Dans la riche palette de nullités commises par
Jean Rollin
voilà un film qui récolte le pompon ; il est malheureux qu'il ne soit pas possible de mettre à ce genre de film une note inférieure à zéro, mais j'aurais bien aimé. Il est vrai qu'il faut avoir un peu de jugeote et de distance : on ne distribue pas les notes en fonction de la qualité intrinsèque du réalisateur, bien plutôt grâce à une échelle interne qui situe, les uns par rapport aux autres, les films réalisés dans une même structure. Pour être bien clair, je ne dresse pas en ordre les films que j'ai vus de
Jean Rollin
et ceux de
Jacques Becker
ou de
Julien Duvivier
: vraiment là, on ne joue pas dans la même catégorie.
L'absurdité du récit, d'abord, est pourtant passablement attirante ; ceci même si l'on sait bien que
Jean Rollin
ne fait jais trop attention à la cohérence de ses récits. Voilà que deux jeunes filles, Marie (
Marie-Pierre Castel) et Michèle (
Mireille Dargent) qui étaient placées dans une maison de correction, parviennent à s'en évader, lors d'une fête costumée, l'une et l'autre déguisées en clowns. On ne voit pas très bien ce qu'apporte cet accoutrement et on ne voit pas non plus pourquoi ce sont deux jeunes délinquantes :
Rollin
fait n'importe quoi, comme d'habitude.
Les deux jeunes filles se réfugient dans le château austère et agressif; elles ne tardent évidemment pas de constater qu'il est infesté de créatures étranges. Dès lors – et c'est bien la mauvaise qualité du film – elles ne vont cesser d'errer dans les couloirs de la grande maison avec quelques incartades dans le cimetière ; qui, comme tous les cimetières du genre, au demeurant, présente les identiques modèles du genre : ciels gris, vents hargneux, grilles qui grincent, tombes affaissées, portails démolis, hululement d’oiseaux fatidiques qui surgissent entre les tombes…
Comme d'habitude la brume envahit les sépultures où Michèle manque d'être ensevelie vivante ; comme d'habitude elle est sauvée par Marie.
Sans queue ni tête, on apprend aux deux jeunes filles qu'elles vont bénéficier de l'insigne honneur d'être admises au sein de la famille vampire, que dirige, en vieux maître puissant, las et sceptique, le Maître (Michel Delesalle), assisté par la cruelle Érika (Dominique).
Jean Rollin,
qui avait eu ici et là, quelques idées sympathiques aux amateurs de cinéma marginal, atteint ici la limite de son inspiration; avouons-le, on en a marre. Ce qui n'empêchera pas qu'on en revoit quelques autres. L'homme est une étrange machine imbécile. Moi le premier.