, et ce présent Magnificent obsession…).